Standards, chorégraphie de Pierre Rigal
Standards chorégraphie de Pierre Rigal
«Quand on se demande pourquoi certains sont prêts à tuer pour des frontières, des croyances, ou des symboles, on dessine des p’tits bonshommes», n°1178 de Charlie Hebdo, du 14 janvier 2015, un journal de résistance à la connerie humaine.
Pierre Rigal, qui questionne ici la notion d’identité, lui, ne dessine pas, mais réalise une chorégraphie pour des artistes qui dansent sur la projection, au sol, du drapeau tricolore. Pendant une heure, huit danseurs de hip-hop ont l’emblème français comme paysage de jeu. Le spectacle, créé en 2012, prend, bien sûr, une autre dimension aujourd’hui, puisqu’il aborde, à partir d’un symbole collectif, la question d’une vision commune selon des standards communs: celle de l’appartenance à une nation avec le devoir se conformer à ses règles, nation fondée sur l’idée de liberté, et que des extrémistes religieux cherchent à détruire.
Le spectacle est repris dans un lieu significatif: le Musée de l’histoire de l’immigration, ouvert en 2007, anciennement Musée des colonies, qui avait été inauguré en 1931 pour l’Exposition coloniale, et dont les fresques de l’imposante salle des fêtes illustrent la mission «civilisatrice» de la France.
Dans une première partie, les danseurs cherchent, individuellement ou collectivement, à s’extraire de ce rectangle au sol, qui les bride et suivent, avec minutie, le rythme de la musique originale de Nihil Bordures. Puis, ils vont changer leurs repères de jeu, et utilisent séparément les trois morceaux de tapis de danse constituant le drapeau tricolore. Ils s’enroulent dedans, s’amusent avec, forment des sculptures mouvantes avec précision, et créent des figures d’une belle poésie.
Pierre Rigal propose ici un travail exigeant, avec une multitudes d’images que chacun peut interpréter à sa façon, notamment quant au sens et à la valeur de ce drapeau, symbole national de plus en plus malmené aujourd’hui.
Jean Couturier
Musée de l’Histoire de l’immigration, Paris les 23, 24 et 25 janvier.