Sauver la peau

 Sauver la peau de David Léon, mise en scène d’Hélène Soulié

  150123_rdl_0104Un jeune homme  lit la lettre de démission d’une institution, où  Mathieu travaille comme  éducateur d’enfants et d’adolescents psychiquement fragiles. Il confronte souvent  “le carcan familial” au carcan institutionnel. Avec une grande violence verbale, il parle surtout de la chose qui l’obsède: le suicide récent de son frère.
« C’est une reprise de cette question du Je, dit David Léon, le texte explore et expose des confrontations nouvelles: l’espace familial, l’espace professionnel, l’espace public, l’espace de l’écriture (…) Pour  Sauver la peau, il y a donc eu cette phrase entendu dans un contexte professionnel:  » Tu vas encore nous laisser toute la merde dans l’institution.
«   La plupart du temps, on ne sait pas comment répondre à de telles phrases, on se tait.  Le texte explore ce que réveillent ces phrases auxquelles on ne sait pas répondre ».
C’est dire aussi que dans ce long monologue, il est constamment question d’identité,  et d’identité homosexuelle avec là aussi une parole incisive ; le narrateur se demande pourquoi il n’y aurait donc pas une journée de l’homosexualité. Bonne question.
Le texte de de David Léon est d’une écriture qui  bascule sans cesse avec virtuosité de la réalité la plus banale  aux pensées les plus intimes qui circulent dans la tête de l’adolescent, avec une  parole  où des phrases qui reviennent en boucle, porté par  Manuel Vallade qui a une  belle présence en scène et qui réussit à faire passer ce long monologue. Et cela, malgré une mise en scène qui n’est pas vraiment à la hauteur de l’exigence que l’on pourrait avoir,  quand il faut traiter un tel texte.
Avec des erreurs comme entre autres, un sol en métal brillant, métaphore trop évidente du morcellement de la famille de ce jeune homme, un éclairage chichiteux pendant vingt bonnes minutes au début, ou encore cette vidéo où l’on voit un adolescent courir. Ce qui accuse à coup sûr les maladresses d’un texte  volontairement fragmenté mais un peu trop bavard,  qui aurait gagné à être plus concis, malgré d’évidentes qualités d’écriture.

Philippe du Vignal

Théâtre Ouvert 4 bis cité Véron Paris 18 ème, jusqu’au 14 février, et les samedi 31, 7 et 14 février. T: 01 42 55 74 40


Archive pour 30 janvier, 2015

Et le diable vint dans mon cœur

Et le Diable vint dans mon cœur…, mise en scène et dramaturgie d’Alexis Moati

 

  ETLEDIABLE_85B7653©JulienPiffautEn 2010, Alexis Moati met en scène Peter Pan, ou le petit garçon qui haïssait les mères, adaptation par Andrew Birkin du célèbre texte de James Matthe Barrie, et en 2013, Petites Sirènes d’après Hans Christian Andersen. Et le Diable vint dans mon cœur … est le dernier volet de cette trilogie axée sur la fin de l’enfance.
 À travers un regard rivé sur l’adolescence – cet état incertain entre l’enfance et l’âge adulte –, le spectacle pose, selon le metteur en scène, la question de la transformation, « celle des êtres mais aussi celle d’une époque qui a du mal à finir pour que naisse quelque chose de nouveau. L’adulte réconcilie-t-il l’enfant avec l’adolescent ? L’enfance est l’âge de l’obéissance, l’adolescence celui de la révolte contre l’ancienne autorité – une façon de se construire – et l’âge adulte, le temps de l’autonomie – la découverte de la profondeur de la raison en soi, capable d’examiner avant de décider, accepter ou refuser.
  Rien ne semble plus favorable à la scène que cette mise en demeure ultime, un processus qui passe « naturellement » par une succession de métamorphoses, spectaculaires et démonstratives ou bien  intérieurement repliées jusqu’à l’infini .  La forme théâtrale choisie: une enquête/conférence déjantée, élaborée à partir d’ateliers de recherche et de création, menés à Chalon-sur-Saône mais aussi à Gap, à Valréas, à Marseille, et dont les adolescents ont inspiré l’écriture du spectacle.
  Scénographie ouverte de Thibault Vancraenenbroeck, cet espace collectif s’impose  gymnase, salle de classe,  avec des vestiaires en fond de scène avec toute leur dimension symbolique, ludique ou obsessionnelle, relative à cet âge ingrat  où on cherche toute le temps des chiffons à porter qui aillent le mieux,  car on est en quête d’une silhouette juste et conforme avec son propre ressenti. Autant parler de désordre et de capharnaüm que les instants de fête intensifient encore.
  Les porte-manteaux à vue sont égayés de vêtements hétéroclites que colorés d’adolescents, de baskets et sacs de sports, qu’ils ne cessent de jeter ou de s’approprier, aux prises avec un corps encombrant qu’ils maltraitent,  un corps qui envahit leur existence, quand ils sortent maladroitement de leur chrysalide. Ainsi, le geste de se vêtir et se dévêtir, efficace (mais vain scéniquement à force de se répéter), nourrit le catalogue des situations égrainées, lors de la représentation.
 Se déclinent les relations houleuses avec les adultes:  père, mère, et professeurs lors d’une séance de philosophie ou de danse  et  se succèdent les compagnonnages passionnés des jeunes,  garçons et filles avec leurs pairs, goûtant avec un plaisir mêlé d’amertume les premiers émois de l’amour, et la passion d’éprouver le monde dans une relation de partage.
  Quelques scènes n’échappent pas à une complaisance facile, proche de la beauté mièvre des photos adolescentes de David Hamilton, comme la jeune fille longiligne et fragile dénudée, debout dos au public qu’une demoiselle aux cheveux longs rhabille. Et l’inventaire des « premières fois » déroule  un peu longuement ses clichés… Quant aux  parodies finales de défilé de mode, elles  sont un peu insistantes!. Les acteurs se présentent face public, brandissant des habits miniaturisés d’enfant. L’écart, le décalage des mesures et des dimensions se révèle  impressionnant.
   Les acteurs de vingt-sept à quarante-sept ans: Fanny Avram, Carole Costantini, Léna Chambouleyron, Sophie Delage, Pierre Laneyrie, Chloé Martinon et Charles-Éric Petit  incarnent ces drôles d’ados, pleins d’allant dans leurs rires et leurs coups de gueule. Ils jouent les profs lors d’un conseil de classe, et tous retrouvent, avec le temps qui passe, les places imparties aux adultes qui les précédaient. Cette belle énergie juvénile – souffle, engagement et sincérité absolue -, gagne sa dignité.
  « Plus tard, disait déjà Marcel Proust  dans A l’ombre des jeunes filles en fleurs, on voit les choses d’une façon plus pratique, en pleine conformité avec le reste de la société, mais l’adolescence est le seul temps où l’on ait appris quelque chose »

 

Véronique Hotte

 

Espace des Arts, Scène nationale– Chalon-sur-Saône, du 27 au 30 janvier
La Passerelle, Scène nationale de Gap et des Alpes du Sud, le 13 février
Théâtre du Gymnase, Marseille, du 26 au 28 mars.

 

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