Un Fils de notre temps

Un fils de notre temps,  d’après Odön von Horvath, mis en scène de  Simon Delétang.

un fils de notre tempsOdön von Horvath écrit en 1938, Un fils de notre temps, un roman, dont le premier titre est Un soldat du Reich mais ce fut sa dernière œuvre! Il meurt, le 1er juin de cette année-là, écrasé par la chute d’une branche de marronnier, un soir d’orage, non loin du Théâtre Marigny, à Paris, .
Né en Croatie mais de nationalité hongroise, éduqué en Allemagne, écrivant en allemand, il est représentatif de ces citoyens de la Mittel Europa d’entre les deux guerres, et fait partie de ces brillants  intellectuels qui assistent, impuissants, à la montée du nazisme, à la destruction des valeurs d’une société qu’ils avaient contribué à façonner.

À trente-sept ans, il laisse des poèmes, dix-sept pièces de théâtre, et trois romans, où il affronte la bêtise et la médiocrité de la petite et moyenne bourgeoisie qui fera le lit du nazisme. En 1933, le régime nazi fait  brûler ses livres dans des autodafés, et le déclare  » auteur dégénéré »…
 Un fils de notre de notre temps trouve évidemment des échos aujourd’hui. Enfant perdu d’une société qui ne l’accueille pas: « Quand je suis sorti de l’école, je suis devenu chômeur », le jeune homme s’engage dans l’armée,  afin, croit-il, «de ne plus avoir faim et de devenir quelqu’un ». Ce terrible contre-sens le conduira à sa propre perte !
 Simon Delétang a traduit le texte de l’adaptation pour le théâtre qu’avait réalisée Gunthram Brattia en Autriche. Avec la rigueur qu’on lui connaît, il dissèque un processus de destruction et nous donne à voir un très beau spectacle.
Le plateau est limité, au fond, par un mur vitré qui reflète toute la scène et donne l’illusion d’un vaste espace. Sur un sol blanc de neige (la neige d’un hiver symbolique qui gèle tout), il y a des alignements bien nets de bottes, ce  qui pourrait aussi être la vision prémonitoire de tombes. C’est le temps de l’univers structuré de l’armée qui donne un sens à la vie  de ce jeune homme devenu soldat.

  Après le combat et la confrontation avec la mort, arrive le début du chaos, et  tout est sens dessus-dessous. Il n’y aura pas de reconstruction mais une descente aux enfers qui passe par un meurtre, puis par la mort du personnage pris dans les glaces d’un monde qui lui est devenu insupportable. Thibault Vinçon, omni-présent, incarne ici cet anti-héros avec justesse, sans pathos et fait ici un remarquable travail d’acteur.
Chaque scène, soulignée par la musique, met le personnage dans une situation donnée, et fait du public,  un chercheur qui  scruterait les réactions d’un cobaye. Constat dérangeant: la pièce est d’une redoutable actualité. On aimerait tant que l’Histoire ne bégaye pas….

  Bel exemple de décentralisation régionale, ce spectacle tourne dans les centres dramatiques qui l’ont coproduit, donc, s’il passe près de chez vous, n’hésitez pas.

Elyane Gérôme

Spectacle créé au Théâtre des Célestins de Lyon;  du 4 au 8 février à la Comédie de Saint-Etienne ; les 13 et 14 février, à la Comédie de Reims; les  25 et 26 février, à la Comédie de Valence; du  10  au 14 mars au Centre dramatique national de Dijon ; les 1er et 2 avril au Théâtre Charles Dullin de  Chambéry,  et le 8 avril, au  Théâtre de Bourg-en-Bresse.

 

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