Neuf, par Le petit théâtre de pain
Neuf de Stéphane Guérin, mise en scène de Manex Fuchs
La pièce a été présentée pour la première fois en décembre dernier à la Scène Nationale d’Anglet (Pyrénées Atlantiques) par le petit Théâtre de Pain de Louhassoa. Fondé en 1994, c’est une troupe permanente de quinze comédiens qui assument la direction artistique de Hameka, un lieu de fabrique dédié aux arts de la rue et au théâtre en langue basque. Ils jouent pour un public populaire, surtout là où le théâtre est absent.
Neuf,c’est le nombre de jurés du tribunal qui doivent se mettre d’accord pour condamner ou non à la prison à vie, Karim Bourdon, un adolescent adopté, soupçonné d’avoir assassiné avec la plus grande cruauté, ses grands-parents. Nous sommes assis en U autour de la table du procès où les jurés prennent place; il faut qu’il se soient mis d’accord à l’unanimité avant le lendemain matin.
La présidente présente les jurés qui se lèvent, prêtent serment, téléphonent, certains sortent pendant que d’autres s’installent. Un premier vote a lieu après la description du crime,huit d’entre eux le déclarent coupable, et un seul, non coupable. On décrit les difficultés de l’adoption de Karim qui aurait tué son grand-père et tranché la langue de sa grand-mère à coups de cutter; un voisin et l’auxiliaire de vie l’auraient formellement reconnu!
Une jeune jurée dégoûtée par les journalistes, défend Karim: comment pourrait-il être schizophrène et responsable de ses actes ? Il détestait sa mère qui avait tué son chien…
Le verdict est remis en question. L’un des jurés s’énerve: il doit prendre le train le lendemain, à cinq heures du matin pour jouer dans un concert indispensable pour qu’il puisse payer la pension de sa mère. L’énervement monte, chacun y va de son couplet. Plusieurs votes ont lieu mais dans le plus grand désordre et, insensiblement, le doute gagne les jurés quant à la culpabilité de Karim.
Les jurés se livrent, racontent leurs histoires personnelles, ou rejouent même un match de foot… Mais peu peu, se forme une majorité pour voter non-coupable, et la présidente va joindre sa voix. Le jury sort enfin sous la haute armature d’une guillotine dépourvue de lame.
Un spectacle tonique et nécessaire, qui, avec Mariya Aneva, Cathy Coffignal, Éric Destout, Ximun Fuchs, Hélène Hervé, Guillaume Méziat, Fafiole Palassio, Jérôme Petitjean et Tof Sanchez, a emporté l’enthousiasme du public!
Édith Rappoport
Théâtre de Châtillon le 7 février et en tournée www.theatreachatillon.com