Argent, dette et music-hall

TRODIDRO-ARGENT-DETTE-ET-MUSIC-HALL-photo-Ingrid-Jouault-_DSC0015-MD-1402568642

 

Argent, dette et music-Hall création collective de Stefano Amori, Nigel Hollidge et Armel Petitpas, direction musicale de Daniel Glet

Sur le plateau, à jardin,un portant avec de nombreux costumes et quelques  accessoires, et à cour un piano, muni de son pianiste en habit; et dans le fond, un rideau ouvrant de tissu doré comme l’or de la finance dont les trois comédiens et leur pianiste vont nous conter les origines et l’épopée avec quelques sketches mais surtout  avec des chansons.
L’argent, c’est dire la monnaie qui a commencé à exister, pour  des achats de nourriture, sous formes de cailloux, de coquillages et même de plumes, puis a continué sous forme de tablettes écrites, puis de métal précieux  comme l’argent et l’or, puis, pour que cela soit plus pratique, de morceaux de papier, sortes de chèques, dont la banquier garantissait l’absolue conversion possible en or, puis dans un dernier avatar, sous forme très fréquente de lignes sur un écran d’ordinateur.
« Pour traquer le dieu argent, disent les trois auteurs de cette infernale saga, nous avons suivi deux pistes : le documentaire L’Argent dette du canadien Paul Grignon, un film d’animation, salué qui explique très bien les mécanismes du système bancaire et L’irrésistible ascension de l’argent de l’économiste anglais Niall Ferguson  qui démontre que l’histoire de la finance est l’un des rouages essentiels de l’Histoire.
Sans banques, en effet, pas d’emprunts ni de commerce ni de Bourses, donc pas d’enrichissement, donc pas de financement de guerres, ni non plus de palais et œuvres d’art à Florence,Venise, Amsterdam, Paris et maintenant  New York, ou Pékin.  « Mais pourquoi la morale de la dette semble-t-elle supérieure à toutes autres formes de morale, s’interroge David Graeber, anthropologue et économiste américain,  et la Bible elle-même souligne que la dette, n’a au fond rien de sacré et une loi juive très ancienne de l’époque de Moïse stipulait que toutes les dettes seraient automatiquement annulées tous les sept ans… L’abandon des créances et on le voit une très vieille idée… »
Mais banque = dette, celle des particuliers, comme celles des collectivités et des Etats, et cela fonctionne très bien, du moins tant que la confiance, maître mot dans cette affaire de gros sous, continue à régner; les banquiers avaient vite compris que, puisque personne ne venant chercher son or en même temps, il était facile de prêter en billets sans avoir comme avant, l’équivalent en or…
Oui, mais car il y a bien entendu un mais, et la leçon socio-économique est rude: tôt ou tard,  et les gouvernement sont impuissants à maîtriser les choses et c’est tout un pays qui en prend alors un sacré coup, quand les emprunteurs  ne peuvent rembourser leurs prêts comme aux Etats-Unis; c’est ce que montrent bien les succulents dessins du brillant petit film de Paul Gregon, (allez voir sur Internet, c’est à la fois gratuit, clair et détaillé).
Ce qui est, dans ce spectacle, formidablement expliqué par Nigel Hollidge, qui dialogue, en ventriloquie, avec une petite marionnette qui joue le banquier. Mais aussi par ses complices Antonio Interlandi et Armel Petitpas, lui souvent en smoking, elle, en robe du soir pailletée ou autres. Tous les trois absolument impeccables quand ils chantent, soit seuls soit en chœur, des chansons de music-hall comme Je cherche un millionnaire, d’Arthur Freed et Arthur Brown (1938), La Fortune de Pierre Alberty(1932), La Crise est finie (1934) de Waxman, Colpe et Jean Renoir mais aussi Le Fric des Frères Jacques (1968), ou La Vache à mille francs de Jacques Brel et Jean Poiret.
Pas de temps mort, les chansons et sketches s’enchaînent avec précision, même si l’explication des multiples aventures de l’argent-roi tourne court. Qu’importe après tout, puisque l’essentiel de cabaret/music-hall réside dans ces chansons que le public ravi, connaît ou découvre avec joie pendant quelque 80 minutes.
Une petite réserve pour la route? Oui, il y a une fausse fin et ce qui suit: le théâtre dans le théâtre (vieille  maladie incurable de la scène contemporaine qui frappe les anciens comme les jeunes) avec, les coulisses et le plateau vu côté acteurs qui rangent leurs costumes et  accessoires, avant de venir saluer en tenue de tous les jours. Ce qui n’offre pas grand intérêt; donc, les trois complices feraient bien de revoir les choses.
Sinon, en ces temps de morosité, Argent, dette et music-hall est un spectacle sans prétention et qui fait vraiment du bien, donc ne vous en privez pas.

Philippe du Vignal

Théâtre du Lucernaire,  53 rue Notre-Dame-des-champs 75006 Paris


Archive pour 23 février, 2015

Argent, dette et music-hall

TRODIDRO-ARGENT-DETTE-ET-MUSIC-HALL-photo-Ingrid-Jouault-_DSC0015-MD-1402568642

 

Argent, dette et music-Hall création collective de Stefano Amori, Nigel Hollidge et Armel Petitpas, direction musicale de Daniel Glet

Sur le plateau, à jardin,un portant avec de nombreux costumes et quelques  accessoires, et à cour un piano, muni de son pianiste en habit; et dans le fond, un rideau ouvrant de tissu doré comme l’or de la finance dont les trois comédiens et leur pianiste vont nous conter les origines et l’épopée avec quelques sketches mais surtout  avec des chansons.
L’argent, c’est dire la monnaie qui a commencé à exister, pour  des achats de nourriture, sous formes de cailloux, de coquillages et même de plumes, puis a continué sous forme de tablettes écrites, puis de métal précieux  comme l’argent et l’or, puis, pour que cela soit plus pratique, de morceaux de papier, sortes de chèques, dont la banquier garantissait l’absolue conversion possible en or, puis dans un dernier avatar, sous forme très fréquente de lignes sur un écran d’ordinateur.
« Pour traquer le dieu argent, disent les trois auteurs de cette infernale saga, nous avons suivi deux pistes : le documentaire L’Argent dette du canadien Paul Grignon, un film d’animation, salué qui explique très bien les mécanismes du système bancaire et L’irrésistible ascension de l’argent de l’économiste anglais Niall Ferguson  qui démontre que l’histoire de la finance est l’un des rouages essentiels de l’Histoire.
Sans banques, en effet, pas d’emprunts ni de commerce ni de Bourses, donc pas d’enrichissement, donc pas de financement de guerres, ni non plus de palais et œuvres d’art à Florence,Venise, Amsterdam, Paris et maintenant  New York, ou Pékin.  « Mais pourquoi la morale de la dette semble-t-elle supérieure à toutes autres formes de morale, s’interroge David Graeber, anthropologue et économiste américain,  et la Bible elle-même souligne que la dette, n’a au fond rien de sacré et une loi juive très ancienne de l’époque de Moïse stipulait que toutes les dettes seraient automatiquement annulées tous les sept ans… L’abandon des créances et on le voit une très vieille idée… »
Mais banque = dette, celle des particuliers, comme celles des collectivités et des Etats, et cela fonctionne très bien, du moins tant que la confiance, maître mot dans cette affaire de gros sous, continue à régner; les banquiers avaient vite compris que, puisque personne ne venant chercher son or en même temps, il était facile de prêter en billets sans avoir comme avant, l’équivalent en or…
Oui, mais car il y a bien entendu un mais, et la leçon socio-économique est rude: tôt ou tard,  et les gouvernement sont impuissants à maîtriser les choses et c’est tout un pays qui en prend alors un sacré coup, quand les emprunteurs  ne peuvent rembourser leurs prêts comme aux Etats-Unis; c’est ce que montrent bien les succulents dessins du brillant petit film de Paul Gregon, (allez voir sur Internet, c’est à la fois gratuit, clair et détaillé).
Ce qui est, dans ce spectacle, formidablement expliqué par Nigel Hollidge, qui dialogue, en ventriloquie, avec une petite marionnette qui joue le banquier. Mais aussi par ses complices Antonio Interlandi et Armel Petitpas, lui souvent en smoking, elle, en robe du soir pailletée ou autres. Tous les trois absolument impeccables quand ils chantent, soit seuls soit en chœur, des chansons de music-hall comme Je cherche un millionnaire, d’Arthur Freed et Arthur Brown (1938), La Fortune de Pierre Alberty(1932), La Crise est finie (1934) de Waxman, Colpe et Jean Renoir mais aussi Le Fric des Frères Jacques (1968), ou La Vache à mille francs de Jacques Brel et Jean Poiret.
Pas de temps mort, les chansons et sketches s’enchaînent avec précision, même si l’explication des multiples aventures de l’argent-roi tourne court. Qu’importe après tout, puisque l’essentiel de cabaret/music-hall réside dans ces chansons que le public ravi, connaît ou découvre avec joie pendant quelque 80 minutes.
Une petite réserve pour la route? Oui, il y a une fausse fin et ce qui suit: le théâtre dans le théâtre (vieille  maladie incurable de la scène contemporaine qui frappe les anciens comme les jeunes) avec, les coulisses et le plateau vu côté acteurs qui rangent leurs costumes et  accessoires, avant de venir saluer en tenue de tous les jours. Ce qui n’offre pas grand intérêt; donc, les trois complices feraient bien de revoir les choses.
Sinon, en ces temps de morosité, Argent, dette et music-hall est un spectacle sans prétention et qui fait vraiment du bien, donc ne vous en privez pas.

Philippe du Vignal

Théâtre du Lucernaire,  53 rue Notre-Dame-des-champs 75006 Paris

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