Les Voyages fantastiques

740-les-voyages-fantastiques-la-pariziennes

Les Voyages fantastiques, de Jules Verne à Méliès, texte et mise  en scène de Ned Grujic

 

Ces voyages fantastiques sont nés d’une fusion écrite et réalisée par Ned Grujic. Soit trois des voyages imaginés par Jules Verne (1828-1905) dans ses fameux romans: De la Terre à la lune, Voyage au centre de la terre et Vingt mille lieues sous les mers, et les studios de Georges Méliès (1861-1938) qui avait appris le métier de mécanicien  et se perfectionna en anglais à Londres où il fut vendeur au rayon corset d’un magasin, il en profitera pour y apprendre la prestidigitation. Trois choses des plus utiles pour son avenir. En effet revenu à Paris, il rachète en 1888, le théâtre de Robert Houdin, le célèbre illusionniste et y présente des spectacles qui finissent par des projections de photos peintes sur verre qui connaissent vite le succès.
Il crée l’Académie de Prestidigitation, devenue en 1893, premier syndicat des Illusionnistes de France, et deux ans plus tard, invité à une répétition privée de la fameuse première projection publique du Cinématographe inventée par les frères Lumière, à l’hôtel Scribe boulevard des Capucines, il comprend tout de suite ce qu’il peut faire avec une telle machine. Et il va réaliser de 1896 à 1914, dans ses studios à Montreuil que nous avons visités, environ 600 films de 1 à 40 minutes, (surtout féerie, science-fiction et récits historiques) qui passionnèrent les surréalistes.
Avec un sens inouï du trucage et des effets spéciaux qu’il reprend de la photographie comme la sur-impression, les fondus enchaînés, l’arrêt caméra qui permet de modifier personnages et accessoires, mais aussi des trompe-l’œil pour les décors qu’il peint lui-même à plat. 

  Georges Méliès est toujours à la frontière entre théâtre et cinéma, et ses films seront vus dans le monde entier mais disparaîtront, quand, ruiné par des procès aux Etats-Unis, il revendit ses studios ; son œuvre  renaîtra grâce à Léon Druhot de Ciné-Journal et à l’inlassable et mythique Henri Langlois, directeur de la Cinémathèque.
  On retrouve donc ici Georges Méliès, son épouse et sa petite équipe de tournage qui préparent, jouent aussi trois petits films inspirés par les célèbres voyages imaginés par Jules Verne. Magie et trucages sont bien entendu au rendez-vous, mais il y a aussi nombres d’accessoires et des toiles peintes, marionnettes, ombres chinoises, appareils à bulles. Sans énormes moyens techniques mais avec des portes ouvertes sur un rêve de cinéma en train de se fabriquer: bien vu! Les acteurs jouent sans parler pendant les tournages, dans le style jeu très expressionniste du cinéma muet, avec musiques d’ambiance signées Jean-Sébastien Bach, Piotr Tchaïkovky, Claude Debussy, Camille Saint-Saens, Igor Stravinsky et Eric Satie.
   C’est assez malin, et loin de toute prétention ; Ned Grujic (créateur du Petit Poilu illustré, très beau spectacle sur la guerre de 14-18, voir Le Théâtre du Blog) dirige bien ses acteurs/chanteurs, et a conçu une mise en scène précise, avec très réussis: une scénographie de Danièle Rozier, des costumes  de Karine Delaunay, des effets spéciaux dus à Christophe Oliver Dupuy, et une captation par rétroprojection d’images en direct pour figurer les décors des petits films.
 Dans un bel aller et retour entre naïveté et réalisme distancié, et sans pédagogie appuyée. Deux petites réserves : un peu longuettes, ces séquences gagneraient à subir un coup de ciseaux et les comédiens quand ils parlent, ont tendance à en rajouter quelques louches, tapent parfois sur les fins de phrase, ce qui n’est vraiment pas nécessaire…
  Le charme de cette création tout public, à la fois intelligente et qui ne triche jamais, (et où les plus jeunes sont considérés comme de spectateurs adultes), tient à ce qu’il peut être vu avec plaisir par les enfants qui, visiblement, y prennent un grand plaisir, même s’ils ne comprennent pas tout de cet univers d’il y a déjà un siècle, où on tournait les films avec un appareil à manivelle et des grandes bobines de pellicule ! Mais aussi par leurs parents qui apprécient la construction de ces séquences, à la fois artisanales et théâtralement efficaces. Donc loin, très loin des tablettes électroniques, et pourtant parfois si près : Georges Méliès était un grand poète, et ses films furent copiés/collés sans scrupule par les réalisateurs américains. Pas très adroit en affaires, il s’est retrouvé ruiné, et tint avec son épouse une petite boutique de friandises dans l’ancienne gare Montparnasse détruite en 1966…
 Ces Voyages fantastiques se jouent à la périphérie de Paris, dans un quartier qui n’en est pas un, coincé entre boulevards extérieur et périphérique,  mais ils méritent largement le voyage.

Philippe du Vignal

Espace Paris-Plaine 13 rue du Général Guillaumat 75015 Paris jusqu’au 28 février, et en tournée. Métro Porte de Versailles, bus PC ou tramway.
www. Les trottoirs.com

 

 


Archive pour 26 février, 2015

Les Voyages fantastiques

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Les Voyages fantastiques, de Jules Verne à Méliès, texte et mise  en scène de Ned Grujic

 

Ces voyages fantastiques sont nés d’une fusion écrite et réalisée par Ned Grujic. Soit trois des voyages imaginés par Jules Verne (1828-1905) dans ses fameux romans: De la Terre à la lune, Voyage au centre de la terre et Vingt mille lieues sous les mers, et les studios de Georges Méliès (1861-1938) qui avait appris le métier de mécanicien  et se perfectionna en anglais à Londres où il fut vendeur au rayon corset d’un magasin, il en profitera pour y apprendre la prestidigitation. Trois choses des plus utiles pour son avenir. En effet revenu à Paris, il rachète en 1888, le théâtre de Robert Houdin, le célèbre illusionniste et y présente des spectacles qui finissent par des projections de photos peintes sur verre qui connaissent vite le succès.
Il crée l’Académie de Prestidigitation, devenue en 1893, premier syndicat des Illusionnistes de France, et deux ans plus tard, invité à une répétition privée de la fameuse première projection publique du Cinématographe inventée par les frères Lumière, à l’hôtel Scribe boulevard des Capucines, il comprend tout de suite ce qu’il peut faire avec une telle machine. Et il va réaliser de 1896 à 1914, dans ses studios à Montreuil que nous avons visités, environ 600 films de 1 à 40 minutes, (surtout féerie, science-fiction et récits historiques) qui passionnèrent les surréalistes.
Avec un sens inouï du trucage et des effets spéciaux qu’il reprend de la photographie comme la sur-impression, les fondus enchaînés, l’arrêt caméra qui permet de modifier personnages et accessoires, mais aussi des trompe-l’œil pour les décors qu’il peint lui-même à plat. 

  Georges Méliès est toujours à la frontière entre théâtre et cinéma, et ses films seront vus dans le monde entier mais disparaîtront, quand, ruiné par des procès aux Etats-Unis, il revendit ses studios ; son œuvre  renaîtra grâce à Léon Druhot de Ciné-Journal et à l’inlassable et mythique Henri Langlois, directeur de la Cinémathèque.
  On retrouve donc ici Georges Méliès, son épouse et sa petite équipe de tournage qui préparent, jouent aussi trois petits films inspirés par les célèbres voyages imaginés par Jules Verne. Magie et trucages sont bien entendu au rendez-vous, mais il y a aussi nombres d’accessoires et des toiles peintes, marionnettes, ombres chinoises, appareils à bulles. Sans énormes moyens techniques mais avec des portes ouvertes sur un rêve de cinéma en train de se fabriquer: bien vu! Les acteurs jouent sans parler pendant les tournages, dans le style jeu très expressionniste du cinéma muet, avec musiques d’ambiance signées Jean-Sébastien Bach, Piotr Tchaïkovky, Claude Debussy, Camille Saint-Saens, Igor Stravinsky et Eric Satie.
   C’est assez malin, et loin de toute prétention ; Ned Grujic (créateur du Petit Poilu illustré, très beau spectacle sur la guerre de 14-18, voir Le Théâtre du Blog) dirige bien ses acteurs/chanteurs, et a conçu une mise en scène précise, avec très réussis: une scénographie de Danièle Rozier, des costumes  de Karine Delaunay, des effets spéciaux dus à Christophe Oliver Dupuy, et une captation par rétroprojection d’images en direct pour figurer les décors des petits films.
 Dans un bel aller et retour entre naïveté et réalisme distancié, et sans pédagogie appuyée. Deux petites réserves : un peu longuettes, ces séquences gagneraient à subir un coup de ciseaux et les comédiens quand ils parlent, ont tendance à en rajouter quelques louches, tapent parfois sur les fins de phrase, ce qui n’est vraiment pas nécessaire…
  Le charme de cette création tout public, à la fois intelligente et qui ne triche jamais, (et où les plus jeunes sont considérés comme de spectateurs adultes), tient à ce qu’il peut être vu avec plaisir par les enfants qui, visiblement, y prennent un grand plaisir, même s’ils ne comprennent pas tout de cet univers d’il y a déjà un siècle, où on tournait les films avec un appareil à manivelle et des grandes bobines de pellicule ! Mais aussi par leurs parents qui apprécient la construction de ces séquences, à la fois artisanales et théâtralement efficaces. Donc loin, très loin des tablettes électroniques, et pourtant parfois si près : Georges Méliès était un grand poète, et ses films furent copiés/collés sans scrupule par les réalisateurs américains. Pas très adroit en affaires, il s’est retrouvé ruiné, et tint avec son épouse une petite boutique de friandises dans l’ancienne gare Montparnasse détruite en 1966…
 Ces Voyages fantastiques se jouent à la périphérie de Paris, dans un quartier qui n’en est pas un, coincé entre boulevards extérieur et périphérique,  mais ils méritent largement le voyage.

Philippe du Vignal

Espace Paris-Plaine 13 rue du Général Guillaumat 75015 Paris jusqu’au 28 février, et en tournée. Métro Porte de Versailles, bus PC ou tramway.
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