Ressacs, tragi-comédie sur table

Ressacs, tragi-comédie sociale sur table, mise en scène de Françoise Bloch

  Ressacs, Alice PiemmeIls sont assis tous les deux derrière une table, c’est un couple qui semble perdu en mer à bord d’un tout petit bateau que l’on voit secoué sur la mer figurée par un grand tissu bleu. Ils ont tout perdu mais on ne saura jamais pourquoi. Plusde petite adorable maison cosy avec pelouse verte, plus de grosse voiture rouge,  chic et impressionnante, plus de délicieux verre de whisky  dans le soir qui tombe. Envolé le bon temps, leur banque les a ruinés et sans aucun scrupule, comme tant d’autres.
  Ils s’en vont donc vivre sur une île où ils découvrent des richesses, entre autres des puits de pétrole, ressources inexploitées par les habitants. Et les braves gens ruinés d’autrefois vont vite se transformer en tristes personnages, prédateurs assoiffés  de pouvoir et d’argent, à la redoutable cupidité. Le bonheur,encore une fois, n’est pas dans le pré… Agnès Limbos, comédienne et créatrice de théâtres d’objets, et  Grégory Houben, chantent et jouent, lui de la trompette et les deux à des petits claviers aux sons aigrelets.
  Ils manipulent aussi et surtout des figurines, modèles réduits patiemment récoltés par Agnès Limbos : maisons, personnages, chiens, voitures… plus vrais que les vrais (voir Claude Lévi-Strauss) et racontent cette histoire de vaincus devenus riches, au détriment d’autres qui à leur tour seront vaincus. Ils le font avec une grande aisance mais non sans humour ni tendresse, un peu à la façon de feu Stuart Sherman dans les années 70, sur sa petite table de camping, seul dans les rues de New York.  Avec peu de mots, ou en silence, ce qui donne encore plus de poids à cette manipulation qui est tout, sauf naïve.
 Il y a aussi  autour de leur table, une voie ferrée circulaire, où, à un moment, passeront des wagons chargés de petits voiliers. Dans la meilleure veine surréaliste… C’est un théâtre d’objets, à la fois burlesque  et poétique qu’anime ce couple belge qui, par moments, se débat, (elle et lui l’air un peu innocent), avec leur anglais approximatif à l’accent très franchouillard. Exactement comme nous, pauvres français. Ce qui les rend tout de suite très sympathiques.
Ils  parlent aussi avec beaucoup de drôlerie, en traquant les stéréotypes et les lieux communs, pour dire l’absurdité du monde et les pauvres petits rêves d’exotisme de ceux qui ne pourront jamais dépasser les frontières de la Belgique… Comme ces spectacles en forme de vraie/fausse conférence, c’est souvent très drôle, et parfois excellent, mais peine sur la durée; cela ne fonctionne en effet pas toujours, à cause d’une mise en scène trop statique et de longueurs  qui auraient pu être évitées…
Mais aux meilleurs moments, il y a dans l’air, un vrai parfum de tendresse et d’inimitable humour, et cela fait toujours du bien par où cela passe.

Philippe du Vignal

Mouffetard- Théâtre des arts de la marionnette 73 rue Mouffetard Paris 5ème, jusqu’au 29 mars 2015, à 20 h et le dimanche à 17 h .

 

 

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