Que seul un chien

Que seul un chien de Claudine Galea, mise en scène de Brigitte Barilley

« Bucarest budapest chicago damas erice île rousse Ishinomaki isla negra jérusalem kiev kyoto », ces noms s’affichent sur un drap blanc, tendu en fond de scène, unique décor pour ce monologue à plusieurs voix qui s’articule en trois mouvements. On distingue les dires d’une femme, « la fille sur les planches » : insatiable voyageuse, elle s’adresse aux siens qui lui manquent ; elle évoque ses désirs et ses plaisirs, la solitude, la lassitude, le vide…
 On entend la plainte d’une ménagère « la femme assise», captive de son foyer, qu’elle va déserter du jour au lendemain, abandonnant mari et enfants… Puis la fille de la fugitive donnera le fin mot de l’histoire : elle retrace l’existence de sa mère à travers les photos éparses, remisées à la cave, avant sa disparition, et tente de la retrouver dans l’unique image reçue de l’absente, épinglée  sur un mur de sa chambre d’enfant : un arbre vert, un mur bleu… On n’y voit pas le chien qui était là lors de la prise de vue…
Catherine Salvini se saisit avec bonheur de ce poème dramatique, incisif, lapidaire, au rythme lancinant, et  elle assemble pour nous les morceaux d’un puzzle, que la mémoire recompose à l’infini. Elle nous guide dans le kaléidoscope des photos projetées. Images et souvenirs ne coïncident pas toujours, tel ce chien qui donne à la pièce son titre énigmatique.
La mise en scène combine finement texte et images ; de petits films rythment le voyage dans l’espace et dans la mémoire. Sans volonté d’illustration, des photos surgissent aussi par salves, sur l’écran blanc du drap. Plissé ce drap évoque aussi ceux des lits d’hôtels désertés à la hâte;  c’est un écran vierge où défile une vie racontée en plusieurs versions; puis il recouvrira l’espace, linceul de l’oubli.   
  La pièce de Claudine Galea trouve ici son expression à la fois orale et plastique dans cette belle réalisation qui met en valeur une écriture nerveuse et ciselée.

 Mireille Davidovici

Théâtre des Déchargeurs,  T : 01 42 36 00 50 , jusqu’au 11 avril.  www.lesdechargeurs.fr

La pièce est publiée aux éditions Espaces 34.

 

 


Archive pour 5 avril, 2015

Que seul un chien

Que seul un chien de Claudine Galea, mise en scène de Brigitte Barilley

« Bucarest budapest chicago damas erice île rousse Ishinomaki isla negra jérusalem kiev kyoto », ces noms s’affichent sur un drap blanc, tendu en fond de scène, unique décor pour ce monologue à plusieurs voix qui s’articule en trois mouvements. On distingue les dires d’une femme, « la fille sur les planches » : insatiable voyageuse, elle s’adresse aux siens qui lui manquent ; elle évoque ses désirs et ses plaisirs, la solitude, la lassitude, le vide…
 On entend la plainte d’une ménagère « la femme assise», captive de son foyer, qu’elle va déserter du jour au lendemain, abandonnant mari et enfants… Puis la fille de la fugitive donnera le fin mot de l’histoire : elle retrace l’existence de sa mère à travers les photos éparses, remisées à la cave, avant sa disparition, et tente de la retrouver dans l’unique image reçue de l’absente, épinglée  sur un mur de sa chambre d’enfant : un arbre vert, un mur bleu… On n’y voit pas le chien qui était là lors de la prise de vue…
Catherine Salvini se saisit avec bonheur de ce poème dramatique, incisif, lapidaire, au rythme lancinant, et  elle assemble pour nous les morceaux d’un puzzle, que la mémoire recompose à l’infini. Elle nous guide dans le kaléidoscope des photos projetées. Images et souvenirs ne coïncident pas toujours, tel ce chien qui donne à la pièce son titre énigmatique.
La mise en scène combine finement texte et images ; de petits films rythment le voyage dans l’espace et dans la mémoire. Sans volonté d’illustration, des photos surgissent aussi par salves, sur l’écran blanc du drap. Plissé ce drap évoque aussi ceux des lits d’hôtels désertés à la hâte;  c’est un écran vierge où défile une vie racontée en plusieurs versions; puis il recouvrira l’espace, linceul de l’oubli.   
  La pièce de Claudine Galea trouve ici son expression à la fois orale et plastique dans cette belle réalisation qui met en valeur une écriture nerveuse et ciselée.

 Mireille Davidovici

Théâtre des Déchargeurs,  T : 01 42 36 00 50 , jusqu’au 11 avril.  www.lesdechargeurs.fr

La pièce est publiée aux éditions Espaces 34.

 

 

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