Du rêve que fut ma vie
Du Rêve que fut ma vie, une histoire de Camille Trouvé et Brice Berthoud
Cette vaste Fabrique des Arts, lieu de répétitions du Théâtre 71 à Malakoff, a été investie par la compagnie des Anges au plafond (voir Le Théâtre du Blog). Dans la pénombre, on voit d’abord, imaginés par Brice Berthoud, sept grands mannequins en papier journal, sur lesquels on parvient à déchiffrer des morceaux de poèmes, et on va écouter Camille Trouvé qui incarne une Camille Claudel à la dérive, enfermée, à la demande de sa famille, pendant trente ans dans un hospice où elle mourut de faim, comme beaucoup d’autres, en 1943.
Après Les Mains de Camille qui explorait l’enfance de l’artiste et sa liaison avec Auguste Rodin qui la quitta ensuite, c’est le sixième et l’un des plus bouleversants spectacles des Anges au Plafond. Camille Trouvé explore la correspondance déchirante de la sculptrice qui ne reçut presque jamais de réponse… Paul, son frère, lui-même ne la vit que rarement…
Sur des feuilles vierges, Camille, en longs vêtements blancs, écrit sans relâche, déchire sans cesse ce qu’elle a écrit, se dépouille sans arriver à se mettre nue. Puis se roule sur le sol brun jonché de couches de papiers de couleur, jusqu’à s’y enterrer.
Fanny Lasfargues, contrebassiste, déchire elle-aussi ses musiques, dans un voyage étrange qui entretient une belle complicité avec l’artiste, incarnation sans faille d’une Camille Claudel, au génie resté longtemps nié.
On en sort silencieux, et étrangement bouleversé .
Edith Rappoport
Fabrique des Arts de Malakoff jusqu’au 11 avril à 19h 30.