Amor, performance
Amor, performance de Théodoros Terzopoulos
Le spectacle est une sorte de martelage numérique, où tout le corps et notamment avec un mouvement rapide, les doigts, joue un rôle primordial. Un corps/marteau donc qui casse la quantité, ici exprimée en nombres, et qui dissout la matière en fractions non conventionnelles. Et tout cela dans un monde qui fait commerce de ses charmes et qui, comme la vie devenue totaux matériels, est un sombre récepteur des nombres, à tel point que la mémoire numérique, c’est-à-dire la logique de la mémoire, en est perdue.
Toute la performance, fondée sur un texte de Thanassis Alevras, est une critique virulente de la société de consommation où la qualité fait défaut et où règne la quantité. Tout y est liquidé et mis aux enchères! Même les membres du corps humain ont un prix.
Les opérations arithmétiques de ce spectacle sont symboliques : la multiplication exprime l’augmentation rapide des cas de maladies de la quantité, la soustraction renvoie à l’élimination de la vie, l’addition accumule les carcasses d’expérience, la division divise l’indivisible… et pourtant divisible.
Tout est axiome algébrique, et le corps d’Antonis Myriagkos s’avère une machine parfaite pour la gestion des numéros, l’égout de nombres, et l’enfer de montants et quantités. L’acteur incarne très bien le calculateur, et Aglaia Pappa, lui, interprète avec une précision remarquable l’homme encaissé. Des sons vocaux, qui accompagnent la parole articulée avec rapidité, créent une deuxième classe de signes, parfois plus importants que les mots, et consomment le sentiment sauvage du calculateur dont toute l’énergie est ainsi épuisée, de sorte qu’il ne reste plus de ressources pour Amor (amour). L’homme est piégé: plus d’issue salvatrice...
Un spectacle conforme à la méthode de Théodoros Terzopoulos qui évolue constamment, sur les bases d’une recherche que l’on peut qualifier d’avant-garde.
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Théâtre Attis, Leonidou 7, Metaxourghio, Athènes. T: 0030 210 52 26 260.