Danse improvisée par Saburo Teshigawara
Danse improvisée par Saburo Teshigawara,
Une boîte de jazz historique de la capitale japonaise a invité, pour ses cinquante ans d’existence, un formidable trio, composé d’un pianiste, Yamashita Yosuke (soixante-treize ans) et d’un saxophoniste Kazutoki Umezu (soixante-cinq ans) dont l’énergique improvisation a bluffé le public, ainsi que le danseur Saburo Teshigawara qui ne s’est pas économisé non plus, enchaînant quatre parties improvisées sur des compositions musicales très différentes.
Une étonnante version raccourcie du Sacre du Printemps d’Igor Stravinsky pour saxophone et piano lui a permis de développer un registre de mouvements violents, principalement au niveau de la tête et des membres supérieurs.
Dans une troisième partie, inspirée de La Symphonie du nouveau monde d’Anton Dvořák, il alterne des gestes rapides, saccadés ou très lents, remarquablement contrôlés. Danser dans quatre m2 n’est pas toujours simple: car cela limite le mouvement des jambes. Mais cette contrainte génère chez lui de l’inventivité, et aucun de ses membres ne reste au repos. Cette calligraphie corporelle dans un espace réduit et cette proximité permet au public de profiter pleinement de la performance de Saburo Teshigawara qui fascine toujours autant, par sa présence et par sa capacité de dissocier ses gestes et d’utiliser toutes les parties de son corps, jusqu’au bout de sa langue parfois agitée de trémulations.
Ce fut un moment rare, réservé à quelques privilégiés. À la rentrée prochaine, le chorégraphe reviendra avec sa troupe au Théâtre des Champs-Elysées, pour y présenter un spectacle beaucoup moins intimiste.
Jean Couturier