Nelken

Nelken, chorégraphie de Pina Bausch par le Tanztheater Wuppertal

IMG_0708Pina Bausch est décédée le 30 juin 2009. À l’annonce de sa disparition, le Festival d’Avignon lui rendit hommage dans un  jardin du Palais des Papes et, spontanément,  des centaines d’œillets l’ont accompagné.
C’est dire combien ce spectacle symbolise l’image de la grande chorégraphe. Créé en 1982 dans une scénographie de Peter Pabst, Nelken n’avait pas été vu à Paris depuis 1989. Les 3.000 œillets en tissu plantés sur la scène vont, une fois de plus, être traversés par les farandoles et les courses folles des danseurs. Nous voudrions que cela ne s’arrête jamais!
Les spectateurs retrouvent avec plaisir les grands moments de la pièce dans une distribution différente. Scott Jennings remplace Lutz Förster pour la chanson de Gershwin, interprétée en langue des signes, et Fernando Suels Mendoza remplace Dominique Mercy quand il réalise, provoquant le public, différentes figures de danse classique. Cette scène avait tout son sens à l’époque de la création car l’accueil  des spectacles de la troupe par les habitués de la danse classique était souvent très négatif
Le danseur Paul White, membre du Tanztheater depuis 2012, explique: «Je suis devenu danseur parce que je voulais être différent des autres. » Le public de Pina Bausch est, lui aussi, un peu différent des autres et il a surtout un grand besoin de chaleur humaine qu’il éprouve avec les danseurs du Tanztheater, dans l’ombre de Pina Bausch.
En particulier lorsque ceux-ci nous invitent à ouvrir les bras, comme pour nous enlacer les uns les autres. Mais l’époque a changé, l’individualisme forcené des gens concentrés sur leurs smartphones raidit parfois leurs corps…Nous ne sommes pas au théâtre de la Ville, mais au théâtre du Châtelet, une salle à l’italienne, et l’ambiance y est un peu différente.
La visibilité est incomplète pour beaucoup, même si, heureusement, les danseurs jouent très souvent en avant-scène ; on ne distribue qu’un programme pour deux personnes, et, à la fin, lorsque le spectateur veut voir de plus près ces fameux œillets fabriqués en Thaïlande, une voix s’élève : «Mesdames, messieurs, nous allons fermer la salle s’il vous plait !»
Nous conseillons d’ailleurs à tout passionné du travail de la chorégraphe de se rendre à Wuppertal au moins une fois dans sa vie. Malgré tout, découvrir ou redécouvrir un spectacle de Pina Bausch reste une expérience unique et, comme le dit si bien le danseur russe Andrey Berezin au milieu du spectacle : «Je vous souhaite à tous un joyeux Noël.»

Jean Couturier

Théâtre du Châtelet du 12 au 17 mai; au Théâtre de la Ville une autre pièce de Pina Bausch du 21 au 30 mai : Für die Kinder  von gestern,heute und morgen.       


Archive pour 15 mai, 2015

Entretien avec Marie-José Malis

Entretien avec Marie-José Malis, directrice du Théâtre de la Commune d’Aubervilliers.

Centre Dramatique National, le Théâtre de la Commune d’Aubervilliers va bientôt fêter ses cinquante ans. Une belle occasion pour réfléchir à la mission des centres dramatiques, à  la pertinence de l’institution,à l’état de la décentralisation théâtrale, et enfin à la création artistique et à la politique culturelle… Ce qui fait beaucoup de questions qui méritent d’être posées franchement sur la table.

 

-Christine Friedel-: Le théâtre, et en particulier les Centres dramatiques nationaux, sont entrés depuis quelques années dans une ère du soupçon (dont on peut faire l’analyse). C’est donc le moment de prendre le contre-pied de cette défiance.

f814580fjpg -Marie-José Malis : Le cinquantenaire du C.D.N. d’Aubervilliers serait une belle occasion pour organiser des assises du théâtre, de faire une sorte de nouvelle déclaration de Villeurbanne, comme en 1968». Pour que des artistes se réunissent pour dire quel est leur rapport à la politique, et édicter une règle.

-Le soupçon pèse d’abord sur le rapport au public : ce théâtre ne répondrait pas à une demande, à une attente, il serait élitiste, au mauvais sens du terme. 

– M. J. M. : Les artistes n’ont pas à se sentir illégitimes. Nous avons à être avec les gens, à leur proposer un point de vue autre, un pas en avant, pour toucher ce qui fâche dans la question posée. En même temps, ce que fait, dans sa radicalité, Jérôme Bel, rassure : il est clair avec lui-même. On comprend tout, « ça réconcilie », dit un spectateur.
il faut rétablir avec le public ce genre de pacte complexe. Si on en reste à un :« tout ce qu’on demande à entendre, c’est ce qu’on sait déjà », on ne pourra pas avancer!

-La chance des C.D. N., c’est que les artistes qui les dirigent, peuvent compter sur une certaine durée.
– M. J. M. : Nous avons la chance et la liberté de composer avec des invités différents. Sur les fonctions que nous donnons à l’art, nous donnons donc différentes réponses, mais avec une préoccupation commune. La question n’est pas de montrer tout ce qui se fait de façon exhaustive, mais de chercher ensemble à quoi sert notre travail, ce qu’on peut apporter qui nous procure du bien à tous.
Qu’opposer à ce monde qui ne va pas ? Rodrigo Garcia répond par la liberté, Jérôme Bel, par l’égalité, en osant défaire son savoir en face de l’autre.

 -Cette durée, c’est aussi une histoire, et un public parfois nostalgique ?

-M. J. M. : La difficulté pour venir au théâtre est parfois insurmontable chez des gens, jusqu’à la rencontre qui les y « autorise »… À notre arrivée, le public constitué, lui, a été déconcerté ; nous avons eu avec eux des discussions, des polémiques. Mais ils nous font crédit, au moins, ceux qui sont loyaux, qui ont une raison politique de venir, et pas seulement l’habitude du divertissement bourgeois.
   Nous avons à proposer de l’inédit, pas forcément du compliqué et un public neuf le reçoit très bien, dès qu’il l’a en face de lui. Le théâtre n’est ni une consolation, ni un miroir satisfaisant. Nous souhaitons qu’il ne soit pas une chose vaine !

 -En toute bonne foi, les personnes qui sont les «  relais » des groupes de spectateurs, font parfois barrage entre  ces groupes et le théâtre : ils craignent, disent-ils, que  « ce ne soit pas pour notre public »

-M.J. M. : « Notre public », ça n’existe pas. Nous nous adressons, collectivement, à des personnes, pas à des catégories. Je crois que le public jeune est le meilleur qui soit, pourvu qu’on lui donne le meilleur et qu’il vienne de son propre choix. J’ai rencontré des lycéens à un débat ; ils sont venus au théâtre ensuite, fiers d’être là et d’y faire venir des copains.
 Ici, le corps enseignant est formidable. Il y a une confiance, on peut parler de tout, avant, après un spectacle. Après le colloque sur Robespierre organisé par Jack Ralite, une classe de philo a fait cette déclaration : « Nous voulons appliquer l’Égalité dans la classe ». Nous leur avons ouvert le théâtre, ils sont venus les samedis matin s’entraider, librement, entre eux, et ils ont tous été reçus au bac.
Le déclic, ça a été l’âge de Saint-Just (dix-neuf ans) et de Robespierre. C’est important d’ouvrir le théâtre, de répondre à la demande qu’on a créée.

-Aubervilliers est une sorte de laboratoire de la culture ?

 -M.J. M. : C’est en tout cas une ville où il y a plusieurs lieux importants de la création artistique, les Laboratoires, le Théâtre équestre Zingaro, L’Embarcadère … Je crois que les territoires pauvres sont les plus porteurs d’invention. On est pauvre ? Au moins, il n’y a pas un sentiment de déclassement, il y a un savoir sur sa propre vie. Et nous, comment allons-nous aujourd’hui opposer nos désirs, nos intelligences à ce monde « pourri » ?
Nous avons des forces, dans cette ville : le théâtre, les professeurs, les militants, avec toutes sortes de rencontres possibles  entre les jeunes et les artistes.

 -Qu’est-ce qui va changer, à Aubervilliers, avec le Grand Paris ?

 - M. J. M. : Pour le moment, ce « grand Paris » est un projet petit-bourgeois et non une pensée du « vivre ensemble ». Ce n’est, encore une fois, que la gentrification des quartiers populaires. Le SYNDEAC  (Syndicat des directeurs d’entreprises culturelles) a quand même tiré la sonnette d’alarme : la culture, l’art, n’étaient pas prévus, pas associés aux projets, ils n’arrivaient qu’« en plus ».
 Il y aurait pourtant à travailler sur l’architecture : le théâtre près de l’Hôtel de ville, ce bâtiment républicain au milieu de la ville, c’est un beau symbole, mais ça ne marche pas pour ceux qui ont un rapport problématique avec l’Etat. Alors, on peut imaginer des sortes de nouvelles Maisons des Jeunes et de la Culture, des lieux très provisoires, sociaux, des endroits qui donnent à penser, qui aident les jeunes à formuler leurs désirs, à aller plus loin.
  Claude Régy a toujours préféré ces sortes de hangars, où la scénographie et le rapport au public se construit avec la création scénique. En plus, c’est moins coûteux que les théâtres en dur, inadaptés et dépassés à peine construits.
Bien sûr, c’est avec le public que se construit l’institution. Après Hypérion, après les débats terribles, passionnants et épuisants d’Avignon, s’est constituée ici autour de nous une sorte de « brigade », un groupe de fidèles qui cherche avec nous comment convaincre les gens que le théâtre est pour eux, comment inventer un nouveau pacte.

 Propos recueillis par Christine Friedel.

 

 

81 avenue Victor Hugo

81, avenue Victor Hugo, pièce d’actualité n°3, par Olivier Coulon-Jablonka

 

81 avenue Victor HugoQu’est-ce qu’une pièce d’actualité ? Ce dont on parle à un moment donné mais aussi une pièce au présent, en actes. L’actualité du Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, ça a toujours été le fil tendu entre la population et le théâtre.
Cette saison, Marie-José Malis lui a donné des couleurs en proposant à trois artistes de construire chacun une «pièce d’actualité» avec les habitants de la ville. Laurent Chétouane, metteur en scène et chorégraphe, avait interrogé quinze spectateurs, Et le théâtre pour vous, c’est quoi ?, en toute liberté et avec quelques risques, avec aussi une jolie ambiguïté due à la ponctuation : « pour vous », c’est-à-dire pour tous, ou « à votre avis ? ».
 Maguy Marin, elle-même descendante d’exilés républicains espagnols, est allée travailler à côté, à Saint-Denis, à la recherche de la petite Espagne, quartier d’exilés économiques, puis politiques après le coup d’état de Franco, où vivent, dans ce qui  subsiste de ce quartier, ces nouveaux exilés qu’on appelle migrants. Aujourd’hui, 81, avenue Victor Hugo, à Aubervilliers, ne pas confondre avec l’avenue du Paris XVIe, met en scène le témoignage de huit sans papiers, parmi les quatre-vingts pour qui le squat de l’ancien Pôle emploi est presque une terre promise, après les expulsions, l’incendie d’un autre squat, le campement dans la boue… Pour un an –jugement rendu-, ils sont à l’abri. Mais après ? Après, reste la solidarité et la lutte qu’ils ont menée.
Avec  Olivier Coulon-Jablonka, et sous l’égide de Kafka (Devant la porte de la loi, dans Le Procès) en prologue, Adama Bamba, Moustapha Cissé, Ibrahim Diallo, Mamadou Diomandé, Inza Koné, Souleyman S., Méité Soualiho, Mohammed Zia, ont eu le courage d’affronter la scène et de témoigner, de dire leur nom, ce qui est très risqué quand on est  sans papiers.
Ce qu’ils nous disent de leur départ de Libye, du Burkina-Faso, du Mali, du Moyen-Orient, de l’argent économisé pour le passage, perdu, volé, des dangers, nous le savons. Le voyage de Turquie jusqu’en France, de frontière en frontière, de question en question : puis-je rester ici ?, nous le connaissons moins.

 Mais surtout, parce qu’ils sont là, sur le plateau, ces huit hommes (Les femmes ne sont pas disponibles, elles s’occupent des enfants , dit l’un d’eux, au débat, mais ceci est une autre histoire…), nous rappellent que la vie quotidienne des sans papiers n’est pas une statistique, mais cell des milliers de personnes empêchées de jouir de leurs droits élémentaires, condamnées à la peur et à l’angoisse quotidienne.
 De même, les milliers de victimes de naufrages en Méditerranée nous choquent bien plus encore, si nous pensons à la vie unique de chacun de ces morts. Le théâtre permet cela : regarder une personne, dans l’effort et le défi de la représentation. Car il s’agit bien de théâtre, dans une mise en scène précise et rythmée, dans une belle confiance réciproque entre la scène et le public.
Les huit hommes présents, pour les quatre-vingt du squat et pour tous les autres, nous font accéder à une beauté unique, qui est aussi leur soutien. On comprend que, devant le succès de 81 avenue Victor Hugo, la pièce soit reprise à l’automne prochain. Cela aurait sans doute fait plaisir à Victor Hugo.

 

Christine Friedel

 

Théâtre de la Commune d’Aubervilliers. T : 01 46 33 16 16  jusqu’au 17 mai le samedi à 18h (représentation suive d’un débat), et le dimanche à 17h30.

 

 

Entre les actes

Entre les actes d’après Virginia Woolf, mise en scène de Lisa Wurmser

 

photolot-entrelesactes51Dans un jardin, des êtres en vacances – en vacance, jeu de mots inévitable- attendent le spectacle d’amateurs de cette paroisse. Le théâtre est installé et des propos insignifiants, s’échangent dans une certaine langueur. On n’est pas loin de La Mouette de Tchekhov, avec une différence notable : le roman, le dernier de Virginia Woolf, se passe en 1939.
Entre querelles de couples, bavardage des oncles, tantes, et autres ancêtres, meuglement d’une vache tout à coup, cris des enfants, on entend des bruits d’avion.  Juste le temps de troubler les tourments et les plaisirs de ce petit monde que l’irruption du théâtre secoue bien plus fort. Surtout quand il est confié à la puissance vocale et à la présence de Flore Lefèbvre des Noëttes;  ses camarades sont de la même trempe quand ils passent en revue toute l’histoire du théâtre en Angleterre..
Elisabeth I et Shakespeare, le théâtre du XVIIIe siècle, le théâtre victorien, et pour finir, le théâtre d’aujourd’hui, un miroir tendu au public : les effets les plus extrêmes sont permis aux amateurs de la paroisse et à leur furieuse coryphée.

 On pense davantage aux artisans du Songe d’une nuit d’été qu’à la pièce de Treplev dans La Mouette : le temps d’un après-midi, ils frappent fort, du côté du burlesque. Et « entre les actes » ? Le vie continue, bousculée par une vraie coquette et son «artiste « , alanguie par les rêveries moroses d’Isa, double légèrement ironique de l’auteur, répétitive dans la bouche d’une vielle lady.
Le spectacle a les qualités de ses défauts, en particulier un rythme bizarre, des longueurs pas désagréables, qui renvoient avec justesse à l’ambiguïté des sentiments (et de l’époque), à une Angleterre qui s’idolâtre et doute d’elle-même : on n’en est pas si loin d’aujourd’hui. Les comédiens, dirigés avec une certaine désinvolture, s’en tirent bien. Le décor assez sommaire, clos par un tulle plutôt joli, figurant une campagne naïve, n’égale pas le charme d’un vrai jardin (où le spectacle a été créé, en Picardie).
On y respire quand même agréablement, et l’on appréciera l’adaptation subtile et sensible d’Entre les actes, roman né du théâtre et pour le théâtre. Ce monde est toujours une scène, comme dirait Shakespeare.

 Christine Friedel

 Vingtième Théâtre, Paris. T: 01 48 65 97 90, du jeudi au samedi 21h30, dimanche 17h30 jusqu’au 26 juin.

La mort de Tintagiles

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La Mort de Tintagiles, de Maurice Maeterlinck, précédé par des fragments de Pour un tombeau d’Anatole de Stéphane Mallarmé, mise en scène de Denis Podalydès, conception musicale de Christophe Coin et Garth Knox

  Deux ans après la publication de Pelléas et Mélisande (1892), Maurice Maeterlinck écrit trois petits drames pour marionnettes : Intérieur, Alladine et Palomides, puis La Mort de Tintagiles. Vingt ans après la magnifique création de Claude Régy au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis (1996), Denis Podalydès fraie à son tour avec les ombres de Maurice Maeterlinck.
   S’infiltre aussitôt, dans l’imaginaire, l’intérieur d’un château en ruines dont on aperçoit dans les ténèbres, les murailles  au fond d’une vallée aux arbres morts : «Il n’y a qu’une tour que le temps n’attaque point… Elle est énorme… et la maison ne sort pas de son ombre.»
Ainsi, parle  Ygraine (Leslie Menu) à son petit frère Tintagiles, en l’absence de leur sœur Bellangère (Clara Noël) , à propos de ce site maléfique, tenu sous la domination tyrannique d’une grand-mère invisible, figure monstrueuse, recluse dans la Tour fermée : «Il y a là une porte effrayante. »
Les sœurs vivent au château avec leur vieux maître Aglovale, seul ami restant.La Reine odieuse veut se saisir du benjamin et l’arracher à sa vaillante sœur aînée. L’image de la fragilité de l’enfance, et  de toute mort injuste de jeunes êtres innocents, est préparée par Pour un tombeau d’Anatole de Stéphane Mallarmé. Cette prose poétique à la beauté froide est née de ce père artiste,  dont le fils a été enlevé par la maladie à huit ans. Ce projet d’écriture est resté inachevé pour cause de trop grand chagrin : «le petit tombé dans la vallée » foudroyante image de la mort infantile:  non-sens et inacceptable des défunts trop jeunes.
Claude Régy, écrivait : «Dans Tintagiles, ce récit funambule, tout est seuil. Seuil de la lumière et de l’ombre, seul de l’éveil et du sommeil, du conscient et de l’inconscient… La colline et la vallée, la tour et les souterrains, seuil du haut et du bas… »
On tenterait en vain, toujours empêché, de protéger ou de retenir quiconque est plus fragile. Ygraine monte l’escalier jusqu’à la cime, là où se trouve une porte sans gonds, scellée dans la muraille, qu’elle ne peut ouvrir pour sauver Tintagiles. Elle distingue une fente de lumière qui pourrait s’élargir mais disparaît et se ferme. Est-ce de soi dont il est question ? D’une intériorité divisée car consciente d’elle-même, qui n’accède ni à l’unité personnelle ni à l’accomplissement existentiel. Ici, la scène est légèrement surélevée, cernée par les ombres des murs recouverts de panneaux gris, et close  en haut par une grille éclairée.
La marionnette d’Amélie Madeline: un Tintagiles, crâne nu et habillé de sombre, pieds et mains éclairés, s’insère admirablement dans des tableaux mythiques commeLe Nouveau-Né ou L’apparition de l’ange à Saint-Joseph de Georges de La Tour, avec dans l’ombre, le duo en longues robes sombres d’ Ygraine avec sur les épaules un châle rouge seyant que la flamme d’une bougie, et le feu dans un âtre, rendent plus vif et lumineux.
Un rai de lumière tombe sur Tintagiles (Adrien Gamba Gontard), quand il laisse vibrer dans l’ombre et la nuit un long cri strident d’effroi.
L’illustration sonore et musicale de Christophe Coin accompagne la représentation et la sous-tend,  avec  un jeu d’instruments à cordes métalliques, ce qui augmente la résonance et lui confère un halo sonore qui vibre justement par sympathie, et dont la harpe éolienne est le principe fondateur.
Garth Knox interprète le vieil Aglovale, joue de l’alto et de la viole d’amour, et Christophe Coin, de son côté,du violoncelle.
Un spectacle sobre et somptueux dont la vibration tragique résonne admirablement.

 

Véronique Hotte

 

Théâtre des Bouffes du Nord, Paris jusqu’au 28 mai. T : 01 46 07 34 50.

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