Variations pour une déchance annoncée d’après La Cerisaie/ Angela Konrad
Variations pour une déchéance annoncée, d’après La Cerisaie d’Anton Tchekhov, adaptation et mise en scène d’Angela Konrad
Cette réécriture de la célèbre et dernière pièce d’Anton Tchekhov se perd dans les subtilités de niveaux de lecture : La Cerisaie est ici replacée dans le cadre d’un spectacle télévisuel, mené par un animateur-vedette qui reçoit les personnages du drame joués par une troupe de comédiens.
Chacun des niveaux de mise en abyme caractérisent cette adaptation qui nous éloigne de la pièce. Les acteurs de la troupe en évoquent la problématique, lors d’un entretien devant la caméra: un monde s’écroule, la cerisaie va être vendue, et la ruine les menace tous.
On est touché par la présence onirique du petit garçon de Lioubov Andréevna qui pleure la mort de son fils qui erre dans un espace de rêve. La belle Dominique Quesnel, en manteau de fourrure, incarnation d’une vedette mythique de cinéma, se précipite sur le plateau, nous parle du sort de la cerisaie, et évoque la disparition tragique de son fils qui la hante.
Sur une musique émouvante, on erre dans les méandres d’une réflexion méta-théâtrale, et ce spectacle est à la fois une relecture de La Cerisaie, un commentaire sur le théâtre et la rencontre entre onirisme, symbolisme et réalisme : des choix esthétiques qui ne sont pas incompatibles, si on pense, entre autres, à Stanislavski ou à Ibsen.
Le spectacle nous transporte à un autre niveau de lecture : la structure dramaturgique s’évapore et on a affaire ici à un jeu de transfiguration textuelle, dont on a du mal à comprendre la raison d’être. Angela Konrad est certainement douée d’une grande sensibilité pour ce genre de réflexion scénique mais sa recherche n’est pas encore tout à fait aboutie…
Alvina Ruprecht
Usine C, Montréal, Festival Transamérique, 21 mai-4 juin 2015.