Quoi, quoi de François Joxe
Quoi, quoi texte et mis en scène de François Joxe
François Joxe avait déjà mis en scène au dernier festival d’Avignon ce dialogue en trois épisodes entre un homme et une femme à trois moments de leur vie. On les voit d’abord tous les deux, elle à 45 ans et lui à 50. Ni jeunes ni vieux donc, mais avec pas mal d’années de couple au compteur. Ils se comprennent à demi-mot, et se chamaillent souvent. Le ton monte parfois et les mots les plus crus (un peu trop souvent pipi-caca!) volent en escadrille. Toujours à propos des mêmes choses mais surtout des relations homme/femme, et sexuelles, bien entendu .
On les retrouve tous les deux pour le second épisode: retour en arrière et arrêt sur image ils ont tous les deux vingt ans, mais percent chez lui les premiers symptômes d’une bonne crise de jalousie. Elle est en effet le modèle d’un peintre mais laisse-t-elle entendre peut-être un peu plus que son modèle.
Au troisième épisode, le plus grinçant: ils ont tous les deux 70 ans et donc un demi-siècle de vie commune; elle aurait voulu être comédienne mais y a renoncé pour avoir le plaisir de d’avoir quatre enfants.
Reste, ce que nous avions déjà signalé quand la pièce a paru en 2011, (voir Le Théâtre du Blog), la difficulté à mettre en scène ce dialogue à la fois raffiné et parfois comme pour exorciser les choses, assaisonné de quelques crudités. L’auteur se voit confronté au metteur en scène! Comment rendre crédibles ces deux personnages de 45 puis 22 puis 70 ans, enfermés dans un huis-clos pendant un peu plus d’une heure. Prendre six acteurs : mission impossible sur le plan dramaturgique et… financier. Dans le premier épisode, François Joxe réussit assez bien à faire passer sa petite musique douce-amère, où passé et présent se conjuguent chez ce couple, même si on peine à voir parfois qu’il s’agit d’un couple.
Ensuite, après un long changement de costumes qui n’en finit pas, quand on retrouve les deux tourtereaux d’autrefois, malgré quelques beaux instants, le compte n’y est pas tout à fait : Isabelle Hétier en fait des tonnes, minaude joue la jeune femme qu’elle n’est plus ; lui, Jean Grimaud, plus sobre, s’en sort mieux.
Le troisième épisode est, et c’est dommage, quelque peu plombé par une mise en scène absolument statique où le mari et la femme se parlent assis dos à dos sans se regarder. Sans doute un parti-pris pour faire ressentir leur solitude à chacun? Mais assez maladroit
Tout se passe comme si François Joxe n’arrivait pas à trouver tout à fait la juste mesure pour donner une vérité à ce couple âgé, alors que le texte s’impose. Et cela finit sur un air d’opéra bien conventionnel…
Un spectacle dont les dialogues bien écrits ne manquent pas de charme, mais dont il faudrait revoir d’urgence l’interprétation et à la mise en scène…
Philippe du Vignal
Théâtre du Guichet-Montparnasse 15 Rue du Maine, 75014 Paris. T: 01 43 27 88 61, les samedis et dimanches jusqu’au 28 juin, puis Festival d’Avignon: Ateliers d’Amphoux 10 rue d’Amphoux à 16h 30, du 3 au 26 juillet; T.: 04 90 86 17 12.