Oliver Twist

Oliver Twist d’après Charles Dickens, adaptation de Danièle Klein et Eric de Dadelsen  mise en scène d’Olivier Mellor  

 

Charles Dickens  (1812-1870) écrivain vite célèbre  avait eu une enfance d’abord heureuse  mais son  père fut incarcéré  pour dettes, et, à douze ans, il commença à travailler à coller des étiquettes sur des bouteilles de cirage, puis reprendra ensuite des études. Mais ce traumatisme n’a jamais disparu. «  J’écris sans rancune, sans colère, car je sais que tout ce qui s’est passé a façonné l’homme que je suis. Mais je n’ai rien oublié, je n’oublierai jamais ».
 Ce qui ne l’empêcha pas ensuite de se cultiver en autodidacte, de fonder des hebdomadaires, d’écrire plus d’une quinzaine de romans empreints d’humour et d’esprit satirique à l’intrigue très élaborée et avec de nombreux personnages. Publiés en feuilletons hebdomadaires ou mensuels, genre qu’il inaugura et comme des centaines de nouvelles et articles où il a toujours défendu le droit des enfants, y compris et surtout leur droit à l’éducation, et celui des femmes, en particulier celui des prostituées très nombreuses dans le Londres du milieu du XIX ème siècle.
 Charles Dickens  écrivit aussi  et mis en scène  quelques pièces. Il fut très vite reconnu dans son pays et traduit en de nombreuses langues,  et ses romans ont été adaptés de nombreuses fois au théâtre, (on se souvient du formidable David Coperfield créé par Jean-Claude Penchenat) mais aussi au cinéma comme à la radio et à la télévision..
Oliver Twist, encore plus que David Coperfield est l’un de ses plus grands romans : « de tous mes livres, celui que j’aime le plus », dit-il, et  des centaines de nouvelles et articles. C’est l’histoire du destin d’un orphelin, acheté comme de si nombreux enfants dans le Londres de la fin du XIXème siècle pour travailler durement et sans salaire, où un grande partie de la population était misérable et sale. Ecrit de 1836 à 1838,  le roman  a donné lieu à de nombreuses adaptations  théâtrales et  cinématographiques.
  Cette  fresque où l’on peut croiser des personnages pittoresques appartenant aux bas-fonds, cruels et sans scrupules, mais aussi des grands bourgeois  charitables qui vont essayer d’enlever Oliver Twist à son destin.
  La tentative d’Olivier Mellor  mérite le respect : ce n’est pas si simple de  diriger une vingtaine d’acteurs et marionnettistes /chanteurs/musiciens. Et il y a de bons moments à la fois musicaux et chantés, et parfois des scènes avec les marionnettes tout à fait réussies.  Le metteur en scène  a visiblement été influencé par Ariane Mnouchkine, son illustre voisine de la Cartoucherie et son Théâtre du Soleil…
 Mais bon, ne fait pas du théâtre « populaire » qui veut ! Et ici, le compte n’y est pas, même si le spectacle est bien rodé : le scénario, pas très élaboré, avec quelque chose de cahotant (les adolescents du public avaient souvent du mal à s’y retrouver, et nous aussi !) ; les scènes aux maigres dialogues, pas très bien jouées (tout le monde crie, sauf le petit garçon qui joue Oliver Twist) voire un peu récitées, se succèdent sans guère de rythme, et sont la plupart du temps plombées par une musique envahissante, beaucoup trop forte! (les micros H F n’arrangent pas les choses, puisqu’ils gomment évidemment toute nuance).
 Les éléments de décor que les comédiens ne cessent de déplacer selon les scènes, ce qui devient vite fatiguant, sont approximatifs et les costumes, entre pseudo XIX ème et contemporain (un petit coup de distanciation brechtienne, comme ces jets de fumigène à vue?) sont franchement laids et disparates.
Tout cela, désolé, ne vole quand même pas très haut, même si cela va un peu mieux sur la fin comme souvent mais l’ensemble n’est guère passionnant donc comment se sentir  vraiment impliqué. Dommage… Olivier Mellor avait mieux réussi son coup avec Knock qu’il avait présenté dans ce même théâtre  l’an passé. (Voir Le Théâtre du Blog).  Ainsi va la vie en cette fin de saison…
A vous de choisir, mais le détour par la Cartoucherie, malgré son silence, ses fleurs et ses oiseaux, ne nous paraît pas indispensable.

 Philippe du Vignal 

Théâtre de l’Epée de bois, Cartoucherie de Vincennes, Route du Champ de Manœuvres, T : 01 48 08 39 74

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Archive pour 10 juin, 2015

Rigoletto par les Grooms

Rigoletto par les Grooms, d’après une idée originale de  Jacques Auffray, mise en scène de Pierre Guillois, musique d’Antoine Rosset et  Serge Serafini, d’après Giuseppe Verdi

Grooms--5C’est la réinterprétation d’un opéra célèbre d’un compositeur aussi célèbre comme savent si bien le faire Les Grooms : (Mozart, Wagner, Purcell) avec La Flûte en chantier, La Tétralogie de Quat’sous, Un roi Arthur (voir Le Théâtre du Blog). Système maintenant parfaitement rodé: une fanfare de cuivres  joue les airs les plus connus de l’œuvre avec quelques  chanteurs/comédiens  très habiles,  la plupart du temps dans une déambulation en plein air mise en scène .
 Cette fois-ci, Les Grooms s’attaquent à un des opéras les plus populaires de Guiseppe Verdi, avec, au programme de cet histoire d’amour trop compliquée pour être résumée, adaptée du Roi s’amuse de Victor Hugo: mensonges, coups bas, trahisons, jalousies, poursuites  et assassinats…
  Cela se passe devant la Maison de la musique à Nanterre sous un ciel menaçant qui a obligé les Grooms à reporter le spectacle d’une quarantaine de minutes. Un public qui ne va probablement jamais au théâtre, est installé debout autour de la place sur de petits pliants triangulaires  pour les plus chanceux, ou assis par terre sur des bâches au milieu de cette place ronde, la fanfare et les chanteurs évoluant sur l’anneau resté libre séparant le noyau central des spectateurs.
 Il a ainsi Les Grooms (clarinette, saxos, trombone, accordéon…), six jeunes femmes taille super mannequin en short, chaussures à hauts talons et longue perruque blonde, avec un numéro dans le dos comme pour les concours de beauté  de miss, un vieil homme, le  père de l’une des héroïnes   en  fauteuil roulant électrique pour handicapé, une autre voiture  décapotable  d’un beau rouge, un lit à baldaquin aux draps blancs. Et vers la fin, une petite caravane dont les deux côtés servent selon les scènes.  Comme toujours pour les spectacles de rue, il y a beaucoup de jeunes et d’enfants…
  «Les cuivres résonnent sur les façades, les voix des chanteurs planent au dessus des toits, la folie de l’histoire s’empare de la foule. Les Grooms jouent les grandes émotions pour enchanter la ville ! » dit la note d’intention. Aucun doute là-dessus: on sent que c’est un vrai travail de professionnels avertis mais…non rien à faire, ce n’était décidément pas le bon soir:  la folie de l’histoire ne s’empare pas du tout de la foule,  et  cela ne fonctionne pas vraiment. La faute à quoi, la faute à qui ?
D’abord, au choix et surtout à la configuration scénographique ratée de ce lieu,  assez bruyant, où on  se perdent les voix des chanteurs, pourtant habitués au plein air, et de la chorale d’amateurs, dans un brouhaha permanent.
Par ailleurs, côté dramaturgie, le scénario déjà compliqué, est ici proprement imbitable sauf dans ses grandes lignes, puisqu’on l’entend mal,  le public peu attentif ne cessant de parler. Et le manque de rythme est flagrant : les scènes se traînent, avec souvent, de longs blancs où rien ne se passe.  Et même s’il y a de belles images comme cette décapotable rouge avec douze jambes élégantes qui battent la mesure, ce lit à baldaquin transportant la belle héroïne du drame, qui semble voguer au-dessus du public, le spectacle  avance bien lentement.
Pierre Guillois, pourtant très bon metteur en scène, semble avoir eu quelques mal à  mettre en place  cet opéra compliqué en plein air, exercice toujours périlleux, et  plusieurs fausses fins
allongent encore ce spectacle déjà trop long qui a perdu son rythme en route. Sans doute, ce sont les premières  les choses vont donc  se caler et  ce Rigoletto va  progresser  si les Grooms resserrent d’urgence les boulons.
Ils nous ont habitué à mieux, comme avec ce splendide Roi Arthur, ou avec cette merveilleuse Baronnade qui avait enchanté le public et que nous étions allés voir à Aubin, ancienne petite ville minière de l’Aveyron,  aux rues moyenâgeuses…

Philippe du Vignal   

 

 

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