Economic strip

 

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Economic strip par la compagnie Annibal et ses éléphants, mise en scène d’Evelyne Fagnen

Cela se passe sur un terrain de sport près de la Bastille à Paris. Un décor en toile peinte sur châssis pivotants très bande dessinée, représentant l’usine Vidal aux murs de brique, et divers accessoires en deux et non en trois dimensions, imaginés par Stéphane Clément. Une belle réussite, tout comme les costumes souvent peints sur toile et les perruques de Sylvie Berthou : la fois discrets et significatifs.
 Donc chez Vidal, on fabrique des bancs, mais son directeur  est  mort récemment  et  les héritiers ont  décidé de vendre l’entreprise. Vieille histoire, hélas, dans l’économie industrielle française! Les six ouvriers ont donc reçu leur lettre de licenciement mais décident de ne pas baisser les bras et de se lancer dans une lutte pour préserver leurs outils de travail ! Il y a là Maurice, Abdel de la deuxième génération d’émigrés algériens, Jorge tourneur, fraiseur, soudeur, et les autres,  pas du tout préparés à mener une telle lutte mais quand même bien décidés à ne pas se laisser faire et à se battre !
  Situation tendue comme toujours dans ces cas-là: pas facile de prendre les bonnes décisions : mais ils vont voter à l’unanimité, l’occupation de l’usine. Et ces six ouvriers se lancent  dans une loterie avec énigmes à deviner par le public pour récolter un peu d’argent… La police représentée par de très beaux châssis peints occupe à son tour l’usine, et les ouvriers seront arrêtés. Ils ne gagneront pas leur procès, devront rendre leur blouse de travail et se retrouveront sans rien…  Dans une fin magnifique : une surprise que l’on ne vous dévoilera  pas.
  C’est un spectacle proche de l’agit-prop,  au texte parfois un peu faiblard mais heureusement servi par des comédiens formidablement rompus  au théâtre de rue : Thomas Bacon-Lorent, Irchad Benzine, Jean-Michel Besançon, Frédéric Fort, Jonathan Fussi, Thierry Lorent, tous justes et excellents dans un style pas facile à maîtriser : la rue, comme on sait, c’est comme le cabaret ; elle ne pardonne aucune erreur  sur le plan gestuel et vocal: et les comédiens, comme le public, doivent faire avec les caprices de la météo …
Avec des costumes et perruques tout à fait remarquables souvent peints sur tissu qui donnent une belle distance au spectacle, ils créent très vite des personnages caricaturaux bien sûr mais étonnamment vrais. Et les images proposées sont  tout à fait convaincantes.
 Le public est ravi qu’on ne le prenne pas pour un benêt, comme souvent dans de nombreux spectacles de rue, et reste très attentif, même assis sur des coussins par terre ou sur d’étroits bancs de cirque. Le spectacle est encore brut de décoffrage mais devrait vite se bonifier : il y a quelques ruptures de rythme et longueurs, surtout vers la fin qu’il faudrait revoir.
Mais c’est de la belle ouvrage et intelligente, ce qui n’est jamais un luxe…

Philippe du Vignal

Prochaines représentations les 26, 27, 28 juin à Vivacité de Sotteville-lès-Rouen,  et ensuite en tournée en France. Voir: http://www.annibal-lacave.com

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