Les Inséparables

 

Les Inséparables d’après Colas Gutman, mise en scène de Léna Bréban, spectacle pour enfants dès 6 ans

IMG_7734-682x1024« Avec Delphine, on a conclu un pacte. Premièrement, faire en sorte que Papa se sépare de Pierrette. Deuxièmement, remettre Papa avec Maman ». cette adaptation du roman de Colas Gutman raconte l’histoire d’une famille recomposée à travers les yeux de Delphine et Simon qui vivent douloureusement la séparation de leurs parents. Leur père vient de se remarier avec une mère de deux enfants dont chacun doit partager leur chambre. Ils détestent leur belle-mère et plus encore la séparation qu’on leur impose.
N’ayant pu réussir à séparer leur père de leur belle-mère malgré les pièges tendus, ils parviennent tout de même à quitter leurs nouveaux «frère et sœur»  pour se retrouver ensemble dans leur chambre chez leur mère à qui ils sont confiés.
La mise en scène subtile de Léna Bréban transforme les comédiens en marionnettes à mi-corps devant un castelet à deux niveaux qui instaure une distance comique dans ce drame familial vécu par nombre d’enfants. Rachel Arditi, Laure Calamy, Julie Pilod, Alexandre Zambeaux interprètent avec finesse ces six personnages souvent drôles, parfois émouvants.

Edith Rappoport

 

Théâtre Paris Villette jusqu’au 12 juillet. T: 01 40 03 72 23; resa@-paris-villette.fr, et en tournée toute la saison prochaine.
Le roman est publié aux éditions de l’Ecole des Loisirs.


Archive pour 28 juin, 2015

Une Femme chaste

Une Femme chaste de Wang Renjié,  mise en scène de  Zeng Jingping  par le Théâtre Liyuan (spectacle en chinois sur-titré)

 

Femmechaste_000607Le rôle principal d’Une Femme chaste est tenu par Zeng Jinping qui, avec Lu Ang, assure aussi la mise en scène de la pièce. La troupe de Liyuan de Quanzhou, née en 1953, est une des plus importantes en Chine et en Asie du Sud-Est. Théâtre local, parlé en hokkien, au Fujian, à Taïwan, en Asie du Sud-Est, et genre théâtral chinois de huit cents ans d’histoire.  L’auteur d’Une femme chaste, est aussi le librettiste de La Veuve et le Lettré, version tragique de cette première pièce, qui porte «un regard cru et dramatique sur le sort des femmes à travers la morale confucianiste et la répression du désir ».
Une jeune et jolie veuve, qui vit en recluse avec son fils de dix ans, s’inquiète du départ envisagé par son précepteur pour lequel elle  éprouve un désir inavoué. Contre toute réserve, elle oblige ce  jeune homme peu fortuné, à recevoir de l’argent pour l’aider  à aller dans  la grande ville passer ses examens. Aveu déguisé d’amour impudique aux pensées charnelles…
Or, le monde appartient aux vicieux, c’est bien connu, et non aux chastetés torturées. Le lettré ambitieux souhaite avant tout accéder au mandarinat, et sauvegarde égoïstement, malgré ses propres sentiments, sa prétendue vertu. Penser la femme, c’est penser l’Autre, comme menace, objet de désir et de remords, la dévalorisation féminine allant de pair avec son étrangeté et sa dangerosité.

Dans la tradition japonaise, la femme est «à l’instar des objets de laque à la poudre d’or ou de nacre, un être inséparable de l’obscurité…; de là ces longues manches et ces longues traînes qui voilaient d’ombre les mains et les pieds.» comme l’écrivait Tanizaki)
Les costumes soyeux et colorés du théâtre traditionnel chinois Liyuan sont merveilleux,  géométriquement purs, et, quand la veuve, dix ans plus tard, invitée par l’empereur, se présente à sa vue, refusant vainement les stèles que le dignitaire veut élever à sa vertu glorieuse, elle est vêtue de noir mais toujours élégante.

 Le jeu des acteurs du Théâtre Liyuan, comme dansé, est magistral et transmis de génération en génération, s’appuie sur dix-huit mouvements de base ; sa gestuelle du rôle féminin est renommée, et pour bon nombre d’entre eux, ces gestes sont copiés des dessins trouvés dans les grottes de Donghuang. Le spectateur occidental  est subjugué par cette grammaire gestuelle, avec ses mouvements gracieux qui expriment les profondeurs de l’âme.
Les scènes populaires de valets et servantes, sont pleines d’humour tonique, et pétillantes de vie, à la façon décalée d’un William Shakespeare,  né bien plus tard mais à la dramaturgie étrangement similaire. Et, si le lettré n’a pas répondu aux aspirations amoureuses de la veuve, l’empereur, dix ans plus tard, temps d’une chasteté imposée et vérifiée, refusera encore le désir de la dame et veillera à ce qu’on ne statufie ni ne célèbre cette continence douloureuse.
Ainsi, comme l’écrivait Lord Byron, «l’homme, souvent injuste envers l’homme, est toujours injuste envers les femmes ; elles vont toujours vers le même esclavage, la trahison est tout ce qu’elles peuvent espérer. (…) Un mari désagréable, puis un amour infidèle, puis la toilette, les enfants à soigner, la prière et c’en est fait. » À cette  amertume qu’il faut combattre sans se lasser, répond la beauté rare et éloquente d’un spectacle vivant, dont la musique (flûte droite, luth piriforme du Sud, er xian, san xian et tambour) enchante le public.
Un voyage esthétique dans le temps, l’espace  mais aussi dans  les profondeurs abyssales de l’être.

 Véronique Hotte

 Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes. Festival Le Standard Idéal – 10 ème édition – Programmation Hors Les Murs de la MC93;  les 30 juin et  1er juillet à 19h30, les 28 juin et  5 juillet à 15h. Et La Grande Mélancolie, les 27 juin, 3 et 4 juillet à 19h30.
 WWW.MC93.COM

 

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