Contrebrassens

Contrebrassens, paroles et musique de Georges Brassens, par Pauline Dupuy

  Georges Brassens, un brin misogyne ? Voilà le plus célèbre moustachu de la chanson française réhabilité par Pauline Dupuy, l’une de ses ferventes admiratrices dans un concert absolument délicieux. En tête à tête avec sa contrebasse, la jeune interprète a l’intelligence de proposer les textes les moins rebattus.
En toute simplicité, cheveux négligemment relevés, robe portefeuille noire et pieds nus, Pauline Dupuy revisite le thème exquis de la femme. Vilaine, divine fiancée, pucelle ou putain, toutes sont conviées à la fête. Les morceaux filent nonchalamment sous ses doigts agiles. Joueuse, elle sait varier les atmosphères, se révéler coquine ou pédagogique. Les œillades et la présentation de son bel instrument séduisent. Les apartés sur le couple sont, eux, beaucoup moins pertinents...
Dès les premières notes de chaque chanson, se met en branle le petit jeu de la recherche du titre. C’est un des plaisirs de ce type d’exercice musical où Pauline Dupuy sait nous surprendre avec ses réinterprétations originales, décalées, sans crime de lèse-majesté toutefois.
En filigrane, la météo est l’invitée-surprise du spectacle. D’un Petit coin de parapluie aux histoires d’orage et de paratonnerre, en passant par les couplets sur le vent qui soulève les jupons, elle apporte de la fraîcheur au récital.
Le thème se marie aussi avec les facultés de cet imposant instrument dont l’archet peut soudain faire naître bourrasques profondes et rafales tragiques. Sur Cupidon s’en fout, au contraire, c’est un toucher facétieux qui enchante. On sent le public acquiescer avec gaieté à l’humoristique étude sur le plaisir féminin: «Quatre-vingt quinze fois sur cent, la femme s’emmerde en baisant. »
On apprécie la pointe d’engagement, quand Pauline Dupuy monte au créneau pour peindre le quotidien des « filles de joie ». Les sons discordants se mettent alors au diapason des souffrances endurées. Si l’irrévérence vis-à-vis de la statue du Commandeur Georges Brassens est somme toute mesurée, on se plaît à chausser les lunettes féminines pour cette relecture jazzy des savoureux bons mots de Brassens.
Une fort agréable soirée…

Stéphanie Ruffier

Théâtre Carnot rue Carnot, tous les soirs sauf le mercredi, à 22h30, et le jeudi 19 novembre à 20 h au Forum Léo Ferré 11 Rue Barbès  94200 Ivry-sur-Seine . T: 01 46 72 64 68 www.forumleoferre.org

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