On ne l’attendait pas
Festival d’Avignon:
On ne l’attendait pas de Stig Larsson, traduction de Jacques Robnard, mise en scène de Jorge Lavelli
Stig Larsson est un poète, dramaturge, romancier et scénariste suédois, à ne pas confondre avec Stieg Larsson lui aussi suédois, auteur du fameux Millenium, décédé en 2004. Plusieurs de ses romans, Les Autistes, Nouvel an, Introduction, La Comédie, et cette pièce On ne l’attendait pas, ont été traduits en français. Mais c’est la première fois qu’elle est montée chez nous, et en plus, par Jorge Lavelli.
Cela se passe dans une ville non identifiée. La mère et la fille sont là dans ce qui semble être un salon quand apparaît soudain comme une sorte de revenant : un homme d’une cinquantaine d’années. On ne sait pas d’où il vient, ni quand, ni pourquoi il est parti ni pourquoi il est revenu. Est-il coupable de quelque chose? Il dit avoir échoué sur une île où il aurait rencontré une jeune femme. Mais il a un besoin évident de parler sans que l’on puisse savoir vraiment s’il est sincère ou s’il s’invente des histoires pour se valoriser…
Il semble avoir des relations difficiles avec sa femme, et on a comme une forte impression qu’il a commis un inceste et des violences sur sa fille. On est constamment entre le réel et l’imaginaire, ou du moins le fantasmé. La mère de son côté prétend qu’elle est devenue aveugle. Bref, une famille de rêve…
Sur le plateau, un grande surface ronde de bois clair, trois fauteuils et une table basse très design suédois. Les personnages vont s’expliquer dans un dialogue des plus tendus. Jean-Christophe Legendre, Eleonore Arnaud, Hélène Bressiant et Florian Choquart sont impeccables et la mise en scène de Jorge Lavelli, tout aussi impeccable. Il évite, et il a raison (car cela serait insupportable) de tomber dans le réalisme mais il dessine une fiction impressionnante de rigueur où l’on voit une famille exploser.
Nous avons eu du mal à pénétrer dans la dramaturgie de Stig Larsson. Mais que cela ne vous empêche surtout pas d’y aller découvrir la création de cette pièce; le off décidément, progresse en qualité d’année en année, et fête cette année, rappelons-le, son cinquantième anniversaire…
Philippe du Vignal
Présence Pasteur à 20h jusqu’au 26 juillet.
Les romans de Stig Larsson ont été édités aux Presses de la Renaissance et On ne l’attendait pas aux Nouvelles écritures théâtrales en 2003.
En effet, la pièce est très intéressante, voire essentielle. Malheureusement les partis pris inadaptés de mise en scène la rendent totalement absconse. Le rejet de toute psychologie, le jeu hiératique des comédiens (par ailleurs talentueux) transforment les personnages en pantins sans âme. c’est monté comme du Copi ou du Ionesco, alors que cela devrait mis en scène comme du Jon Fosse ou du Daniel Keene, avec un minimalisme dramatique. On ne peut pas en vouloir à certains spectateurs de quitter la salle. J’espère qu’une nouvelle mise en scène plus respectueuse de ce texte magnifique me fera vite oublier cette version !