Dinamo
Dinamo de Claudio Tolcachir, Melisa Hermida et Lautaro Perotti.
Claudio Tolcachir est l’auteur-metteur en scène argentin qui monte. On a pu voir et déjà revoir Le Cas de la famille Coleman déjà sur bien des scènes Avec Dinamo, il signe une mise en scène à trois têtes, y mêlant des collaborateurs réguliers de sa compagnie de Buenos Aires Timbre 4.
Sur le plateau, une grande caravane ouvert côté public qui semble être une véritable petite maison, tant elle est remplie de détails : du sanibroyeur à l’ordinateur portable, ou le rideau de douche, tout y est ! Impressionnant travail de scénographie !
Arrive une petite bonne femme semblant descendre de son avion, entravée par sa valise et ses sacs. Elle frappe à la porte, comme si elle était devant une maison bourgeoise, et appelle sa tante. Sans réponse et ayant un besoin naturel à satisfaire, elle se permet d’entrer dans la caravane et réveille sa tante Ada qui ne l’attendait pas et qui ne lui réserve pas un bon accueil !
Cette vieille Ada, à l’allure et la voix d’une Nina Hagen aux cheveux gris, semble avoir complètement perdu pied, à la recherche d’un amour ou d’une inspiration passée, en tout cas de quelque chose qui faisait battre son cœur et qui n’est plus.
Elle passe son temps à vider des bières et écouter du chant pseudo-lyrique derrière son écran d’ordinateur, ne prêtant pas la moindre attention à sa nièce dont on en apprend un peu plus : elle «parlait aux morts», revient tout juste d’un long séjour en hôpital psychiatrique et veut reprendre le tennis. Ses parents sont tous deux morts dans un accident après qu’elle ait perdu un match et elle se sent responsable de ce qu’elle n’arrive pas à juger comme un accident ou un suicide.
A ce duo, s’ajoute un personnage mystérieux qui profite de l’absence de la nièce et des nombreuses phases de somnolence alcoolique de la tante pour entrer dans la caravane par les placards pour boire ou voler de la nourriture.
Sur le toit, elle étend des vêtements de bébé. Quand la discrète est surprise, les rapports établis dans la caravane se modifient, Ada pense qu’elle est l’incarnation de son inspiration revenue et Marisa y voit une apparition qui l’angoisse. On va vite comprendre qu’Harmina, la clandestine, a laissé son enfant au pays et cherche à établir le contact par tous les moyens. Les nouvelles technologies, encore une fois, seront salvatrices !
Ce spectacle est une belle parenthèse: peu de texte pour ce théâtre de situation, souvent drôle… Ada (Marta Lubos) avec ses tee-shirts d’adolescente «no future », Marisa (Daniela Pal) et sa gourde qui ne la quitte jamais, et Harima (Paula Ransenberg), avec son fichu et sa langue inventée qui nous la fait identifier comme venant d’Europe de l’Est. font le job malgré des costumes un peu caricaturaux..
Il y a aussi un musicien que l’on oublie vite qui propose une partition collant à l’action. C’est un bon moment qui dure à peine plus d’une heure mais sans cette caravane qui fait tout le spectacle, il ne resterait pas grand chose de ce spectacle pétri de bonnes intentions. Le In d’Avignon nous a habitué à des spectacles novateurs, surtout quand ce sont des compagnies étrangères. On est donc un peu déçu…
Julien Barsan
Gymnase du Lycée Mistral, jusqu’au 23 juillet.