Festival de Chalon dans la rue
Spectacle Thalasso-Forain du Thé à la rue
Étrange voyage que celui parcouru avec 150 autres personnes dans un établissement de bains de l’esprit qui passent par le contact des corps. Nous faisons la queue avant d’être invités à nous déshabiller et d’enfiler des peignoirs de bain, par une chaleur étouffante. Heureusement avant de rentrer dans l’espace ouvert où sont installées les cabines, il y a des bouteilles d’eau fraîche à disposition.
Nous errons un peu perdus, surpris de nous retrouver tous dans la même tenue, croisant des professionnels dépouillés de leur prestance habituelle.On peut s’emparer d’écouteurs téléphoniques pour entendre de bizarres messages, pénétrer en groupes d’une trentaine pour observer un torse humain dont on ne voit pas la tête qui raconte son histoire et nous invite à le toucher. On peut aussi dans une autre salle, s’asseoir par terre pour voir deux danseurs très doux se mettre à nu et ramper autour de nous nous frôlant parfois de façon intime…
On peut enfin entrer seul dans une cabine mais impossible de tout relater ! Le Thé à la Rue qui travaille depuis vingt ans près d’Angers est un vrai collectif qui n’a pas fini de nous surprendre !
Spectacle vu le 25 juillet à 20 h 30. http://www.thealarue.com
De l’Or dans les mains
Devant le Carmel, siège du Festival, un grand mur sur un chariot. Deux hommes au travail, l’un est supposé former l’autre pour lui apprendre à ravaler ce mur. Ils ne parlent pas la même langue, on ne sait lequel des deux est le plus maladroit.
Le nouvel apprenti tartine le mur d’images indistinctes, y colle le pinceau, au grand dam de son patron qui revient vieilli, aidé par son compagnon pour parvenir à s’allonger, puis retour à la case départ, ils sont à nouveau jeunes et farceurs.
On se laisse finalement prendre à ce jeu clownesque plutôt efficace, sans l’avoir décidé auparavant.
http://www.enchantiers.be
Opus avec Pascal Rome, Chantal Joblon et consorts
C’est la fête à la maison de retraite de Ménétreux. Un grand feu de bois réchauffe encore l’atmosphère déjà brûlante de Chalon dans la rue! et les premiers rangs de spectateurs assis sur d’inconfortables petits bancs de bois.
Un couple de vieux pensionnaires complices raconte, en se coupant sans arrêt, les souvenirs de leurs excursions en car dans les Alpes et les dizaines de fondues savoyardes qu’ils ont été forcés d’avaler, avant de retrouver leur fondue bourguignonne ! « Les Suisses, ils ont un sens de l’accueil certain, dans une gastronomie incertaine ! ».
Elle coud et déverse un flot de paroles, ne parvenant pas à interrompre le soliloque de son ami. On assiste à un défilé de vieilles voitures des années cinquante, de stars de cinéma et de chanteurs célèbres qui défilent en vieilles figurines animées dans le buffet en bois.
Un homme-singe à petites mains dans une grande housse, s’agite maladroitement. Avec Guillaume qui prend sa guitare, on entonne de vieilles chansons avec le public, comme Le lion est mort ce soir. Il se déguise en Agatha Christie et doit trouver dans le public des enquêteurs pour trouver le coupable parmi plusieurs suspects…
Dans le public, une violonist se joint à la joyeuse troupe pour cette kermesse de Ménétreux qui sent bon le terroir. Un humour réjouissant, pour un spectacle mené de main de maître par deux vieux complices. Le commandant Mac Coy distribue des tracts pour la Providence, maison de retraite de Ménétreux, « Votre avant-dernière demeure « !
Malgré le dynamisme de toute l’équipe, l’ambiance retombe, dès que les deux partenaires ne tiennent pas le haut du pavé…
Compagnie Ocus de Rennes, mise en scène d’Anna Hubet et Yann-Sylvère le Gall
On approche de ce joli chapiteau circulaire environné de caravanes pour découvrir un poétique espace avec de petites tables rondes autour desquelles un repas va nous être servi dans une belle théâtralité par seize comédiens, musiciens et chanteurs insolites et généreux. Plusieurs plateaux autour de nous, celui du centre est encadré d’une jolie collection de fourchettes mobiles, à côté, un bar sert de cadre de jeu, et à la cour le lieu de l’orchestre, au plafond des guirlandes de bouchons, tout autour des portraits de singes, dont les cris proférés par une grosse actrice émergeant d’un landau, feront le fond sonore de la soirée, au dessus de l’orchestre.
On nous remet les bouteilles de vin qu’on débouche en grande pompe, Serano nous récite une poésie : « Ô magnifique orgie, ô repas sans pareil… ». Tous les textes sont tradiuts en langue des signes. Après le ballet des serveurs qui apportent les rouleaux de printemps pour les 3 végétariens déclarés et des empenadas, une femme-singe, star de la soirée émerge d’un landau avec sa valise.
Au bar, on dit Les yeux d’Elsa d’Aragon on se défie à coup de vers. Les serveurs nous servent des bols avec adresse une soupe délicieuse, les musiciens masqués entrent en scène, la femme singe écrit des lettres sur une ardoise, et se rendort…C’est l’anniversaire de Léon, il est triste mais on lui fête tout de même .
Le » singe Didier » est mort, on le met sur une civière pour l’enterrer mais elle revient plus farceuse et vivante que jamais. Tous les serveurs se battent et se réconcilient : « D’où l’impossibilité de vivre ensemble, mais on va essayer quand même ! ».
On nous sert le dessert, après un étonnant ballet de fourchettes et de cuillères autour du cadre de scène, et on installe des bassines devant le plateau où nous sommes invités à laver la vaisselle.
Beaucoup d’humour, un vrai savoir-faire, une belle générosité de cette compagnie implantée dans la Communauté des Marches de Bretagne près de Rennes qui y travaille depuis une dizaine d’années.
http://www.compagnie-ocus.com