Les Pieds tanqués

Festival d’Avignon suite et fin:

Les Pieds tanqués texte et mise en scène de Philippe Chuyen.

portrait-équipe-300x200Après avoir joué dans le off en 2014, la compagnie Artscenicum théâtre revient cette fois-ci à Présence Pasteur, lieu de bonne visibilité en plein centre ville. Le titre Les Pieds tanqués évoque l’origine du mot pétanque, puisqu’il faut tanquer (appuyer) ses pieds sur le sol avant de tirer ou de pointer.
 Le célèbre jeu provençal est  donc au centre de la pièce dont  la scénographie est un terrain de boules, avec une légère couche de sable! Quand on connaît le peu de temps à Avignon pour démonter et démonter  le décor d’un spectacle, saluons la prouesse de ce système très au point…
  Quatre joueurs : Loule, le provençal «de souche», Zé, le juif pied-noir, et Yaya, le français d’origine algérienne, sont bientôt rejoints par un certain M. Blanc, Parisien  installé en Provence. Les connaisseurs auront vite compris le clin d’œil au Monsieur Brun de la trilogie de Marcel Pagnol.
  On pourrai craindre une Pagnolade au goût douteux mais un personnage vient faire ici son entrée et rebattre les cartes : l’Algérie. Il y a celui qui a dû la quitter et qui la considérait comme son pays, celui qui ne l’a pas connue mais à qui on la rappelle sans cesse, et celui dont le père a eu une histoire trouble dans ce pays…
  Chacun a donc quelque chose à voir avec cette guerre, avec ces «évènements» comme on disait alors.  Philippe Chuyen réussit à montrer que le point de vue de chacun est relatif à l’histoire et à sa culture  personnelle. Incompréhensions et stéréotypes sont petit à petit levés, à force de dialogue.
 Il faut la force de l’amitié pour permettre à ces hommes de dépasser les schémas imposés. On pense à Benjamin Stora qui explique si bien l’Algérie dans son dernier ouvrage Les Clés retrouvés et aussi à Robert Guédigian qui sait comme personne montrer la Provence des modestes. Sofiane Belmouden, Gérard Dubouche et Thierry Paul jouent réellement à la pétanque et sauf le parisien (Philippe Chuyen) qui joue  mal, et ont chacun un très bon niveau; ils adaptent aussi les répliques selon celui qui gagne le point, si le «carreau» est réussi ou non.
  Les attitudes comme le vocabulaire bouliste sont très justes pour qui les connaît un peu. Le jeu d’acteur est aussi très bon, et les accents ne sont pas trop artificiels. Parfois, Jean- Louis Todisco à l’accordéon, nous offre un petit refrain, pour ponctuer les scènes. Albert Camus, incontournable quand il s’agit de l’Algérie, est aussi évoqué. Cela constitue un parallèle modeste et humain au bavard Meursaults du In (voir Le Théâtre du blog).
  Derrière cette innocente partie de boules à laquelle se livrent les trois amis, rejoints par un nouveau, c’est toute une histoire humaine qui se déroule devant nous : déchirements, abandons, nouvelle vie, politique.
Les Pieds tanqués est  spectacle plein d’humour et aux personnages simples et attachants. Une belle réussite qui se sera jouée plus de deux cents fois d’ici la fin 2015 et qui a reçu en 2012 le prix du Centenaire Jean Vilar .

Julien Barsan

A voir le 1er août au Mucem à Marseille, puis dans la région : voir les dates http://artscenicum.fr/

 

 


Archive pour 1 août, 2015

Les Pieds tanqués

Festival d’Avignon suite et fin:

Les Pieds tanqués texte et mise en scène de Philippe Chuyen.

portrait-équipe-300x200Après avoir joué dans le off en 2014, la compagnie Artscenicum théâtre revient cette fois-ci à Présence Pasteur, lieu de bonne visibilité en plein centre ville. Le titre Les Pieds tanqués évoque l’origine du mot pétanque, puisqu’il faut tanquer (appuyer) ses pieds sur le sol avant de tirer ou de pointer.
 Le célèbre jeu provençal est  donc au centre de la pièce dont  la scénographie est un terrain de boules, avec une légère couche de sable! Quand on connaît le peu de temps à Avignon pour démonter et démonter  le décor d’un spectacle, saluons la prouesse de ce système très au point…
  Quatre joueurs : Loule, le provençal «de souche», Zé, le juif pied-noir, et Yaya, le français d’origine algérienne, sont bientôt rejoints par un certain M. Blanc, Parisien  installé en Provence. Les connaisseurs auront vite compris le clin d’œil au Monsieur Brun de la trilogie de Marcel Pagnol.
  On pourrai craindre une Pagnolade au goût douteux mais un personnage vient faire ici son entrée et rebattre les cartes : l’Algérie. Il y a celui qui a dû la quitter et qui la considérait comme son pays, celui qui ne l’a pas connue mais à qui on la rappelle sans cesse, et celui dont le père a eu une histoire trouble dans ce pays…
  Chacun a donc quelque chose à voir avec cette guerre, avec ces «évènements» comme on disait alors.  Philippe Chuyen réussit à montrer que le point de vue de chacun est relatif à l’histoire et à sa culture  personnelle. Incompréhensions et stéréotypes sont petit à petit levés, à force de dialogue.
 Il faut la force de l’amitié pour permettre à ces hommes de dépasser les schémas imposés. On pense à Benjamin Stora qui explique si bien l’Algérie dans son dernier ouvrage Les Clés retrouvés et aussi à Robert Guédigian qui sait comme personne montrer la Provence des modestes. Sofiane Belmouden, Gérard Dubouche et Thierry Paul jouent réellement à la pétanque et sauf le parisien (Philippe Chuyen) qui joue  mal, et ont chacun un très bon niveau; ils adaptent aussi les répliques selon celui qui gagne le point, si le «carreau» est réussi ou non.
  Les attitudes comme le vocabulaire bouliste sont très justes pour qui les connaît un peu. Le jeu d’acteur est aussi très bon, et les accents ne sont pas trop artificiels. Parfois, Jean- Louis Todisco à l’accordéon, nous offre un petit refrain, pour ponctuer les scènes. Albert Camus, incontournable quand il s’agit de l’Algérie, est aussi évoqué. Cela constitue un parallèle modeste et humain au bavard Meursaults du In (voir Le Théâtre du blog).
  Derrière cette innocente partie de boules à laquelle se livrent les trois amis, rejoints par un nouveau, c’est toute une histoire humaine qui se déroule devant nous : déchirements, abandons, nouvelle vie, politique.
Les Pieds tanqués est  spectacle plein d’humour et aux personnages simples et attachants. Une belle réussite qui se sera jouée plus de deux cents fois d’ici la fin 2015 et qui a reçu en 2012 le prix du Centenaire Jean Vilar .

Julien Barsan

A voir le 1er août au Mucem à Marseille, puis dans la région : voir les dates http://artscenicum.fr/

 

 

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