Festival interceltique de Lorient
Festival Interceltique de Lorient:
Kreiz Breizh Akademi # 5 – Talabarte
Le trio Talabarte issu de la région de Saint-Jacques de Compostelle, est à la fois une formation classique et un groupe contemporain galicien de folk music, mené par Quim Farinha au violon, Pedro Pascual à l’accordéon diatonique et Kin Garcia à la contrebasse.
Ces musiciens virtuoses imposent les arrangements créatifs de leurs propres compositions, révélant des sons nouveaux, des approches inouïes pour un répertoire généreux qui s’étend du jazz au folk, en passant par le tango et faisant toujours la part belle à l’improvisation.
Un mariage heureux à la gaieté communicative, entre folk et contemporain, danses traditionnelles espagnoles, valses et mélodies galiciennes, world music, sons jazzy, tango et sonorités balkaniques. Saluons la beauté et l’humilité de la rigueur inventive de ce trio.
La Kreiz Breizh Akademi s’appuie sur la transmission des règles d’interprétation de la musique modale (échelle, rythme, variation) à partir de la musique populaire bretonne. À partir de l’enseignement donné par des maîtres de musique modale, les jeunes interprètes de musique contemporaine réfléchissent à la construction de cette langue, pratiquent l’ethno-musicologie appliquée, la compréhension des écritures innovantes.
Les interprètes s’engagent durant un an, dont six mois de création et six autres en tournée. Ils se mettent en danger, hors du confort de leurs pratiques et certitudes. Issus de cultures orales ou de cursus de conservatoire, ils viennent aussi de diverses régions de France: une mixité revendiquée du collectif.
Kreiz Breizh Akademi est formé de douze jeunes musiciens et chanteurs sélectionnés par Erik Marchand, chanteur et clarinettiste, artisan orfèvre de la musique bretonne actuelle, Hélène Labarrière et Christophe Le Menn. Ils ont suivi, durant l’année 2014, une formation sur les règles d’interprétation de la musique modale. Le collectif # 5 est tourné vers les cordes frottées, soutenant aussi le chant de kan ha diskan des deux compères Youenn Lange et Jean-Luc Le Mouel, sous l’élan joyeux de dix instrumentistes (vielle à roue, violons, gadulka, contrebasse, violoncelles et percussions inventives).
Erik Marchand, directeur pédagogique, transmet brillamment à ces jeunes interprètes son goût de la recherche et de l’expérimentation musicales, depuis la culture traditionnelle bretonne,dont le chant qu’il porte lui-même sur les scènes, jusqu’aux Balkans et aux confins de l’Orient. Ils s’inspirent de musiques populaires, souvent tsiganes ou méditerranéennes,.
La cinquième promotion de la Kreiz Breizh Akademi donne vie à une musique dont l’esthétique est celle des ensembles à cordes moyen-orientaux aux couleurs des musiques actuelles improvisées, mais aussi du répertoire vocal de Basse Bretagne, tel qu’il évolue depuis plus d’un siècle.
Les musiciens étudient les théories savantes orientales, le maquam de Syrie et la pratique d’improvisation liée à un mode donné – répertoire breton ou forme savante. Le spectacle est un enchantement musical et vocal, attentif au chant du kan ha diskan qui raconte les déboires des fiançailles et épousailles d’une jeune fille, Marie-Louise.
Ce qui subjugue, c’est la belle unanimité du chœur des archets frottant les cordes dans une savante lenteur contrôlée, le pittoresque attachant de la vielle à roue, les audaces hétéroclites des percussions débridées et le mystère envoûtant des pleurs graves et tremblés de la gadulka céleste, bel instrument originaire de Bulgarie.
Véronique Hotte
Grand Théâtre, le 10 août Festival Interceltique de Lorient (FIL 2015 du 7 au 16 août)