Festival interceltique de Lorient
Festival Interceltique de Lorient du 7 au 16 août.
Calan et Kila
En première partie du spectacle, le public redécouvre Calan, un jeune groupe gallois de cinq musiciens et chanteurs pétillants : violon, harpe, accordéon et guitare, qui entraînent dans son sillage un public charmé.
Ils s’amusent des sonorités contemporaines et de leur mélange inventif avec des mélodies traditionnelles, portées par quelques danses en sabots gallois. Un témoignage artistique bien trempé, et la reconnaissance effective d’une génération qui associe instinctivement, et avec panache, une modernité vécue à fleur de peau, à sa culture galloise d’origine.
En seconde partie, le groupe Kila, agressif et vivant et ne déçoit pas l’attente d’un public connaisseur. Cornemuse et djembé, chants irlandais et gaéliques, Kila est un monstre sacré de sept interprètes habités, icône de la musique irlandaise contemporaine, dotés d’une énergie primitive, un dynamisme au souffle fort, des tremblements sourds et profonds qui secouent l’âme. Les trois frères O’Snodaigh mènent une danse musicale foncièrement irlandaise qui intègre en même temps, en un savant mélange et de bel arôme, aux sonorités les plus diverses venues d’Afrique, d’Europe de l’Est, d’Amérique du Sud ou du Moyen-Orient, dans un amalgame d’influences et de couleurs qui touche à l’universel.
Rendez-vous donc avec le genre puissant du funk celtique et de ses rythmes obsédants de transe : la palette pétillante des sons et des accents miroite à l’infini : groove de basse, riffs de cordes frottées, fascination rythmique de la langue gaélique, consonances orientales et africaines.
Ronan O’Snodaigh, figure charismatique du groupe, aux percussions, fait de son bodhran une seconde peau animale ; Rossa O’Snodaigh est multi-instrumentiste (tin et low whistles, guitare, fiddle et mandoline), de même le saxophoniste et flûtiste Colm, chanteur aussi de «sean nos » le vieux style gaélique.
Le joueur d’uillean pipes, Eoin Dillon joue de la flûte avec classe. Deux autres frères accompagnent la fratrie initiale, Brian et Lance Hogan aux cordes et aux percussions, ainsi qu’une élégante joueuse de fiddle, Dee Armstrong.
« Suas Sios », leur dernier album, révèle la maturité assumée du groupe. La dernière participation de Kila à la bande originale du film d’animation Le Chant de la mer de Tomm Moore donne aux musiciens une notoriété de dimension internationale.
Le compositeur Bruno Coulais s’est entouré de ces Irlandais de choc avec lesquels il avait déjà collaboré pour Brendan et le secret de kells .
Le Chant de la mer de réputation internationale a reçu diverses distinctions aux Oscars et César 2015. Et quelques extraits en sont joués durant le concert, les yeux du public sont rivés à l’écran, au fil de l’interprétation de la musique sur scène.
Ce concert de world Music est une démonstration heureuse de la haute technicité de la musique irlandaise, une multiplicité de notes jouée à une rapidité folle, à un rythme emporté et contrôlé.
Kila, groupe novateur et inspiré, joue vite et brillamment, en surfant sur des contrées africaines et multi-ethniques. Ils portent, au-delà de l’Irlande et avec elle, le monde entier à leurs côtés.
Véronique Hotte
Spectacle Calan – Kila, vu le 11 août à L’Espace Marine.