La Géographie des bords
Festival d’Aurillac:
La Géographie des bords, conception générale de Jeff Thiébaut, scénographie de Patrick Vindimlam
Jeff Thiébaut promène depuis longtemps ses étranges et poétiques personnages issus d’un univers fantasmé, comme dans Le Circuit D, Les Visites guidées, Les Tragédiques (1996), Indigènes (2003) et Noir (2006). On en sort désorienté, mais jamais indifférent.
Cette Géographie des bords attire une foule compacte rassemblée devant une porte fermée, où l’on croise un Mongol coiffé d’un bonnet de fourrure qui débite son boniment. Les portes s’ouvrent, nous nous retrouvons dans un enclos où deux installations mécaniques tournent sans fin, une bonimenteuse casquée nous invite avec un fort accent hispanique à nous «mettre en osmose parfaite avec les terrains d’expérimentation».
Elle enlève son casque, sort de notre espace adossé à un camion, on entend des bruits inquiétants de glouglous, un personnage ressort hilare pour proférer un discours muet, puis des borborygmes..Direction le stade de Wembley ! On nous sépare en deux groupes pour une visite guidée dans les rues avoisinantes.
Dans le groupe 2, notre guide présente un étrange appareil, y goûte, évoque un picotement des gencives et des molécules nutritives avec lesquelles la faim dans le monde pourrait être résolue. Anton avec sa chapka asiatique prend le relais avec un hula-hoop qu’il façonne en 8, et le laisse se replier sur lui-même, après avoir sangloté.
«Le bord de mer, c’est aussi le bord de terre ! » Un discours sur le béton et l’assèchement inéluctable de la mer d’Arral met fin à cette dernière station, avant qu’on nous ramène à notre point de départ, où un nouveau groupe pourra suivre la visite guidée…
Il faut accepter de continuer à perdre le Nord à la suite de ces tendres hurluberlus qui se risquent dans d’improbables acrobaties, pour déguster leur poésie farfelue.
Edith Rappoport