Princesse vieille reine de Pascal Quignard
Princesse vieille Reine de Pascal Quignard, mise en scène et interprétation de Marie Vialle
Après Le Nom sur le bout de la langue, conte de Pascal Quignard qu’elle a mis en scène et interprété, en s’accompagnant au violoncelle, comme Triomphe du temps, Marie Vialle poursuit sa route avec l’écrivain qui lui a écrit un texte sur mesure.
« Dans Princesse vieille Reine, explique-t-il, les contes seront beaucoup plus nombreux. Ce n’est plus un mouvement de sonate. C’est plutôt une longue suite baroque. Une longue suite de mouvements de danses, de robes, plus variés, plus affluents, plus contrastés. Princesse, puis vieille reine, tel est le destin des femmes. Une unique figure de femme se transforme dans de grandes robes de plus en plus belles. Une seule histoire faite de pleins d’histoires. »
En tutu de tulle vaporeux, l’actrice s’approprie l’espace en décrivant d’amples mouvements, avant d’endosser, en longue tunique, le personnage d’Emmen, fille de Charlemagne, dont elle narre les amours clandestines. La neige est tombée pendant que les amants s’étreignent dans «la loge noire d’un bûcher ».
Comment regagner la maison des femmes sans laisser de traces? « C’est ainsi qu’Emmen prit Eginhard à califourchon sur son dos. Sur ses hanches, la princesse Emmen retint avec ses mains les cuisses puissantes d’Eginhard. Elle avance dans la neige. (…) Titubante, sans qu’il la fasse vaciller, ni qu’il tombe, elle traverse l’étendue qui mène au palais de son père.(…) C’est depuis ce temps que les femmes ont pris l’habitude de porter les hommes sur leurs épaules. »
Après ce premier conte, changeant de rôle et de robe, Marie Vialle sera tour à tour la jeune captive, concubine de l’empereur de Chine, la maîtresse séduite et abandonnée d’un prince japonais, noyée dans la mélancolie de l’attente, une chatte voluptueuse, puis dans «un autrefois, avant tous les autrefois » une vieille reine au bout du rouleau, aux confins du monde occidental : « Je me sens lasse, je sens décembre dans mes os », se plaint-elle.
Décembre, les neiges d’antan : le blanc est la tonalité dominante de ces textes d’une grande délicatesse parfois teintés de quelques touches féministes. Malgré le style imagé de l’auteur, perlé de détails sensuels et d’une douce nostalgie, il y a dans Princesse Vieille Reine, une certaine mièvrerie soulignée par la mise en scène.
Certes, Marie Vialle est belle et joue avec grâce, mais elle nous transporte d’une princesse à l’autre, de la jeunesse à la mort, dans un compte à rebours sans suspens. Le déploiement systématique de costumes, qu’on peut trouver agaçant, tient lieu de seule dramaturgie, avec une juxtaposition de personnages sans autre nécessité que la performance d’une actrice.
Un spectacle léger, aussi peu consistant que ces flocons de neige si souvent évoqués. Certains tomberont sous le charme. Peut-être….
Mireille Davidovici
Théâtre du Rond-Point, Paris, jusqu’au 27 septembre, T: 01 44 95 98 21 www.theatredurondpoint.fr
Les 28 et 29 novembre à l’Equinoxe de Châteauroux ; les 19 et 20 janvier aux Espaces Pluriels, à Pau ; le 29 janvier, au Théâtre des Quatre saisons de Gradignan ; le 5 février, au Granit de Belfort et du 11 au 17 au Théâtre Garonne à Toulouse.
On pourra aussi retrouver Marie Vialle dans Ivanov de Tchekhov à L’Odéon-Théâtre de l’Europe, (reprise du 20 octobre au 1er novembre).
Princesse Vieille Reine est publié aux Editions Galilée.