Au-dehors

Au-dehors, texte et mise en scène d’Alain Ubaldi

  au-dehors-dr Ce matin-là, il se prépare à aller à son travail. Rien d’extraordinaire à cela. En chemin, un accident de la circulation: une femme lui est tombée dans les bras. Dix minutes de retard à son poste. Ce matin-là, et pour la première fois depuis dix ans qu’il travaille dans cette boîte, le patron circule dans l’entrée et croise le retardataire qui est est aussitôt licencié.
  Se joue alors un huis-clos en solo de cet homme exclu du monde, qui s’en invente un autre, autistique, plus réel et plus angoissant que le réel, plus oppressant encore. Jusqu’à en perdre le langage.  D’entrée de jeu, il écoute ses propres enregistrements « d’avant », ressassant son histoire, et le meurtre de son chef.
 Lentement, très lentement, il revit les moments ultimes de son exclusion et se perd dans l’inconscience d’un autre autre monde, clos, entouré de fenêtres qui s’allument et s’éteignent autour de lui. Au centre d’un univers quotidien et pourtant carcéral, il se réapproprie alors la parole, se heurtant à toutes les difficultés possibles, comme s’il devait reconnecter sa mémoire, dans un échange impossible, avec un interlocuteur imaginaire, qui est en fait le public.
Repassant par l’enfance, il revoit son drame, le revit, s’en aliène, l’accepte, comme le monde où il vit et où nous vivons. Que faire d’autre en effet, sinon accepter, telle une fatalité, l’absurdité de la violence du monde ?

 En réalité, il s’était préparé comme chaque matin, et s’était menti à lui-même, se sentant un homme parmi les hommes, simple et ordinaire, complexe et extraordinaire comme chacun d’eux. Et tout a basculé. Mais il fallait l’accepter…
  La mise en scène laisse toute la subtilité du texte affleurer, entre l’enfermement et l’au-dehors : finalement, cet être déchiré par cette opposition, peut-être rêve-t-il , mais en sommes-nous si sûrs ? La vidéo (Jean-Pierre Lenoir) de la première partie offre une image magnifique de cette opposition : les fenêtres des immeubles voisins sont bien extérieures, et constituent cet espace d’enfermement où le personnage que joue Stéphane Schoucroun, est isolé et replié sur lui-même.
 Dans une opposition dedans-dehors… Et même, quand à la fin, la fin il quitte sa cellule pour venir au-devant du public, il reste encore enfermé dans une implacable logique d’aliénation.  Stéphane Choucroun sait rendre toute la singularité de l’écriture, en incarnant à la perfection cet homme perdu qui balbutie dans un monde bruyant que, paradoxalement, l’on n’entend pas ici…

Serco Aghian

Théâtre de Belle Ville, passage Piver, (au 94 rue du Faubourg du temple)  Paris 11ème. T:  48 06 72 34,  jusqu’au au 6 octobre, les lundis à 21h15 et les mardis à 19h30. Rencontres après les représentations des lundis 21, 28 septembre et 5 octobre.

 

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