La Chienlit

La Chienlit texte et mise en scène d’Alexandre Markoff

 

Chienlit1Cette saison, le Théâtre 13 s’engage dans une véritable aventure : un feuilleton avec cinq épisodes d’une heure, de septembre à mai prochain, avec lequel il souhaite «renouer avec une certaine tradition épique du théâtre ».
 C’est donc un collectif, Le Grand Colossal Théâtre, avec douze comédiens, et sans vraiment de décor ni de costumes qui propose  une «série insurrectionnelle », avec pour cadre,  une ville qui pourrait être de la banlieue parisienne ou de province, avec son maire, son collège Victor Hugo, ses administrés qui se plaignent, et ses problèmes d’ordures ménagères.
 La première scène voit débouler les douze acteurs tous ensemble; ils prennent place autour d’une table. On ne comprendra que plus tard : dans un brouhaha indescriptible, ils parlent en même temps, et l’un d’eux nous offre un  discours très bavard, mais qui ne dit rien du tout, comme ceux auxquels on a tous assisté, Et toujours culpabilisant pour l’auditeur sur l’air de: «Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je me suis mal fait comprendre, ma fille de cinq ans pourrait comprendre  ça »!
Puis tout  dérive : les comédiens se mettent à faire un cercle autour de la table, deux  chorales  se forment et reprennent les phrases énoncées plus tôt ; bref, c’est un beau bazar qui donne lieu à des moments de théâtre très drôles, même si on ne comprend pas encore tout ce qui se passe.
  Paul Poupon, habitant de la résidence voit débarquer chez lui l’association des habitants mécontents,  sans qu’il ait prévu quoi que ce soit. Il cherche à remonter la filière pour savoir qui a organisé cette réunion sans l’avoir prévenu, et les gens s’installent dans son salon. La situation fait  bien sûr, penser au personnage du Château de Franz Kafka, victime de son destin. On ressent ce même sentiment  quand un peu plus tard, le maire se déplace en cortège pour trouver en vain  une salle de réunion: tout le monde est présent en même temps!
 Le texte bénéficie d’une écriture intelligente mais, malgré un rythme de jeu soutenu, certaines scènes n’évitent pas un humour un peu facile, et même si cela a l’avantage de plaire au public, cela gâche un peu l’aspect «saga dramatique» qui pourrait poindre. Et nous ne retrouvons pas  la tonalité des  Vivants et les morts de Gérard Mordillat qui avait une réelle intensité dramatique (voir Le Théâtre du Blog). Pour durer, il faut aussi savoir faire rire le public…
  Les comédiens sont dans l’ensemble très bons, mais on se demande comment ces épisodes pourront faire sens dans une série… Bien sûr, on finira par s’attacher à ces personnages et  on est curieux de savoir ce qu’ils vont devenir, comme dans n’importe quelle série de théâtre ou de télé.
Mais dans ce premier épisode, il n’y a pas vraiment d’attente, et la fin du spectacle, un peu abrupte, nous est signifiée par une scène qui fait très télé, avec des questions qui finissent par le traditionnel :  «Vous le saurez dans le prochain épisode de La Chienlit ».
Le découpage est aussi un peu curieux, avec cinq épisodes dont le premier durait à peine plus d’une heure !  Il aurait sans doute mieux valu en faire  moins mais un peu plus longs…
Le jeu est-il surtout de nous faire venir cinq fois au théâtre ? Et il n’est pas prévu de jouer une intégrale (mais le spectacle est à peine créé); c’est pourtant ce qui fait la force des vraies bonnes séries, et personne ne voit d’objection à aller voir un spectacle de neuf heures, quand, par exemple, il est signé  Wajdi Mouawad !
On reste cependant impatients quant à l’évolution de cette saga. Ce collectif a pris  avec courage un beau risque théâtral et nous aura mis en haleine. Le public jeune et nombreux a longuement applaudi les douze comédiens … Avant de les retrouver en novembre pour un deuxième épisode.

Julien Barsan

Théâtre 13 Seine. Premier épisode le 28 septembre (complet). Pour les épisodes suivants:   http://www.theatre13.com/

 

 

 

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