Un Poyo rojo
Un Poyo Rojo par le Teatro físico, mise en scène d’Hermes Gaido, chorégraphie de Lucciano Rosso et Nicolàs Poggi
Deux gymnastes, dans un vestiaire, en train de s’échauffer: tout en muscles, ils courent, cabriolent, se contorsionnent, tandis que le public prend place. Mais il ne s’agit pas d’athlètes ordinaires : ils s’avèrent aussi d’excellents danseurs et comédiens et leurs exercices prennent rapidement des allures de chorégraphie.
Partant d’improvisations, Hermes Gaido a conçu une dramaturgie cohérente pour ces fortes personnalités. C’est l’histoire de deux corps mâles mis en présence, qui s’affrontent, se confrontent, se reniflent, s’attirent, s’enlacent, s’embrassent, se cèdent, se repoussent…
Un jeu de pouvoir et de séduction d’où se dégage une forte libido, contrebalancée par de constants clins d’œil au public. Un brin cabots, tels des catcheurs, ces coqs de foire ! Juste ce qu’il faut pour captiver la salle. D’ailleurs, Luciano Rosso, tout de rouge vêtu, campe fort bien un de ces charmants volatiles, bréchet en avant, cou démesuré, croupion mobile ; Alfonso Barón son compère, en blanc, est plus délicat mais non moins bon danseur et performeur.
A un rythme endiablé, parfois rythmé par un poste de radio qui capte des musiques ou des infos en direct, les deux athlètes, puissants et souples, composent un théâtre sans parole, mais ô combien éloquent.Ce pas-de-deux singulier est réalisé avec brio, et humour. Les rires fusent dans la salle. Rien d’étonnant à ce qu’ Un Poyo Rojo (en argot «un coq rouge») se joue à guichets fermés depuis près de dix ans en Argentine.
Après Avignon, cet été, la pièce est reprise à Paris où elle emporte une fois encore l’adhésion du public. A la fin du ballet, ne manquez pas le bonus : une parodie de play-back hilarante, proposée par Luciano Rosso.
Mireille Davidovici
Théâtre du Rond-Point, jusqu’au 18 octobre. T: 0144 95 98 21
www.theatredurondpoint.fr