Francophonies en Limousin 2015 / suite
Francophonies en Limousin 2015 / suite
La programmation du festival inclut des spectacles jeune et/ou tout public
ᐃ ᓄᒃ [Inuk] mise en scène et scénographie de David Gauchard
Entre ciel et banquise, dans le silence des neiges, deux personnages en anorak se livrent à la pêche sur glace, munis de harpons, partent en kayak ou chassent le caribou.
Leurs gestes sont stylisés, leurs pas crissent sur le carré blanc phosphorescent figurant leur territoire. D’autre part, on nous raconte comment et pourquoi fut réalisé le film Nanouk l’Esquimau, dont on voit quelques extraits, suivi de l’invention des bâtons de crème glacée, alors qu’esquimau signifie mangeur de viande crue…
Le spectacle résulte d’un travail documentaire sur le peuple inuk, la perception qu’en a le monde occidental, et d´une réflexion sur le devenir de la planète à travers la débâcle du pôle Nord. Pour ce faire, David Gauchard et son équipe sont partis au Nunavik, terre des Inuit, dans le village de Kangiqsujuaq. Ils ont recueilli des témoignages d’habitants, dont ils nous livrent les propos inquiets. Sur ce fond de réalité, surgissent les figures totémiques de trois animaux sacrés de la cosmogonie polaire: le pingouin, le phoque et l’ours blanc, sous forme de masques portés par les acteurs ou de dessins projetés sur l’écran du ciel.
« Ce spectacle s’appelle ᐃ ᓄᒃ [Inuk] . En inuktitut, cela signifie l’homme. A travers son écriture, nous avons cherché un équilibre entre l’onirisme du grand Nord et la réalité contemporaine « dit le metteur en scène. Il en résulte des images épurées, ponctuées de signes d’un indéchiffrable alphabet, et accompagnées par un musicien exceptionnel, L.O.S (Laurent Duprat). Champion de France de multivocalisme, il produit, en soufflant dans son micro, des sons étranges, des bruitages: une sorte un chant a cappella polyphonique.
Ce spectacle poétique tire le signal d’alarme sur le réchauffement climatique et la disparition des espèces. Il alerte les petits ( à partir de sept ans) et les grands sur le sort des Inuit qui, eux savent vivre en harmonie avec la nature.
Un brin didactique, il fonctionnerait même sans textes et surtitrages. Mais nous nous laissons vite emporter par cette rêverie polaire.
Création du 24 au 26 septembre au festival des Francophonies en Limousin. Du 3 au 7 octobre au TNG /Lyon; le 13 octobre : Aubusson Scène Nationale; le 16 octobre au Festival Marmaille, Rennes /LLe Grand Logis / Bruz ; les 6 et 7 novembre au Théâtre de L’Olivier à Istres ; les 3 et 4 décembre au Canal Redon ; les 6 et 7 décembre : L’Arc, Rezé; du 10 12 décembre à La Filature, Mulhouse ; du 16 au 19 décembre : Le Grand Bleu, Lille ;les 7 et 8 janvier : Espace Jean Legendre, Compiègne ; du 11 au 13 janvier : Théâtres en Dracénie, Draguignan ; du 20 au 22 janvier à la Maison des Arts de Créteil ; du 31 janvier au 1er février : Festival MOMIX, Kingersheim ; du 4 au 6 février : MA scène nationale, Montbéliard ;11, 12, 15 février : L’Hexagone, Meylan ;14-18 mars : Espace Malraux, Chambéry ; le 24 mars à L’ARC, Le Creusot ; les 31 mars et 1er avril à L’Echappée, Sorbiers ; du 7 au 9 avril : Théâtre de Villefranche ; 26 au 29 avril : au CDR, Tours et du17 au 22 mai : Am Stram Gram, Genève
Kamyon conception de Michael de Cock et Rudi Genbrugge.
Nous entrons dans un énorme remorque de camion, stationné aux confins de Bourganeuf, coquet village à une heure de Limoges. Dans cet habitacle sont installés onze rangées de bancs de bois; devant nous s’entassent des caisses en plastique multicolores,seul décor pour cette invitation au voyage. Un voyage comme en font actuellement des milliers d’enfants, sur les routes d’Europe, fuyant leur pays en guerre… Une petite fille nous raconte le sien. Comment elle est partie, ce qu’elle ressent d’avoir dû laisser derrière elle sa maison, ses jouets, ses amis, sa grand-mère et son père. Son école et son pays en ruine.
Pour se consoler, elle s’imagine à bord d’une fusée, s’inspirant du Manuel du cosmonaute courageux, une de ses lectures favorites. Le vieux cheval derrière lequel le passeur, un certain Moustache l’a cachée avec sa mère va lui apporter sa sagesse animale…
Présentée en lecture par Michael De Cock au printemps dernier à Limoges (voir Le Théâtre du Blog Nouvelles zébrures à Limoges, 24 mars), la pièce tient ses promesses. Elle a trouvé sa forme avec un dispositif scénique très astucieux qui tire partie de cet espace confiné et s’anime grâce à des projections.
Jessica Fanhan nous entraîne dans le monde enfantin de la gamine et nous fait partager ses interrogations : » Pourquoi la guerre ? L’optimisme de la jeunesse : » Si tout n’est pas encore ok, alors il est impossible que ce soit la fin. » Sa foi en l’avenir : « Quand je serai grande, je construirai des maisons qui ne s’effondrent pas. »
Rudi Genbrugge, du fond de la salle chante de belles mélopées et joue du saz, de la flûte ou de l’accordéon Il prête aussi sa voix au vieux cheval philosophe : « Pourquoi les hommes détruisent tout ? lui demande la fillette – Peut être parce qu’ils ont oublié qu’ils sont des hommes », répond-t-il.
Le metteur en scène, directeur du théâtre Arsenaal à Malines (Belgique), travaille depuis dix ans autour du thème de la migration. Après Istanbul, la Slovénie, et la Belgique, c’est en français cette fois qu’il adresse ce spectacle généreux, poétique et pertinent au public de Limoges.
Ne manquez pas d’y assister, de préférence en compagnie de vos enfants.
Kamyon vient s’installer en ville dès lundi .
Mireille Davidovici
A suivre
Du 30 septembre au 3 octobre.
Les Francophonies en Limousin T. 05 44 23 93 51