Terre océane

TO_3-56

Terre océane, un roman dit, de Daniel Danis, mise en scène Etienne Pommeret

 

C’est une histoire tendre et difficile que Daniel Danis nous raconte là : le jour de ses quarante ans, Antoine apprend que son fils lui tombe du ciel. L’enfant avait été désiré, voulu, aimé, adopté, et puis le couple s’était séparé…
Les voilà, père et fils, inconnus l’un pour l’autre, à la découverte l’un de l’autre. Pas facile : et mon boulot ? Et  celui-là ? On apprend vite pourquoi la mère a “renvoyé“ son fils : il est  atteint d’une maladie incurable, c’est trop dur. Personne ne lui jettera la pierre. Antoine, l’urbain, le producteur hyperactif, décide d’emmener Gabriel à la campagne, chez l’oncle Dave, son père de remplacement. Il y a des familles comme ça…
Et là, peu à peu, le monde s’élargit en même temps que la vie de Gabriel rétrécit. Bercé, tenu par ce père qui, cette fois, a pris le temps de l’adopter entièrement, guidé par le vieux fou qui connaît les histoires des Indiens, la musique et la fumée qui mène au paradis, il pourra partir en paix.
Daniel Danis définit ce texte comme un  roman dit. Il tient en effet au théâtre-récit, mais aussi à la partition musicale. En fait, il glisse d’une forme à une autre en douceur, selon les nécessités du récit et des âmes. À côté des trois acteurs qui incarnent ou racontent leurs personnages (Sharif Andoura, Karim Marmet, Etienne Pommeret et Sarah Taradach), se glisse une narratrice maternelle (Catherine Morlot). Elle les accompagne, s’efface, revient, les soutient, en douceur, en toute pudeur, et comme les autres comédiens, c’est un travail d’une parfaite précision, répondant à l’écriture proprement musicale de Daniel Danis.
La scénographie de Jean-Pierre Larroche a la même simplicité : une table de régie, sobre, avec  les accessoires et les jouets nécessaires le moment venu. Un quotidien vécu pleinement se crée devant nous. Une toile à demi levée trace le mur de la maison, et des milliers de mots apparaissent, comme murmurants, presque effacés, en face de ceux qu’on entend.
Tout cela crée un monde enveloppé par le dit, par la fragilité et la force de la parole : celle de Daniel Danis a la vigueur, l’invention du français parlé au Québec, sans folklore : le petit glossaire qu’on nous donne est presque inutile, tant ses mots savent toucher juste, du côté des larmes et du rire. Bien sûr, nous devinons la fin de l’histoire. Bien sûr, il y a là de la tragédie.
Mais l’on sourit souvent, on retient son souffle, et le spectacle nous conduit jusqu’à plonger, avec Antoine, Gabriel, Dave, Charlotte, dans l’étendue et la profondeur de la Terre océane, sans craindre sa propre émotion.Il faut aller au Théâtre de l’Échangeur de Bagnolet prendre ce bain de tendresse, délicat et revigorant.
Ce n’est pas difficile : vous prenez le métro jusqu’à Galliéni, et en sortant, dos au périphérique, c’est   à deux cent  mètres,  et c’est bien signalé.

 Christine Friedel

 Théâtre de L’échangeur à Bganolet. T: 01 43 62 71 20, jusqu’au 23 octobre.

 

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