Le Monstre du couloir
Le Monstre du couloir de David Greig
Pauline Sales et Vincent Garanger dirigent Le Préau/Centre Dramatique Régional de Vire, et, depuis 2009, en ont vite fait un lieu de culture dynamique avec des créations qui dépassent les frontières normandes. Cet été à Avignon, on a beaucoup parlé de Sur la page Wikipedia de Michel Drucker , et Quand j’étais Charles faisait le plein. Quelques années plus tôt, En travaux avait ravi le monde du théâtre.
Le Préau a aussi depuis sept ans son festival pour ados, un temps fort, fait pour et par eux (voir dans Le Théâtre du Blog la chronique de l’édition 2014), et c’est assez rare pour être signalé. Le Monstre du couloir y a été créé, et vient d’être repris sur la scène du Théâtre de l’Opprimé à Paris, bien plus petite que celle de Vire.
C’est l’histoire de Duck, élevée seule par un père que la sclérose en plaques commence à rendre aveugle. Duck, est le diminutif de Ducati, marque de la moto qui passionna ses parents mais avec laquelle sa mère se tuera contre un arbre, en voulant faire la course. C’est plutôt Duck qui s’occupe de son père mais il va leur falloir faire l’inverse puisqu’une assistante sociale est venue les contrôler. Tous deux craignent qu’à cause de l’incapacité grandissante du père, Duck ne soit placée dans un foyer.
Tout cela paraît bien triste mais la dramaturgie de David Greig est remarquable et la mise en scène de Philippe Baronnet, artiste permanent du Préau, intelligente et rythmée. Une assistante sociale et l’amoureuse du père qui joue avec lui à des jeux vidéo en ligne font une apparition remarquée (toutes deux interprétées par Aurélie Edeline).
Dans la scène où elles se rencontrent, l’actrice change juste de perruque, passant de l’un à l’autre personnage. Olivia Chatain (la jeune fille) est très crédible, et les chansons et bruitages d’un guitariste rythment bien la pièce. Avec une mise en scène pleine de trouvailles, Philippe Baronnet évite de filer les métaphores et d’étirer les anecdotes ; derrière le récit, se cachent des thématiques fortes pour des adolescents : amour, homosexualité, séparation avec les parents….
Un bel exemple de pièce pour les jeunes qui ravira aussi un public plus âgé ; on en sort avec une belle énergie !
Julien Barsan
Théâtre de l’Opprimé à Paris .