Available Light

Available Light, chorégraphie de Lucinda Childs, musique de  John Adams

 

Availaible Light (1983) n’a rien perdu de son originalité et de son énergie. La pièce s’inscrit dans une recherche formelle qui caractérise la danse post-moderne américaine. La chorégraphe new-yorkaise a opté, dès les années 1970, pour le minimalisme, dans le lignée de Merce Cunningham, l’un de ses maîtres.
Pour ce ballet, elle utilise de manière radicale la partition de la scène sur deux plans scéniques proposée par l’architecte Frank Gehry, à qui l’on doit notamment la Cinémathèque française et la fondation Vuitton à Paris.
« J’aimais l’idée de quelque chose qui casserait l’espace, dit Lucinda Childs, mais sans réduire la place réservée à la danse et la seule matière de faire cela, c’était de créer un autre niveau, un étage.» En effet, ce dispositif démultiplie les possibilités de combinaisons chères à la chorégraphe. Les onze danseurs occupent le double plateau : deux en haut, puis un et jusqu’à trois, tandis qu’en contre-bas, les autres danseurs évoluent, tous ensemble, ou alternativement, quatre par quatre, trois par trois, les autres marquant de courtes pauses. Comme des silences à l’intérieur du mouvement.
La musique, elle, ne s’arrête jamais, sauf pendant le noir qui délimite les deux parties de la pièce. John Adams développe une rythmique à huit temps et à six pour les parties plus rapides, avec des thèmes qui se répètent ad libitum,  tout comme les figures simples, empruntées à la danse classique, exécutées à l’identique, à l’unisson ou de manière décalée par chaque  interprète, homme ou femme.
Tous habillés de tuniques rouges, noires ou blanches, jambes nues, ils dessinent dans les deux espaces des tracés géométriques, des lignes horizontales, verticales, diagonales. Ici, nul solo, pas-de-deux, trio ; pas de mouvement au sol, ni de porté,  ni jamais de contact entre les corps.
Chaque interprète est un électron qui navigue dans un champ de forces multidimensionnelles. Un atome de couleur au sein d’un réseau de formes en déplacement, mues par des sons et rythmées par les éclairages, et pris dans un vaste mécanisme savamment agencé.

Totalement épuré, le spectacle fascine, plus qu’il ne séduit, par les infinies combinaisons qu’il propose. Envoûté par la musique entêtante de John Adams, hypnotisé par le mouvement perpétuel des corps dans l’espace, le spectateur part pour une aventure formelle où la danse se fait à la fois concrète et abstraite.
Il faut revoir ou découvrir cette œuvre emblématique avec laquelle Lucinda Childs, John Adams et Frank Gehry ouvraient la voie à bien des chorégraphes contemporains.

 

Mireille Davidovici

 

Théâtre de la Ville jusqu’au 7 novembre: theatredelaville-paris.comT: 01 42 74 22 77

www.festival-automne.com

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Archive pour 1 novembre, 2015

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Available Light, chorégraphie de Lucinda Childs, musique de  John Adams

 

Availaible Light (1983) n’a rien perdu de son originalité et de son énergie. La pièce s’inscrit dans une recherche formelle qui caractérise la danse post-moderne américaine. La chorégraphe new-yorkaise a opté, dès les années 1970, pour le minimalisme, dans le lignée de Merce Cunningham, l’un de ses maîtres.
Pour ce ballet, elle utilise de manière radicale la partition de la scène sur deux plans scéniques proposée par l’architecte Frank Gehry, à qui l’on doit notamment la Cinémathèque française et la fondation Vuitton à Paris.
« J’aimais l’idée de quelque chose qui casserait l’espace, dit Lucinda Childs, mais sans réduire la place réservée à la danse et la seule matière de faire cela, c’était de créer un autre niveau, un étage.» En effet, ce dispositif démultiplie les possibilités de combinaisons chères à la chorégraphe. Les onze danseurs occupent le double plateau : deux en haut, puis un et jusqu’à trois, tandis qu’en contre-bas, les autres danseurs évoluent, tous ensemble, ou alternativement, quatre par quatre, trois par trois, les autres marquant de courtes pauses. Comme des silences à l’intérieur du mouvement.
La musique, elle, ne s’arrête jamais, sauf pendant le noir qui délimite les deux parties de la pièce. John Adams développe une rythmique à huit temps et à six pour les parties plus rapides, avec des thèmes qui se répètent ad libitum,  tout comme les figures simples, empruntées à la danse classique, exécutées à l’identique, à l’unisson ou de manière décalée par chaque  interprète, homme ou femme.
Tous habillés de tuniques rouges, noires ou blanches, jambes nues, ils dessinent dans les deux espaces des tracés géométriques, des lignes horizontales, verticales, diagonales. Ici, nul solo, pas-de-deux, trio ; pas de mouvement au sol, ni de porté,  ni jamais de contact entre les corps.
Chaque interprète est un électron qui navigue dans un champ de forces multidimensionnelles. Un atome de couleur au sein d’un réseau de formes en déplacement, mues par des sons et rythmées par les éclairages, et pris dans un vaste mécanisme savamment agencé.

Totalement épuré, le spectacle fascine, plus qu’il ne séduit, par les infinies combinaisons qu’il propose. Envoûté par la musique entêtante de John Adams, hypnotisé par le mouvement perpétuel des corps dans l’espace, le spectateur part pour une aventure formelle où la danse se fait à la fois concrète et abstraite.
Il faut revoir ou découvrir cette œuvre emblématique avec laquelle Lucinda Childs, John Adams et Frank Gehry ouvraient la voie à bien des chorégraphes contemporains.

 

Mireille Davidovici

 

Théâtre de la Ville jusqu’au 7 novembre: theatredelaville-paris.comT: 01 42 74 22 77

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