L’Orchestre de papier

 

L’Orchestre de papier  conception et  jeu de Max Vandervorst, mise en scène d’Alain Moreau

image  Deux feuilles pliées en éventail, et c’est le froissement d’ailes d’un papillon qui s’envole ; un souffle dans un carton posé sur un verre d’eau, et l’on entend coasser une grenouille. Un cône de papier percé de trous devient pipeau, flûte ou trompette selon la taille de l’instrument. Un boîte de lessive Bonux sera le corps d’une guitare basse…
Max Vadervost, compositeur et maître belge en «lutherie sauvage», invente et présente depuis 1988, des instruments de musique fabriqués à partir d’objets de fortune.

Entre ses doigts, tout devient matière sonore. Après des bouteilles en plastique et des boîtes de conserve vides, le musicien s’attaque, à coups de ciseaux, au papier et au carton. Orchestre de papier exploite toutes les ressources de ce matériau banal. Peu à peu, le montreur de sons fabrique et  exhibe devant nous sa panoplie de vents, cordes et percussions, dont il joue en alternance ou  simultanément.
  Homme-orchestre, il excelle aussi bien dans le jazz, le rock-and-roll que dans la musak de bal, ou se lance dans une tyrolienne endiablée avec, respectivement, une boîte de Toblerone et de Vache-qui-rit en guise de maracas, collées sur ses chaussures, accompagnée d’une rhombe tournoyant sur son chapeau pointu. Il y a du clown chez ce poète, fondateur aussi d’une Maison de la Patophonie qu’il définit ainsi : royaume musical aux frontières ondulantes.
 La musique y est célébrée au quotidien, sauf le 21 juin qui est la fête du silence. On y accède par le soupir d’une porte, une promenade au clair de la lune, un soir de poubelles dans les rues de Bruxelles, en interprétant Plaisir d’Amour sur une gamme de pots de fleurs dans la jardinerie d’un Bricorama. La fantaisie est au rendez-vous.
Les enfants, à qui s’adresse ce spectacle ludique, ne s’y trompent pas : ils se taisent ou rient, séduits par la virtuosité, l’inventivité, la drôlerie et la désinvolture de l’artiste. Et les adultes ne sont pas en reste. Courez voir ce spectacle réjouissant, avec ou sans enfants…

Mireille Davidovici

Le Grand Parquet, 35 rue d’Aubervilliers 75018 T: 01 40 05 01 50 jusqu’au 15 novembre. http://www.maxvandervorst.be/spectacles/spectacles-en-tournee/l-orchestre-de-papier/


Archive pour 6 novembre, 2015

Thomas

 

 

Thomas, texte de Thomas Bernhard, adaptation, traduction de Christiane Ghanassia, mise en scène de Gilles Pastor

  Thomas_046Le célèbre autrichien Thomas Bernhard (1931-1989), auteur de plusieurs recueils poétiques, textes et nouvelles, et de vingt pièces dont la fameuse Place des Héros (1988) entrée au répertoire de la Comédie-Française, est maintenant bien connu du public  français.
Enfant naturel, comme on disait, il eut d’abord une douce, à Seekirchen, dans la campagne près de Salzbourg, élevé par sa grand-mère et son  grand-père, l’écrivain Johnannes  Freumbichler.  

 Mais c’était la seconde guerre mondiale et  à onze ans, il fait un séjour dans un camp national-socialiste où il est maltraité, puis est mis dans un internat nazi.
Puis il vit en Bavière avec sa mère,  et retourne dans cet internat  «sale et froid» où il  subit aussi  le cauchemar des bombardements. Il a une sainte horreur de l’école et, à seize ans, choisit d’être apprenti dans une épicerie, mais, dehors dans le froid,  à décharger des sacs de pommes de terre, il va tomber malade d’une grave pleurésie.
A l’hôpital en 1949, les médecins le croient perdu, et il apprend par le journal désespéré, que son grand-père chéri puis sa mère l’année suivante, sont décédés et il décide alors de quitter le monde des mourants qui l’entourent et d’affronter la vie. Bref, une jeunesse pourrie et atteint d’un
e maladie pulmonaire qui ne le quittera plus, aura raison de lui en 1989.
Thomas Bernhard raconte très bien et avec une ironie des plus féroces, dans cinq récits, cette enfance et cette adolescence effroyables qui l’ont marqué à jamais, avec une haine/fascination pour son pays et ses institutions… qu’il ne quittera pourtant pas, et un profond dégoût des Autrichiens, que l’on retrouvera plus tard dans toute son œuvre. L’écrivain reconnu avait grand plaisir à provoquer des scandales qui émaillèrent ainsi sa carrière.

Gilles Pastor a eu l’idée de mettre en scène  un monologue de quatre-vingt dix minutes, adapté de ces textes où l’on retrouve déjà la plupart des thèmes de son théâtre : la haine constante de toute autorité, la mort des proches, la maladie qui vous diminue…
  Sur le grand plateau nu du Théâtre de la Croix-Rousse, deux fauteuils des années cinquante, un fauteuil de toile, une chaise, et un écran blanc où est projetée en permanence l’image d’une belle vallée alpine avec prairies, sapins avec dans le fond, des montagnes enneigées. Vallée qui se retournera entièrement, reviendra à son aspect initial et qui passera ensuite de la couleur au noir et blanc, sans que l’on sache vraiment pourquoi! A noter cependant : quelques belles minutes où on voit le grand-père de Gilles Pastor.
Malgré tout ce système vidéo, assez peu justifié, est un bel exemple de pollution visuelle qui n’a pas grand chose à voir ni avec un spectacle théâtral, ni avec les textes de Thomas Bernhard, ou si peu. Alors que l’on sait depuis longtemps que, sur une scène, le visuel occupe plus de 50% de l’information délivrée…

  Jean-Marc Lavocat a une diction précise et fait le boulot. Gilles Pastor avait sans doute ses raisons à lui de le choisir mais un jeune comédien aurait sans aucun doute beaucoup mieux exprimé la fureur de vivre et les colères de Thomas, adolescent. La direction d’acteurs est ici aux abonnés absents. Pourquoi ce ton monocorde et trop sage en général, et ce peu de nuances? Pourquoi cette position statique en permanence?
  Le spectacle, au soir de cette générale, ressemblait à un travail en cours qui pourrait se bonifier mais il faudrait d’abord revoir la direction d’acteurs et la part accordée à la vidéo, corriger les éclairages assez maladroits (on voit souvent mal le visage du comédien  à cause de la lumière dispensée par cette vidéo invasive !)  et réduire ce texte d’une vingtaine de minutes. Bref, il y a encore du travail. Donc à suivre…
  Enfin, on retrouve ici, comme concentrées, les colères flamboyantes des pièces du dramaturge autrichien, et cela peut donner envie à ceux qui ne le connaissent pas encore, de le découvrir.

 Philippe du Vignal

Théâtre de la Croix-Rousse, Lyon (IV ème) jusqu’au 7 novembre.

 

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