POP UP garden
POP UP Garden, direction artistique de Davide Venturini et Francesco Gandi, chorégraphie de Stefano Questorio et Valentina Consoli
La compagnie T.P.O. est bien connue pour avoir créé un théâtre d’images d’une haute technologie, chorégraphié et plutôt destiné au jeune public. POP UP Garden relève d’une relation singulière et ludique avec les arts visuels, et se vit donc comme le fruit d’une expérimentation sur les nouveaux langages digitaux, associés à la danse, la musique et la poésie. Le concept de ce théâtre se caractérise par un espace qui interagit avec le public.
Avec une installation scénique bi-frontale dotée d’un tapis de danse sensible, équipé de capteurs à pression et d’une technologie sophistiquée, cette création rafraîchissante a pour thème, universellement proche et réconfortant, la nature et des jardins. Inspirée des livres de Gilles Clément, paysagiste, botaniste et écrivain (Traité succinct de l’art involontaire, 1997…).
Nous assistons ici à une rencontre inédite entre Nature et Science qui, foncièrement technique et manipulatrice, touche à la Nature, élément irréductible et non manipulable, en l’associant au théâtre et à la danse. POPUP garden est un spectacle vivant qui flirte de façon insistante, avec la technologie. Il suffit d’un rien comme le pas léger de Stefano Questorio ou la danse charmante et poétique de Valentina Consoli sur un tapis dessiné, pour qu’agisse la magie et qu’apparaissent alors des images solaires ou lunaires, terrestres ou célestes, arides ou gorgées de vie, avec feuilles vertes sur leurs tiges élégantes, pétales de fleurs épanouies, et oiseaux délicats d’estampes japonaises.
Les enfants confiants et facétieux déposent un pied léger sur la scène, de manière imaginaire depuis la salle, puis physiquement, à la fin du spectacle. C’est un drôle de sol qui bouge sous nos pieds, et dont on ne maîtrise rien. Aussitôt surgissent, glissent et s’échappent des images vidéo, admirables autant qu’inaccessibles, mirages entrevus et envolés aussitôt, avec des nuages blancs dans le ciel bleu, ou des pivoines rouges et charnues, qui semblent fuir la terre même.
Aux couleurs chaudes et chatoyantes de l’automne, succède le grand hiver sec et rude qui investit l’espace, entre fumées et étrangetés insaisissables. Après la mort, la vie renaît, victorieuse, faisant fi du passé et tendant le doigt vers les horizons futurs. Cette forme visuelle et sonore, mouvante et immersive, donne à voir images, sons et couleurs d’une haute technologie. Mouvements, sons et voix sont repris par des caméras et micros invisibles, et jouent avec les déplacements des interprètes.
Parler de la planète est d’une actualité brûlante : terre, plantes et fleurs, l’homme est un jardinier qui observe et entretient ce que la Nature lui procure: une matière aidée par le vent, la pluie et le soleil mais aussi meurtrie par le froid et le gel. Ces mouvements volatils et transparents sont recueillis par les êtres attentifs à ce trésor collectif qui cultivent leur jardin pour leur survie.
Énergie, vents et tempêtes, courants d’air et flux d’eau, la terre ne cesse jamais une danse que l’homme suit avec plus ou moins de bonheur. Cette leçon artistique envoûtante est aussi un hommage subtil rendu à la Terre et à l’enfance inventive.
Véronique Hotte
Théâtre National de Chaillot, du 5 au 14 novembre. Tél : 01 53 65 30 00. Bonlieu-scène nationale Annecy, du 5 au 7 janvier. Cluses, le 9 janvier. Maison des arts du Léman, Thonon-Evian-Publier, les 15 et 16 janvier. Lux-Scène nationale de Valence, du 20 au 22 janvier. Espace Malraux-Scène nationale Chambéry-Savoie, du 8 au 12 février.