J’avais un beau ballon rouge

Mara veut refaire le monde, et lui, veut la protéger. Ils vont s’affronter sur le terrain idéologique mais en toute tendresse. Si l’épisode des Brigades rouges rappelle le nouveau terrorisme qui fleurit aujourd’hui sur fond de révolte, J’avais un beau ballon rouge n’opère cependant aucun amalgame de ce genre mais l’actualité nous incite à de tels rapprochements.
Michel Didym orchestre habilement ce duo joué avec cœur par Richard Bohringer et sa fille Romane: «C’est, dit-il, le dialogue entre eux, leur opposition, et le drame humain qui sont intéressants, comment naît le sentiment de révolte, comment la jeunesse aspire à la liberté et veut s’émanciper ?»
Dans une langue populaire, traduite un peu à l’emporte-pièce par Caroline Michel et Julie Quenehen, se noue un conflit générationnel mais aussi une belle histoire d’amour filiale: entre les mots, dans les silences et les non-dits, fusent leur attachement inconditionnel l’un à l’autre, dans la tempête de ces années folles…Jusqu’à la mort: Margherita sera abattue par la police en 1975, et son père, atteint d’un cancer, la suivra de près dans la tombe.
Le décor, simple et réaliste, s’anime avec une mobilité croissante et les éclairages ouvrent un champ onirique, au-delà des cloisons ; des projections de films d’actualité apportent aussi la profondeur nécessaire. La musique intervient fort à propos dans les interstices du dialogue.
Il y a ainsi dans le spectacle un équilibre constant entre l’univers intime des protagonistes et une reconstitution de l’Histoire dont les dates s’inscrivent en fond de scène, d’octobre 1965 à juin 1975, et ponctuent la folle épopée de Margherita Cagol comme son évolution personnelle, sous le regard sévère mais conciliant de son père.
La pièce est publiée aux Solitaires Intempestifs.
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