La Valse du hasard
La Valse du hasard de Victor Haïm, mise en scène de Carl Hallak et Patrick Courtois
Depuis La Peau du Carnassier (1963), Victor Haïm a écrit de nombreuses pièces, dont La Valse du hasard qui a tout juste trente ans. C’est, dit-il, une sorte d’allégorie « à la fois tragique et farcesque, qui comporte toutes mes préoccupations qui vont de la terreur que m’inspirent les rapports de domination, à cette absurdité que renferme l’arbitraire”.
Le voyage aux enfers et l’évocation des morts est un thème très ancien en littérature et au théâtre (voir le sixième chant de L’Enéide de Virgile, et Les Perses d’Eschyle avec le fantôme du roi Darios). Puis, entre autres et sur le mode parodique: les aventures d’Arlequin dans l’autre monde au XVIIème siècle, et bien sûr, Orphée aux enfers de Jacques Offenbach.
Ici, nous sommes bien au XX ème siècle et, merci docteur Freud, il y a de l’analyse psychique dans l’air ! Une belle jeune femme conduisait sa voiture à 220 kms/h dans le brouillard… Donc, aucune chance pour elle de s’en sortir vivante!
Elle arrive donc dans un bizarre petit bureau de l’au-delà, comme on dit, où sont entassées des dizaines de valises, témoignage de l’aller sans retour des nombreux clients qui l’ont précédée…
Un ange/fonctionnaire assis à un pauvre bureau lui impose de jouer à un jeu dont les règles ne sont pas claires, mais grâce auquel elle peut espérer gagner un passeport pour l’éternité.
Ils vont s’affronter dans des questions/réponses où il a souvent l’avantage, ce qui se traduit par une remise de jetons, dont le tas ne cesse d’augmenter ou de diminuer… Mais tous les deux sont aussi vulnérables que manipulateurs, voire cruels, et toujours assez pervers. Le bien, le mal, le juste et le malhonnête, la vérité et le mensonge, le conscient et l’inconscient des actes humains dans la balance du destin au gramme près…Bon, après tout, pourquoi pas ?
Marie Delaroche et Patrick Courtois font le boulot, dans une mise en scène soignée. Mais la pièce, d’abord sympathique, se révèle vite assez bavarde et date vraiment; passé le premier quart d’heure, cette petite histoire souvent «téléphonée» et que la note d’intention nous promet comme «poétique, violente, émouvante, haletante» (n’en jetez plus!) fait long feu, et n’a rien qui puisse nous toucher vraiment. Non, « le texte n’est pas riche et passionnant »; non, le suspense n’est pas « intense », comme le prétendent un peu vite les metteurs en scène.
Et ce qui pourrait faire, de ce duel entre un homme et une femme, un bon sketch, ne tient pas la route sur une heure vingt… On s’ennuie ? Oui, un peu!
Voilà, à vous de voir mais on ne vous poussera pas à y aller.
Philippe du Vignal
Studio Hébertot 78 bis Boulevard des Batignolles 75017 Paris. A 19h.