Revue Rouge, mise en scène d’Eric Lacascade

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Revue Rouge, mise en scène d’Eric Lacascade, direction musicale de David Lescot

 

On connaît bien Nora Krief : on l’a vu récemment comédienne au théâtre dans Le Malade imaginaire, mis en scène par Michel Didym (voir dans Le Théâtre du Blog). Chanteuse, elle a aussi interprété des textes de François Morel, et Les Sonnets de William Shakespeare avec  Shakespeare in love.
Elle récidive avec un répertoire bien différent : des chants révolutionnaires d’hier et aujourd’hui. «Je chante, dit-elle, et je vais incarner ces chants de lutte, et me mettre au service d’une cause et une seule : celle de se mettre en garde contre l’oubli, de rester vigilant et tolérant.»
C’est justement par ces mots: Vorwärts und nicht vergessen (En avant et n’oublions pas), que commence das Solidaritätslied, écrit en 1931 par Bertold Brecht et mis en musique par Hans Eisler, pour le film Kuhle Wampe, interdit par la censure.
De la Prière punk des Pussy Riots, à L’Appel du Komintern (musique d’Hans Eisler, paroles de Franz Jahnke), de la Makhnovtchina, hymne de l’armée ukrainienne, menée par l’anarchiste Nestor Makhno, à Ay Carmela, chant populaire adopté par les Républicains espagnols, on fait le tour des révoltes et révolutions du monde occidental.
 On entend aussi, en espagnol, El Pueblo unido jamás será vencido (Le peuple uni ne sera jamais vaincu) du groupe chilien Quilapayun, composé par Sergio Ortega et devenu un symbole de solidarité pour les peuples opprimés du monde entier, comme toutes les œuvres présentées ici. Traduit en plusieurs langues, l’air a même été repris en Iran, par les militants de la révolution islamique ! …
Certains morceaux ont été remis au goût du jour comme La Grève des mères de Gaston Montéhus (1872-1952), chansonnier français, d’abord socialiste modéré, qui évolue en 1906 vers un antimilitarisme radical. La chanson transformée en rap par David Lescot convient au timbre grave de Nora Krief.
D’autres, plus conformes à la partition d’origine, ont subi des arrangements rock assez pesants. Au milieu de ces chants guerriers, on apprécie le moment d’accalmie que procure Tire une balle dans ma tête (musique de Damien Lehman, paroles de David Lescot), bel hommage poétique à Rosa Luxemburg.
Pour contrebalancer le chant communiste espagnol El quinto regimient, Eric Lacascade entonne au micro, d’une voix mal assurée Les Anarchistes de Léo Ferré. On se souvient alors du sort que leur avaient réservé les communistes espagnols et soviétiques! Généreuse et énergique, cette Revue rouge déclenche une certaine nostalgie, quand on connaît l’issue des événements auxquels elle renvoie.
  Paroles et musiques portent ici l’espoir de lendemains qui chantent et ont, pour la plupart, rejoint les anthologies. Les ressortir, leur donner un coup de jeune, pourquoi pas ? Cette initiative fait plaisir, comme le répertoire distribué au public, en souvenir de ces airs populaires. 
 Mais, même sympathique, le spectacle est ficelé à la va-vite et… musicalement insuffisant : nous n’avons pas été du tout convaincus!

 Mireille Davidovici

 Le Monfort Paris XV ème. jusqu’au 13 janvier. T : 01 56 08 33 88.

 

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