4, texte et mise en scène de Rodrigo Garcia

4 , texte et mise en scène de Rodrigo Garcia (en espagnol surtitré)

 

 825757-000_par8321976 Sous un titre laconique, ce qui est inhabituel chez lui, s’ouvre un album d’images, accompagné de textes de poésie énigmatiques. Rodrigo Garcia développe une pensée souvent paradoxale, mêlant sensations, souvenirs  personnels et réflexions sur la société, ses joies et ses peines.
N’a-t-il pas rebaptisé le Centre Dramatique National de Montpellier qu’il dirige depuis deux ans, Humain trop Humain, selon les mots célèbres  de Nietszche ?
« La littérature, dit-il, a toujours été pour moi un exercice solitaire, que je pratique chez moi, en cachette. Quand j’arrive dans la salle de répétitions, j’ai déjà les textes. Ensuite, je les donne aux comédiens et advienne que pourra. »
D’où un décalage constant entre textes et action. Dans les séquences, se déploie un imaginaire très particulier, à la rencontre de celui du public qui, à partir de ce qu’il voit et entend, va développer (ou pas) sa propre histoire.

  Núria Lloansi, Juan Loriente, Gonzalo et Juan Navarro, quatre coqs chaussés de tennis, accompagnés par la  Quatrième Symphonie de Beethoven transmise par un tourne-disques où s’exhibe une plante en pot, peuplent l’espace dépouillé. Il ne faut voir ici aucun cryptage numérologique : les tableaux s’enchaînent selon un  processus purement onirique. Une petite tribu d´individus, intimement reliés par un réseau de fils et de grelots, s’avance en tintinnabulant. Comme une horde s’activant à de mini-scènes : l’un joue au tennis contre un écran où s’exhibe, sexe en avant, La Naissance du monde de Gustave Courbet, l’autre,  coiffé d’une tête de renard, mène un troupeau de coqs…
  Comme en réponse aux attaques des amis des bêtes à l’encontre de ses précédents spectacles, les comédiens  sont d’une grande douceur avec les volatiles, dans une proximité entre corps humains et eux. Mais il s’avèrent moins tendres avec leurs congénères, comme dans cette scène-assez pénible-entre Núria Lloansi et une complice venue du public : chacune  enfermée  dans un sac de couchage se livre à un long et maladroit entretien sur le « doggy style ».  On comprend qu’il s’agit de la « position du chien » et la conversation prend alors un tour sexuel, accompagnée de gestes explicites…
Ce n’est pas le meilleur moment du spectacle mais on peut en apprécier de plus insolites, comme l’apparition de deux fillettes de neuf ans, Lolitas maquillées à outrance, se trémoussant sur des « stiletto ». Tandis qu’elles dégustent un sirop coloré, un samouraï leur raconte de terrifiants souvenirs d’enfance, rythmés par le dessin animé où Charlie le Coq se bat avec le Chien de basse-cour : quelle cruauté  font preuve les créatures du réalisateur américain de dessins animés Robert McKimson, dans  Looney Tunes (1946) !

 Le spectacle décline des moments ludiques, comme ce pugilat entre deux acteurs glissant sur un savon de Marseille géant, mouillé à souhait. Les végétaux trouvent aussi leur place entre animaux et humains :grâce à une caméra vidéo, on voit de petites plantes carnivores dévorer des lombrics plus grands qu’elles…
  Comme d’habitude chez Rodrigo Garcia,  une partie du public entre de plain-pied dans cet univers et accepte les fantaisies du metteur en scène, quitte à se délecter de provocations de mauvais goût, ici heureusement peu nombreuses.  Les autres spectateurs n’apprécient pas son vocabulaire cru, ses constantes allusions à la sexualité et l’aspect décousu des spectacles…
  Rodrigo Garcia présente, avec 4 , un univers plus apaisé, avec de beaux moments de poésie (images et  textes). Mais il n’a rien perdu de son mordant et lance quelques piques au monde d’aujourd’hui :  » l’univers viral de Sony », les supermarchés, l’américanisation de la société…
Pour ceux qui n’auraient pas vu le spectacle à Montpellier, ou, à l’automne dernier, au Théâtre des Amandiers à Nanterre, c’est quand même une expérience à tenter, s’il passe près de chez vous : la soirée ne dure qu’une heure et demi.

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu à Bonlieu scène nationale d’Annecy.
Maison de la Culture d’Amiens les 28 et 29 janvier. Centre Dramatique de Montpellier, les 4 et 5, et du 9 au 11 février. Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine du 16 au 18 mars. Centre Dramatique National de Haute Normandie  à  Rouen les 31 mars et 1er avril.

 

 

 

 


Archive pour 25 janvier, 2016

4, texte et mise en scène de Rodrigo Garcia

4 , texte et mise en scène de Rodrigo Garcia (en espagnol surtitré)

 

 825757-000_par8321976 Sous un titre laconique, ce qui est inhabituel chez lui, s’ouvre un album d’images, accompagné de textes de poésie énigmatiques. Rodrigo Garcia développe une pensée souvent paradoxale, mêlant sensations, souvenirs  personnels et réflexions sur la société, ses joies et ses peines.
N’a-t-il pas rebaptisé le Centre Dramatique National de Montpellier qu’il dirige depuis deux ans, Humain trop Humain, selon les mots célèbres  de Nietszche ?
« La littérature, dit-il, a toujours été pour moi un exercice solitaire, que je pratique chez moi, en cachette. Quand j’arrive dans la salle de répétitions, j’ai déjà les textes. Ensuite, je les donne aux comédiens et advienne que pourra. »
D’où un décalage constant entre textes et action. Dans les séquences, se déploie un imaginaire très particulier, à la rencontre de celui du public qui, à partir de ce qu’il voit et entend, va développer (ou pas) sa propre histoire.

  Núria Lloansi, Juan Loriente, Gonzalo et Juan Navarro, quatre coqs chaussés de tennis, accompagnés par la  Quatrième Symphonie de Beethoven transmise par un tourne-disques où s’exhibe une plante en pot, peuplent l’espace dépouillé. Il ne faut voir ici aucun cryptage numérologique : les tableaux s’enchaînent selon un  processus purement onirique. Une petite tribu d´individus, intimement reliés par un réseau de fils et de grelots, s’avance en tintinnabulant. Comme une horde s’activant à de mini-scènes : l’un joue au tennis contre un écran où s’exhibe, sexe en avant, La Naissance du monde de Gustave Courbet, l’autre,  coiffé d’une tête de renard, mène un troupeau de coqs…
  Comme en réponse aux attaques des amis des bêtes à l’encontre de ses précédents spectacles, les comédiens  sont d’une grande douceur avec les volatiles, dans une proximité entre corps humains et eux. Mais il s’avèrent moins tendres avec leurs congénères, comme dans cette scène-assez pénible-entre Núria Lloansi et une complice venue du public : chacune  enfermée  dans un sac de couchage se livre à un long et maladroit entretien sur le « doggy style ».  On comprend qu’il s’agit de la « position du chien » et la conversation prend alors un tour sexuel, accompagnée de gestes explicites…
Ce n’est pas le meilleur moment du spectacle mais on peut en apprécier de plus insolites, comme l’apparition de deux fillettes de neuf ans, Lolitas maquillées à outrance, se trémoussant sur des « stiletto ». Tandis qu’elles dégustent un sirop coloré, un samouraï leur raconte de terrifiants souvenirs d’enfance, rythmés par le dessin animé où Charlie le Coq se bat avec le Chien de basse-cour : quelle cruauté  font preuve les créatures du réalisateur américain de dessins animés Robert McKimson, dans  Looney Tunes (1946) !

 Le spectacle décline des moments ludiques, comme ce pugilat entre deux acteurs glissant sur un savon de Marseille géant, mouillé à souhait. Les végétaux trouvent aussi leur place entre animaux et humains :grâce à une caméra vidéo, on voit de petites plantes carnivores dévorer des lombrics plus grands qu’elles…
  Comme d’habitude chez Rodrigo Garcia,  une partie du public entre de plain-pied dans cet univers et accepte les fantaisies du metteur en scène, quitte à se délecter de provocations de mauvais goût, ici heureusement peu nombreuses.  Les autres spectateurs n’apprécient pas son vocabulaire cru, ses constantes allusions à la sexualité et l’aspect décousu des spectacles…
  Rodrigo Garcia présente, avec 4 , un univers plus apaisé, avec de beaux moments de poésie (images et  textes). Mais il n’a rien perdu de son mordant et lance quelques piques au monde d’aujourd’hui :  » l’univers viral de Sony », les supermarchés, l’américanisation de la société…
Pour ceux qui n’auraient pas vu le spectacle à Montpellier, ou, à l’automne dernier, au Théâtre des Amandiers à Nanterre, c’est quand même une expérience à tenter, s’il passe près de chez vous : la soirée ne dure qu’une heure et demi.

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu à Bonlieu scène nationale d’Annecy.
Maison de la Culture d’Amiens les 28 et 29 janvier. Centre Dramatique de Montpellier, les 4 et 5, et du 9 au 11 février. Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine du 16 au 18 mars. Centre Dramatique National de Haute Normandie  à  Rouen les 31 mars et 1er avril.

 

 

 

 

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