Adieu, Emmanuel Darley
Adieu, Emmanuel Darley
Emmanuel Darley nous a quitté le 25 janvier à 52 ans! Derrière des lunettes, de petits yeux en amande pour un regard aiguisé sur le monde et les gens. Une grande sensibilité et un réel intérêt pour toutes les vies, qu’il croquait dans ses livres ou en photo, art qu’il pratiquait beaucoup en mélangeant clair et flou..
Homme de livres avant d’être auteur, d’abord libraire à Paris puis à Toulouse, il gardait une affection pour l’objet-livre. Il publia d’abord des romans, le premier en 1993 chez POL, Des petits garçons, jusqu’à son dernier Le Bonheur en 2007.
Puis il découvrit le théâtre, pour tout public et jeune public, et se passionna pour cette écriture auquel il se consacra surtout ensuite. Bien sûr, on se souviendra de son Mardi à Monoprix qui lui vaudra deux nominations aux Molières. Dans ce texte, Jean-Pierre devient Marie-Pierre, et s’occupe tous les mardis, en lui faisant ses courses, de de son vieux père qui a du mal à accepter ce fils devenu sa fille.
Avec une langue simple et émouvante, Emmanuel Darley donne une force quasi-documentaire à cette pièce, qu’avait si bien interprétée Jean-Claude Dreyfus. Dernièrement, on avait pu voir son Rouge, épopée révolutionnaire, et aussi Elvis, un polyptique qu’il mit en scène, avec Gilone Brun. Il avait aussi le projet d’être le photographe d’un théâtre, invité sur une saison.
Avide de rencontres, il donnait des ateliers d’écriture en tous lieux pour enfants, détenus ou étudiant et en faisait souvent la chronique sur les réseaux sociaux où il était très présent. Chacun de ceux qu’il rencontra, se souviendra de cet homme, un peu en retrait mais observateur d’une grande délicatesse, à l’image de son œuvre…
Julien Barsan
Les romans et pièces d’Emmanuel Darley sont édités, entre autres, chez P.O.L, Théâtre Ouvert, Badier et Actes Sud…
Julien Barsan