Les Caprices de Marianne, opéra-comique d’Henri Sauguet

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Les Caprices de Marianne, opéra-comique d’Henri Sauguet, livret de Jean-Pierre Grédy d’après la pièce éponyme d’Alfred de Musset, mise en scène d’Oriol Thomas 

 Henri Sauguet  a composé des symphonies et de la musique de chambre; il a signé aussi les musiques de plusieurs films, et a collaboré avec nombre de metteurs en scène et chorégraphes. Il a ainsi écrit de délicates partitions pour Les Forains de Roland Petit, et Les Mirages de Serge Lifar où triomphait la danseuse-étoile Yvette Chauviré.
  Grand amateur de littérature, il se laissait volontiers inspirer par des écrivains et composa un opéra d’après La Chartreuse de Parme de Stendhal (1927-1930), et un opéra-comique tiré des Caprices de Marianne d’Alfred de Musset, créé en 1954 au festival d’Aix-en-Provence.
Malgré sa beauté, accueillie sans enthousiasme, cette œuvre fut peu jouée par la suite.  
Henri Sauguet, fidèle à une certaine idée du chant lyrique, arrivait en même temps qu’une génération de compositeurs décidés eux, à bouleverser le langage musical comme Pierre Boulez, György Ligeti etc. et sans doute, fut-il perçu comme dépassé par un public d’avant-garde, et déjà trop moderne par un public traditionnel.
 Cet opéra reste cependant une merveille de sensibilité musicale dont le Capitole de Toulouse donne une version très réussie.
Deux actes, cent-vingt minutes :  il suit de près la pièce et met en évidence le langage raffiné, inventif et exigeant d’un compositeur à l’esprit si français.
Contrairement à ses prédécesseurs Richard Wagner, Tchaïkovsky ou Serge Prokofiev,  Henri Sauguet n’associe pas un même leitmotiv à chacun de ses personnages. Chez lui, les scènes possèdent chacune une couleur spécifique, tout en s’enchaînant avec aisance.
L’orchestre, restreint mais très bien utilisé, donne la couleur d’ensemble et souligne la psychologie des personnages.
Oriol Thomas a situé l’action, qui, chez  Alfred de Musset se déroulait à Naples sous François Ier, dans une Italie rêvée des années 1950/60.
Décor et costumes jouent ici sur les contrastes entre noir et blanc. «Nous nous sommes inspirés, dit-il, de la dernière période du cinéma italien en noir et blanc juste  avant l’arrivée de la couleur qui correspond à celle de la création de cet opéra. »
Les personnages principaux possèdent tous des caractéristiques romantiques : Marianne (une soprano) est une jeune femme pleine d’ardeur de vivre, Octave (un baryton)  un noceur à l’esprit chevaleresque, Coelio (un ténor) un amoureux qui choisit la mort, faute d’amour. Enfin, il y a aussi  la Duègne, (une basse profonde) qui est ici chantée par Julien Bréan, en travesti qui apporte une note d’humour à cette œuvre tragique.

La distribution, avec de belles voix, avec entre autres: Aurélie Fargues (Marianne)  Julie Robard-Gendre (Hermia), Marc Scoffoni (Octave), François Rougier (Coelio) est admirablement soutenue par l’orchestre national du Capitole dirigé avec fougue par Claude Schnitzler.
Cet opéra, coproduit par quinze théâtres  est appelé à occuper les planches pendant quelque temps. Une chance pour ceux qui n’ont pu l’applaudir ici ! Il avait  reçu, en juin 2015, le prix Claude Rostand (Meilleur spectacle lyrique en région) par le Syndicat de la critique.

 Sonia Schoonejans

 Spectacle vu au Capitole de Toulouse, le 31 janvier. En tournée en France.

 

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