Double Vision

double_vision_1Double Vision, solo de Carolyn Carlson, associée à Electronic Shadow

Dans le cadre d’une riche programmation consacrée à Carolyn Carlson, le public a découvert un solo,  avec une remarquable scénographie de Naziha Mestaoui et Yacine Aït Kaci (Electronic Shadow). Double vision en effet : un miroir suspendu aux cintres en fond de scène réfléchit les mouvements au sol, et les images  projetées interférent avec le jeu de Carolyn Carlson.
Le corps dansant devient ainsi un corps-paysage, et sa robe à traîne occupe alors la presque totalité du plateau. Manipulés par des régisseurs invisibles et gonflés par des souffleries, les volants ondulent et décuplent l’amplitude des gestes.
Les projections créent des images mouvantes : la neige tombe et recouvre peu à peu la danseuse et des colonies de fourmis rouges traversent le plateau ! Avec  une  musique originale  de Nicolas de Zorzi  qui donne un caractère onirique à ces visions.
Dans la deuxième partie, la vidéo se concentre sur des châssis  rectangulaires en tissu descendant des cintres, et un curieux personnage, vêtu de pied en cap d’une combinaison noire, s’anime devant ce dispositif. Mais, trop nombreuses, les images brouillent parfois notre perception.
  Après une heure de spectacle, Carolyn Carlson interprète le final dans le même espace  mais un costume de Chrystel Zingiro remplace sa robe à traîne. Le public de fidèles est conquis.

Jean Couturier

Théâtre National de Chaillot du 10 au 12 février et Pneuma sera aussi dansé avec le Ballet de l’Opéra National de Bordeaux du 17 au 20 février.

       


Archive pour 20 février, 2016

Il était une fois Germaine Tillion

Il était une fois Germaine Tillion, d’après Il était une fois l’ethnographie et Les ennemis complémentaires de Germaine Tillion, mise en scène de Xavier Marchand, scénographie de Michel Jacquelin

L_ethnographie-e345e Germaine Tillion, morte centenaire,  a mené un combat permanent contre le racisme, «peur devenue folle et c’est ce qu’il faut éviter à tout prix si l’on veut que  l’humanité survive ! » écrivait-elle dans La Traversée du mal, magnifique témoignage de ses luttes qui vient d’être réédité aux éditions Arléa du Seuil, parmi une douzaine d’autres textes passionnants. Et dont ce spectacle  s’inspire largement.
Une Opérette à Ravensbrück montée par Frédéric Fachena et Laurent Vernaud, et des lectures de ses textes Ravensbrück, Il était une fois l’ethnographie et Le Harem et les cousins, restent pour nous des souvenirs très prégnants.
Sur le plateau, quatre comédiennes : Manon Allouch, Pauline Dubreuil, Camille Grandville, Myriam Sokoloff  accompagnées de Pascal Omhovère. On est d’abord en Algérie et des femmes, assises autour d’une grande table basse, compulsent des documents. Projetée, une grande carte des Aurès, des villes comme Bou-Saada, Biskra, et surtout Aris d’où Germaine Tillion partit en 1934  pour arriver, après quatorze heures de cheval, dans un village dont elle sut partager la vie pendant des années pour apporter un témoignage ethnologique capital.
Une ouverture joyeuse pour surmonter d’énormes difficultés: la vie quotidienne, les langues, etc. : « J’ai eu de vraies conversations, tout de suite, mais avec l’aide de traducteurs dont je pouvais contrôler la fidélité (…) Il y a des régions où la langue change d’une vallée à l’autre.»

 On accompagne dans cette épopée Germaine Tillion qui, avec son mulet lourdement chargé, parvient rapidement à se faire adopter dans une région de nomades où personne ne comprend un mot de français. Sa quatrième mission dans les Aurès est interrompue par la guerre en juin 40,  et elle doit regagner Paris.
La deuxième partie se déroule d’abord à Ravensbrück où, dénoncée par un prêtre, elle  avait été déportée pour avoir monté un réseau de résistance  au Musée de l’Homme. Elle continue de se comporter en ethnologue et, grâce à la solidarité de ses compagnes, écrit son opérette, cachée au fond d’une caisse, survit aux maladies, mais a la profonde douleur de perdre sa mère déportée elle aussi, et de nombreuses compagnes.

  Puis, on retrouve Germaine Tillion à Alger, où elle  aide à combattre le terrorisme, grâce à ses liens avec des résistants algériens emprisonnés qui seront libérés après des engagements mutuels respectés.
« Vouloir monter un spectacle autour de la figure de Germaine Tillion relève sans doute d’une gageure puisque ses écrits (hormis son opérette) n’ont aucune structure dramatique. Mais j’ai souvent travaillé sur des matériaux de ce type, toujours guidé par la forme d’oralité que certains auteurs donnent à leurs textes.(…). Ses champs d’analyse s’étendent sur des domaines et des périodes proches, à savoir : l’ethnologie appliquée à des populations musulmanes durant l’époque coloniale, la structure et la fonction du camp de Ravensbrück, et la guerre d’Algérie. Quel que soit le sujet traité, elle procède avec le même souci de discernement, de précision, d’attention à l’Autre”, dit Xavier Marchand qui a bien su mettre en lumière le destin de cette femme exceptionnelle, dans une scénographie dépouillée : une table, de tabourets et quelques projections…
Ce spectacle rend bien ce que Tsvetan  Todorov dit de Germaine Tillion: “Elle nous initie aussi à un usage bien particulier de la mémoire. Elle évite la tentation de sacraliser le passé, c’est-à-dire de maintenir l’événement qu’elle a connu dans un isolement splendide, de le considérer comme incomparable avec ce qui s’est passé ailleurs ou depuis, de percevoir comme un sacrilège toute mise en relation entre lui et le reste du monde. Le passé est appelé à servir, non à être cultivé pour lui-même.“

Edith Rappoport

 

Studio Casanova-Théâtre des Quartiers d’Ivry-sur-Seine, à 19 h jusqu’au dimanche 21 février à 16 h. T : 01 43 90 11 11 .

www.lanicolacheur.com

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