Festival Concordan(s)e 2016
Festival Concordan(s)e 2016
Quand un(e) écrivain(e) et un(e) chorégraphe se rencontrent pour fabriquer un spectacle, où chacun(e) va mettre l’autre au défi, que se passe-t-il ? Feront-ils bon ménage ? C’est le pari de marier, pour la scène, texte et danse, que Jean-François Munnier a fait et avec succès depuis dix ans. (Voir Le Théâtre du blog avril 2014).
Au bilan de ce festival, cinquante duos, dans plus de quatre-vingt-huit lieux, majoritairement franciliens: théâtres mais aussi bibliothèques, librairies, centres d’art, écoles, universités… Et ces petits formats tout-terrain peuvent aussi s’exporter. Actions en milieu scolaire, ateliers d’écriture, et lectures des textes accompagnent les projets.
Pour former ces couples, le festival s’est doté d’un comité de lecture: «le salon des indiscrets» qui, à partir de l’univers d’un(e) chorégraphe, cherche l’écrivain(e) qui aurait des points de concordance avec elle ou lui.
Une fois choisis, après plusieurs rendez-vous et plusieurs semaines de répétitions intensives, les créateurs se retrouvent pour jouer leur œuvre commune, soit une demi-heure élaborée à quatre bras et jambes, sur un espace de six mètres sur six.
« On écrit ensemble, on danse ensemble, dit la chorégraphe Raphaëlle Delaunay.» «Tu as débloqué quelque chose dans mon écriture, réplique l’auteur Sylvain Prudhomme. On est obligé d’aller plus loin, plus vite, de ne pas rester dans sa zone de confort. On découvre son corps, c’est un apprentissage.» À les entendre, leur union sera féconde, d’autant que le thème de leur travail commun est la rencontre amoureuse.
Pour fêter son anniversaire, Concordan(s)e propose cette année trois pièces inédites* : It’s a match de Raphaëlle Delaunay et Sylvain Prudhomme ; L’Architecture du hasard du chorégraphe Gilles Verièpe et Ingrid Thobois ; Zéro, un, trois, cinq, des chorégraphes Edmond Russo et Shlomi Tyuzer et de l’écrivain de l’auteur Bertrand Schefer. Et des reprises, dont L’Hippocampe mais l’hipoccampe* que nous avons appréciée, en 2014, à la Maison de la poésie, et où Céline Loyer qu’on a pu voir danser sous la direction de Catherine Diverrès ou Josef Nadj, s’est associée à Violaine Schwartz, romancière et comédienne.
Elles se livrent à des exercices de mémoire, des échauffements où les mots se frictionnent avec les mouvements des corps. Quand la danse prend le dessus, les mots interfèrent à mesure que les souvenirs de cette traversée commune se brouillent, tapis dans l’hippocampe, à la fois lieu de la mémoire et petit cheval sous-marin et espiègle. Il nous a semblé que là, la recette était réussie.
Pour garder trace de ces unions éphémères, un livre de l’éditeur l’œil d’or rassemble relations et livrets de ces expériences. Comme en témoigne, par exemple, Fabrice Melquiot, auteur, en binôme avec Jean-Baptiste André : «Écrire pour l’espace, une forme ouverte déprise de la narration, un puzzle poétique flottant (…) Écrire du muscle, directement, du muscle et du mouvement (…) Écrire du désir. Écrire du lien (…). »
Mireille Davidovici
Un événement par jour: du 10 mars au 15 avril, dont L’Hippocampe mais l’hipoccampe au Carreau du Temple, à Paris le 17 mars, et *l’intégrale de ces trois créations à la Maison de la poésie, à Paris, le 12 avril.
Programme détaillé : www.concordanse.com