Valère Novarina à Bonlieu/Scène nationale d’Annecy

Valère Novarina à Bonlieu/Scène nationale d’Annecy

 Valere

Poésie dramatique et peinture, Valère Novarina allie ces formes d’expression dans ses propres mises en scène où l’univers plastique renvoie à son écriture. Deux versants de son talent que la Scène nationale d’Annecy offre au public. Juste retour des choses : le théâtre a été construit, il y a trente-cinq ans, par son père, l’architecte Maurice Novarina.
Valère Novarina, enfant de la Haute-Savoie, est ici célébré comme tel, avec présentation de sa peinture dans un atelier ouvert à tous, quatre spectacles, un banquet et, tout au long de la semaine, des travaux d’élèves réalisés à partir de ses écrits. Une plongée dans son univers singulier et hypotonique.

« J’écris par les oreilles », la première phrase de son premier texte, annonce que, chez lui, l’écriture est sonore: « La parole n’exprime rien elle délivre. » À le lire et à l’entendre joué, le langage se donne comme une matière sans signification, qui reçoit sa force d’être émis dans l’espace-temps du théâtre par le souffle de l’acteur. Quand Samuel Beckett évolue vers l’exténuation du langage, Valère Novarina procède à son épuisement par excès et par accumulation. Interpellations, proférations, invectives, interrogations, monologues ou faux dialogues, figures rhétoriques, aphorismes et autres expressions populaires, jeux de mots et associations d’idées, se succèdent dans une joyeuse sarabande verbale. Les niveaux de langue se percutent, du savant au vulgaire, avec effets comiques assurés ! De même, ses emprunts au grec, au latin, aux parlers locaux, souvent savoyards, apportent un mélange de saveurs.  

Du « parlécrit », selon  Michel Corvin, qui lui a consacré plusieurs ouvrages dont Marchons ensemble, Novarina ! / Vade mecum,  où des mots-clefs étayés par des extraits de textes, nous donnent accès à l’univers novarinien.   Maniant les concepts avec pertinence, il a écrit un livre qui s’est bâti en dialogue avec l’écrivain. «Il ne s’agit pas seulement de plonger le spectateur-lecteur dans un bain d’oralité, analyse-t-il, mais de le rendre témoin d’une pensée en train de prendre-comme la glace-à l’instant même où elle se transforme en mots. D’où des hésitations, des redondances, des tautologies, des interruptions, des suspensions, des chevauchements, des ratages qui ne sont pas des jeux pour faire semblant d’improviser une parole vivante au lieu d’écrire, mais des traces matérielles quasi-charnelles d’écriture où le corps de l’écrivain-parleur est tout aussi engagé que l’écrivain-scripteur. Valère Novarina fonce dans l’écriture, sans revenir en arrière.» Ainsi, selon l’éminent universitaire, l’auteur comme personnage de l’Infini Romancier dans L’Opérette imaginaire, n’en finit pas d’épuiser la langue jusqu’à l’asphyxie de ses interprètes et de ses spectateurs. »
Récemment disparu (voir Théâtre du Blog), Michel Corvin aurait dû donner une conférence lors de ces journées programmées en concertation avec Valère Novarina : ils s’étaient liés d’une amitié complice. 

 Le Vivier des noms, mise en scène et en peinture par Valère Novarina

le-vivier-des-noms-bonlieu-193-1Créée au dernier festival d’Avignon  (voir Le Théâtre du blog et photo-ci contre) cette pièce  délivre une fois de plus ce précepte par la bouche d’un de ses interprètes : « L’acteur creuse l’homme. Le premier sacrifié c’est le personnage, le deuxième sacrifié c’est l’acteur et le troisième c’est le spectateur ».
Les huit comédiens jouent, avec autant de sérieux que d’humour, une partition structurée comme un rêve ; tous exceptionnels, chacun dans son style, en particulier Nicolas Struve, Agnès Sourdillon, Valérie Vinci et Manuel Le Lièvre. Il suffit de se laisser entraîner par eux, quitte parfois à suffoquer dans cet espace sursaturé de mots déversés en flots ininterrompus qui demande un attention soutenue : faute de s’accrocher, on risque de couler !
Heureusement, le décor, par sa sobriété, apporte une aération salvatrice. De grands carrés blancs où courent des lignes rouges et noires, plus ou moins figuratives, servent de murs, de paravents et, manipulés par les acteurs,  délimitent les différentes séquences.
 Escamotés, ils font apparaître des trouées noires au sol, à la mesure du vertige verbal. Quelques chansons, composées et jouées par l’accordéoniste Christian Paccoud, revêtent d’une ambiance festive des paroles joyeusement pessimistes:  «L’homme n’est pas bon ! Non ! Non Non… » et tiennent en échec l’obsédante présence de la mort.

 

Pour Louis  de Funès par Jean-Quentin Chatelain

Il faut à Valère Novarina des acteurs de haut vol pour faire vivre ses paroles, à l’instar de Louis de Funès qu’il érige en parangon dans cet écrit théorique à forte teneur poétique. Jean-Quentin Chatelain est de ceux-là, qu’on a pu récemment applaudir dans Bourlinguer d’après Blaise Cendrars  (voir Théâtre du Blog).
Ici, texte en main, il s’empare avec puissance de ce monologue à la gloire des acteurs, des vrais, dont la démesure touche au démoniaque. De ceux qui ne font pas semblant : «Loin d’ici, écrabouilleurs de syllabes, arlequins en bois, pantins stylés, colibris nationaux, confuseurs de voyelles, faux rythmiques (…) ».
En 1985, Valère Novarina, encore peu joué, déverse probablement ici une part de sa frustration, et s’en prend aux metteurs en scène de l’époque et à leurs dramaturges : «Loin d’ici metteurs en choses, metteur en ordre, adaptateurs tout-à-la scène (…) artistes auto-déclarés, médiaturges, médiagogues… »
 Louis de Funès qui, dans Oscar, avait séduit Valère Novarina encore enfant, est un prétexte pour, au-delà de la polémique et d’un exercice d’admiration, définir l’acteur idéal qui doit se vider pour rendre la parole audible : «Tout acteur qui entre, c’est un qui veut quitter l’homme, un qui passe devant tous pour y détruire ses chairs, ses verbes, ses corps et ses esprits (…) N’entre en scène que détruit soixante-six fois ! Recommence tout ça dans le vide ! Tout ce que tu fais, fais le avec du vide autour. (…) Tu m’entends ? Rejoue tout ça par le trou qui chute ! »
Lors de cette mise en espace, qu’il espère bien un jour transformer en spectacle, Jean-Quentin Châtelain épouse, de sa puissance massive, la verve de l’écrivain.
Avec quelques gestes, au bord de la scène, il esquisse des mouvements que lui transmet l’écriture et profère, non sans humour, invectives et conseils.  Si, comme le dit Valère Novarina : «Le théâtre, c’est capturer les hommes pendant deux heures », il parvient à nous captiver, sans véritable mise en scène, par la seule force du texte qui prend chair en son «tube d’air chanté». Il est «L’acteur, aventurier intérieur, déséquilibriste, acrobate et trépasseur parfait.»

 

Homo Automaticus : Der Monolog des Adramelech  (Le Monologue d’Adramélech)


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Leopold von  Verschuer  obéit, lui, à une toute autre démarche. Acteur, traducteur, metteur en scène, présentateur littéraire, entre Vienne, Paris, Avignon, Lisbonne et Berlin, cet homme-orchestre s’attaque avec passion aux « écritures impossibles » (sic) d’auteurs contemporains.
Il collabore depuis des années avec Valère Novarina ; il a joué dans L’Origine rouge, La Scène et il était Le Déséquilibriste dans L’Acte inconnu).
  Il a traduit ce monologue à plusieurs voix  et il l’interprète ici, aussi bien en français qu’en allemand (surtitré). Ce petit îlot de paroles, enchâssé dans l’œuvre-fleuve Le Babil des classes dangereuses, devient, avec Leopold von Verschuer, une épopée clownesque.
Tout de rouge vêtu, et la moitié du visage peint de la même couleur, il transmet une parole venue d’en haut (Dieu ? Le Diable ?) qui interpelle solennellement l’homme d’ici-bas (Adam?  Adramélech ?). « Je t’ai formé du limon, ça ne te plait pas »,  lance le comédien dans un porte-voix.  Et Adramélech de balbutier des réponses, de chercher sa voie dans l’inconnu, de se heurter à différents personnages aussi incongrus que lui.

L’acteur-metteur en scène passe d’une langue à l’autre avec autant d’aisance qu’il manipule des objets : il fait monter et descendre le disque du soleil accroché dans les cintres pour figurer la création du monde en sept jours, ou boit un verre de schnaps avec le facteur nordique de Honfleur venu à ski…
Puis, trônant dans un fauteuil, il fait défiler la liste de tout ce qu’il a vécu. Une longue litanie de menus et grands événements qu’il commente, en s’adressant au public. D’une vivacité, d’une invention démoniaque, il incarne les différentes figures avec un tel naturel, qu’on ne décroche pas une seconde. Jusqu’à ce qu’il prononce ces derniers mots : « Et hop! »,  avant de disparaître dans les coulisses…

 valere-novarina-bonlieu-192-4L’Atelier éphémère de Valère Novarina

 Dans une petite salle du théâtre, il a installé de grandes toiles qu’il qualifie de « repentirs »,  et qu’il s’apprête à terminer sur place. Il raconte la genèse de sa démarche picturale : « Un jour, la main au lieu d’écrire, s’est mise à dessiner ». De dessins en séries, réalisés par « crise » sur des feuilles de 21 x 29,7 cm. , il passe au format 2 x 2 m. , et aux pinceaux, pour composer «des peintures en mouvements, en rapport avec le corps et les lieux».
Il va jusqu’à peindre directement sur les murs de la galerie À la limite, à Dijon. «De la peinture perpétuelle. Ça s’arrête, dit-il, quand j’ai un titre. »

À Annecy, les toiles accrochées n’ont pas encore de titre. Mais l’une d’elles, commencée à Nuremberg, évoque «Le Livre de Daniel avec les trois Hébreux dans la fournaise. » Il résume son art dans Pendant la matière: « Dessiner par accès, chanter par poussée, écrire dans le temps, pratiquer le dessin comme une écriture publique, peindre sans fin, chanter des hiéroglyphes, des figures humaines réduites à quelques syllabes et traits, dresser la liste de tous les noms, parler latin, appeler 2587 personnages parlants, traverser toutes les formes. »

 

Dîner avec Valère Novarina

   A la centaine de convives attablés dans le hall du théâtre, il a été donné à entendre, autant qu’à manger. Valère Novarina a souvent mis en scène des agapes. «Depuis 1994, dit-il, dans toutes mes pièces, il y a un repas. » L’idée lui en est venu en assistant à un spectacle en Indonésie où le visage des acteurs, lors d’un repas, lui évoqua la Cène. « Dans Le Vivier des noms, il y a deux repas, un repas déglingué, et un repas séraphique.»
Puisant dans ce réservoir sémantique sans fond, quatre-vingt-dix lycéens, cérémonieux dans leurs costumes rouges et noirs, nous ont accueilli et servi des textes qui parlent de nourriture. Avec de courts extraits sonnant comme autant de maximes : «Mange, mâche, mastique, cannibale. »  «Ouvrons le monde avec nos dents. »  « Manger et mâcher le texte en se lançant en chute libre… »
Et « C’que j’aime le mieux, c’est ma sœur, et manger son cœur », entonnent, en chœur, les enfants, reprenant une chanson de L’Opérette imaginaire.
 La Compagnie des gens d’ici a rassemblé quatre classes de l’agglomération d’Annecy et, à raison de douze heures d’atelier pour chacune, a réalisé un petit miracle théâtral. D’autant que ces élèves n’étaient, pour la plupart, jamais monté sur les planches, et n’avaient encore moins pratiqué ce genre de littérature dramatique… Un montage et une mise en scène rigoureux nous ont fait goûter avec justesse des bribes d’un univers littéraire complexe.

 Avant le dessert, une distribution de petits cailloux fut une belle réponse au texte de Valère Novarina figurant sur le menu, extrait du Débat avec l’espace : « Les mots sont comme des cailloux, les fragments d’un minerai qu’il faut casser pour libérer leur respiration ; tout un livre peut provenir d’un seul mot brisé.»
Intimidé, il a pris la parole : «C’est la première fois que je mange avec cent trente personnes. » « Ce qui m’étonne toujours au théâtre, dit-il, ce ne sont pas les huit qui parlent mais les quatre-cents qui se taisent! »

 Le Discours aux animaux

André Marcon présenta ce monologue en 1986 au festival d’automne à Paris, puis l’année suivante, au festival d’Avignon. Ce fut, après Le Drame de la vie, que mit aussi en scène Valère Novarina en 1986, le spectacle qui contribua à le faire connaître au grand public. À l’issue de cette semaine, on aura ainsi parcouru trente ans de carrière de l’un des plus brillants poètes dramatiques vivants.
Le public, d’abord réservé, s’apprivoisa. Le travail d’action culturelle mené dans les établissements scolaires et au Conservatoire d’Annecy lui a sans doute ouvert l’accès à une œuvre parfois difficile, et a semé des petits cailloux pour inciter les spectateurs à poursuivre leur exploration…

 Mireille Davidovici

Cette semaine a été proposée par Bonlieu/Scène nationale d’Annecy du 2 au 7 mars.

Le Vivier des noms : au Théâtre de l’Union/Centre Dramatique national CDN du Limousin, à Limoges, les 8 et 9 mars ;  Equinoxe-Scène Nationale de Chateauroux les 17 et 18 mars ;  Théâtre Forum Meyrin à Genève les 22 et 23 mars.
 À voir aussi :  L’Acte inconnu  en mai  à la Maison des Métallos.

Marchons ensemble, Novarina! /Vade mecum, de Michel Corvin, Éditions Les Solitaires Intempestifs, 2012. Michel Corvin,  La place du temps dans le théâtre de Valère Novarina. Un double régime de réception, article de in Valère Novarina, sous la direction de Laure Née. Éditions Classiques Garnier, collection « Écrivains francophones d’aujourd’hui », 2015.

 Pour Louis de Funès, in Le Théâtre des paroles, P.O.L.,1989. Le Monologue d’Adramélech, in Le Babil des classes dangereuses, Christian Bourgois, 1978,  et dans Théâtre P.O.L,1989. Le Vivier des noms, P.O.L., 2015.


Archive pour 8 mars, 2016

What if they went to moscow ? (Et si elles y allaient, à Moscou?)

What if they went to moscow ? (Et si elles y allaient, à Moscou?) d’après Les Trois Sœurs d’Anton Tchekhov, un spectacle de Christiane Jatahy

  WHAT-IF-THEY-WENT-TO-MOSCOW--_3126181453919099287__3 En 2014, Christiane Jatahy réalisait une adaptation contemporaine de la célèbre pièce : «J’ai choisi Les Trois Sœurs (…..) parce que me pencher sur la notion de changement  et m’interroger sur la possibilité de penser l’utopie aujourd’hui  m’intéressait». Le spectacle a reçu le prix Premio Shell de Teatro (Rio) pour la meilleure mise en scène 2015,  et Stella Rabello, le prix de la meilleure interprétation.
Le Théâtre de la Colline à Paris propose dans une même soirée, simultanément et dans des salles différentes, une représentation théâtrale et un film. Pastille bleue ou orange sur le billet d’entrée ? Selon la couleur indiquée,  on  commence  par le film ou la pièce.
La transposition d’une œuvre dramatique au cinéma? un procédé guère nouveau, et on  a fait souvent franchir le pas entre les deux espaces artistiques à des textes classiques, ou contemporains (comme  Cuisine et dépendances d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri).

 Ici, la metteuse en scène mais aussi dramaturge, cinéaste et actrice, ouvre une voie singulière à cette relation esthétique. «Ma recherche, dit-elle, est liée à un dispositif qui met en relation théâtre et cinéma. Depuis très longtemps, je suis à la recherche du lien entre ces deux langages, entre l’acteur et le personnage, entre la réalité et la fiction ».
Dans la pièce ainsi transformée, on retrouve les thèmes chers à Anton Tchekhov: le temps, le passage d’un monde ancien au monde nouveau, le rêve, l’illusion, le désir, l’émigration, la liberté, la mort… Mais dans un univers dramatique un peu éloigné du sien, et pas uniquement, à cause de cette adaptation en termes contemporains.

La dramaturge a réduit à quatre le nombre des personnages : Olga, Irina, et Macha devenue Mari et Verchinine qui lui, tient  une des trois caméras «comme une extension de son propre corps ».
Très intéressante ici la façon dont le public (qu’il le veuille ou non) prend part à l’existence organique, charnelle de cette mise en scène et de ce film proposés simultanément à chaque représentation. Loin des formes de théâtre interactives habituelles, devenues bien souvent convenues et  dénuées de toute force dramaturgique.
  Exercice de style certes mais aussi performance. «Il y a, dit Christiane Jatahy, un défi dans ce projet : la pièce doit suffire à raconter cette histoire, et le film, en parallèle, doit la prendre en charge avec son propre langage ».
Deux arts juxtaposés mais ici, grâce au dispositif mis en place, nous assistons à un unique spectacle. Formidable pari lancé par cette metteuse en scène/chef d’orchestre, dont l’obsession poétique participe d’un subtil équilibre entre réel et fiction.
Autre point captivant à découvrir : comment observons-nous le fonctionnement de la boîte de Pandore, ouverte lors de la représentation, et fermée pendant la projection du film. Pour Christiane Jatahy, nous participons à un travail en cours: «Il y a une possibilité de renouvellement de l’œil du spectateur qui est de nouveau actif, collaboratif, plus intéressant et intéressé; je ne veux pas faire du théâtre à voir, mais plutôt établir une communication avec le public ».
Merveilleuses et d’une rare sincérité, Julia Bernat (Irina), Stella Rabelo (Maria) et Isabel Teixeira (Olga) expriment chacune,  dans un jeu très physique, les différents stades du changement. Ainsi Olga, la plus âgée, ne croit plus qu’il soit facile de changer,  et son passé est plus important pour elle que des projets d’avenir. 
Ce thème du changement, dit la metteuse en scène, est «le focus de mon adaptationet intervient dans leur relation entre elles et la manière dont cette relation les mobilise émotionnellement mais aussi les paralyse. »
 A partir de l’intime et de la jeunesse, ce spectacle-performance laisse entendre les bouleversements de la société occidentale contemporaine. Il était déjà question dans Les Trois Sœurs d’une jeunesse en perte d’idéal, sans avenir. Mais précise Stéphane Braunschweig qui mit en scène  la pièce  en 2006, dans un contexte socio-politique différent : «Anton Tchekhov a, en fait, écrit une pièce sur la jeunesse : une jeunesse qui se perçoit sans avenir et échouée dans un monde trop vieux (…).
Les Trois Sœurs ne parlent pas de ce monde-ci, puisque le monde, que les trois Parques d’Anton Tchekhov voyaient obscurément venir, était plutôt celui que nous voyons aujourd’hui s’éloigner, mais leur angoisse et leur sentiment d’impuissance nous parlent beaucoup, et leur dépression d’avant l’ère des antidépresseurs, devrait servir à ce que nous ne nous installions pas dans la nôtre. ».
Cette mise en spectacle à la fois théâtrale et filmique de la pièce se reçoit comme une musique tour à tour violente et mélancolique, sur laquelle Christiane Jatahy invite le public à danser, mais aussi, d’une certaine manière, à diriger.

 A chacun d’apprécier ce spectacle peu ordinaire, tragique et poétique à la fois.

 Elisabeth Naud

La Colline-Théâtre national 15 rue Malte-Brun Paris 20 ème. T: 01 44 62 52 52, jusqu’au 12 mars. Tournée en France et en Europe.

 

 

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