Fukushima cinq ans après
Fukushima, cinq ans après.
Plusieurs collectifs se sont installés, ce mois-ci, à la Parole Errante d’Armand Gatti à Montreuil pour présenter films, poèmes, installations plastiques, musiques, débats politiques, artisanat et peintures. Le 11 mars, Bruno Boussagol, grand explorateur de Tchernobyl, avait invité ses amis japonais, pour commémorer les désastres de Fukushima…
À l’entrée, une Installation pour cent visages en suspension d’Alexandra Fontaine: soit six masques terreux environnés de messages en japonais, au-dessus d’un amas de pierres funéraires. La sculpteuse, qui a vécu au Japon, délivre ici un message d’une grande force poétique.
Il y a aussi une importante exposition d’œuvres plastiques autour d’Armand Gatti et des stands de livres. Bruno Boussagol présente la soirée avec d’abord un film : Le Canon des petites voix, de Kamanaka Hitomi, sur les désastres causés par l’explosion de la centrale nucléaire, en 2011, la vie quotidienne des habitants qui sont partis ou ceux qui restent, tentant courageusement de désamianter les terrains près des écoles, la séparation des couples, les départs et les retours, après les évacuations forcées dans un rayon de 20 à 30 km autour de la centrale, selon le taux de contamination au césium. Mais aucune aide n’est prévue; les familles, informées des risques pour les enfants, ont dû partir ou vivre là, avec une angoisse quotidienne.
Dans un temple bouddhique abritant un jardin d’enfants, la vie tourne autour des gestes à accomplir pour éviter l’exposition interne et externe, contrôler chaque aliment, traquer les radiations dans l’air et le sol, dosimètre et pelle à la main. Les mères se partagent les cartons de légumes qui arrivent au temple de tous les coins du Japon, cuisinent ensemble, organisent des vacances pour les enfants, mais se sentent trahies par les autorités.
L’avenir de Fukushima peut pourtant se lire dans celui de Tchernobyl, il y a vingt-cinq ans déjà, avec nombre de cancers de la thyroïde apparaissant chez enfants et adolescents, dix à quinze ans plus tard, et ceux des adultes continuant à progresser…
Ensuite Gérard Bournet a présenté Franckushima, un essai graphique. Comment appréhender l’univers de la radioactivité dont le propre est d’être invisible, inodore, sans goût ni saveur ? Cinq ans après Fukushima, la liquidation du désastre a, du moins en grande partie, permis sa banalisation et son oubli généralisé. À travers une démarche documentaire et graphique, l’auteur veut faire de ce livre, une « caisse de résonance sur les catastrophes nucléaires ». Pour mieux nous préparer, dit-il, à celle qui nous guette en France!
Et Bruno Boussgol parla aussi de Tchernobyl, le nuage sans fin, une bande dessinée réalisée par Ming avec l’Association française des malades de la thyroïde.
Edith Rappoport
D’autres soirées sont prévues, dans le cadre de Nous la forêt qui brûle, Maison de l’Arbre de Montreuil
9 rue François Debergue 93100 Montreuil jusqu’au 31 mars
http://paroledemain.jmdo.com, : laparoledemain@gmail.com