Les gens d’Oz de Yana Borrisova

Les Gens d’Oz de Yana Borrisova, traduction du bulgare de Galin Stoev et Sacha Carlson, mise en scène de Galin Stoev 02-23oz267Le sous-titre de la pièce: Plusieurs entretiens dont on peut modifier le goût, le désir ou l’humeur du lecteur donne une idée de ce curieux texte, fondé sur une  conversation sans cesse reprise entre gens d’âge différent.
D
ans un espace nu, avec un mur recourbé comme la toile de fond d’un studio photo, avec au-dessus, un écran qui accueillera ensuite une sorte de paysage vidéo mouvant.
Il y a juste une chaise, deux très gros canapés/boudins/polochons où les plus jeunes des personnages aimeront se jeter. A jardin, une porte avec barre de sécurité comme dans les lieux accueillant du public et, à cour, une autre porte avec, à côté, avec machine  à écrire posée sur une petite table.
Cela commence plutôt bien. Erwin (Tristan Schotte), jeune homme émouvant par son indécision, a été invité à dîner chez Mia qu’il décrit comme très séduisante. Son ami,  Sart (Vincent Minne) voudrait bien l’accompagner, et on sent qu’il aurait peu de scrupule à ne faire qu’une bouchée de la jeune femme.
Il y a aussi une certaine Anna, écrivain, la cinquantaine (Bérangère Bonvoisin), qui vit dans un grand appartement où elle a recueilli Truman, un pianiste désargenté en proie à un certaine tristesse (Yoann Blanc). Anna n’a fait publier en réalité aucun livre depuis une dizaine d’années. Puis apparait cette Mia, en effet très belle et attirante qui travaille dans l’édition (Edwige Bally) et à laquelle Erwin n’est pas insensible.
   Dénominateur commun à ces cinq personnages: l’immeuble où vivent Anna et Truman qui les fascine tous: « Moi, dit Mia, je ne suis jamais passée par cette rue. Elle est comme sortie d’un film. Non plutôt d’un livre ».  Truman  lui répond simplement: “Cette maison a du caractère: si tu ne lui plais pas, elle te chasse… » Erwin finira par y trouver un appartement et Mia y viendra aussi de plus en plus souvent. Dans cette pièce écrite en courtes séquences, presque cinématographiques, les personnages qui  font parfois penser à ceux des  films d’Eric Rohmer, parlent avec finesse de musique, d’arts, mais aussi bien sûr, de sentiments amoureux, et la deuxième partie des Gens d’Oz tournera plutôt autour de Mia. Tout de suite crédibles comme si nous avions affaire à des gens de notre immeuble, ils nous deviennent de plus en plus familiers.
Et cela fait, au début du moins, l’intérêt de cette pièce que Yana Borrisova aurait quand même eu le plus grand intérêt à élaguer. Interprétée avec nuances, et correctement mise en scène par Galin Stoev (on l’a connu quand même plus inspiré), le texte a quelque chose d’authentique mais est trop long! La dramaturge
semble avoir un problème de format: sur une heure quarante, ses dialogues, parfois assez stéréotypés, ont du mal à rester convaincants.  Et le public, sans doute lassé, a mollement applaudi…
L’ennui montre le bout de son nez et mieux vaut donc être attentif si l’on veut continuer à écouter jusqu’au bout “ces enfants-adultes ou d’adultes mal grandis qui jouent devant nous pour produire de la tendresse, comme seule façon de s’opposer à la destruction totale du monde extérieur” comme le dit Galin Stoev.

Une occasion de découvrir une auteure inconnue en France… Mais attention, danger! N’y emmenez surtout pas votre vieille cousine, ni votre amoureuse …

Philippe du Vignal

Théâtre de la Colline, Paris jusqu’au 2 avril. T: 01 44 62 52 52.    

 

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