Max Black de Heiner Goebbels

Max Black d’Heiner Goebbels, en russe, (surtitré en anglais)

IMG_0013A la différence de Paris, de nombreux théâtres moscovites sont des lieux de vie ouverts au public.Dès la fin de la matinée, une cafétéria, une librairie, un espace d’exposition et de projection, une ou deux salles de spectacle vous y accueillent, et l’on s’y donne rendez-vous comme dans un café.
L’Electrotheatre Stanislavski, inauguré en janvier 2015, après une transformation architecturale réussie à partir d’un ancien cinéma construit en 1915, occupe une place importante dans la vie culturelle moscovite. Après la Révolution, il servit d’espace de travail à Konstantin Stanislavski et propose aujourd’hui une riche programmation de théâtre contemporain et de nombreux événements artistiques.
  L’auteur et compositeur allemand Heiner Goebbels y présente, en langue russe, une pièce de théâtre musical datant de 1998. Il a gardé la scénographie d’origine, identique à celle du monologue  mis en scène aux Bouffes du Nord, en 2012, avec André Wilms (voir Le Théâtre du Blog). Un vaste espace avec, au fond, un piano et, au centre, un bureau encombré d’objets dont une  cafetière, des tubes à essais, une loupe et une lampe. Derrière le bureau, un grillage et, à cour, un vélo retourné. Au-dessus de la scène, pendent des aquariums rectangulaires vides ou emplis d’objets hétéroclites comme, entre autres, un geai naturalisé. Le tout évoquerait la salle des ventes lors de la succession d’André Breton.
Dans ce monologue entrecoupé de multiples expérimentations pyrotechniques dignes du Palais de la découverte, le comédien dit des textes de Paul Valéry, Ludwig Wittgenstein ou Max Black, philosophe et mathématicien américain. On pense à La Dernière Bande de Samuel Beckett et au Réformateur de Thomas Bernhard. Les lumières qui isolent des moments de jeu et la musique d’Heiner Goebbels, interprétée en direct, complètent brillamment cette divagation surréaliste.
Alexandre Panteleev, en blouse de vendeur de légumes, est exceptionnel, avec une présence à la fois inquiétante et sympathique; comme un parent proche un peu dément, il nous fait partager avec une réelle proximité, son laboratoire de musique et de mots. Le tout favorisé par un bon rapport scène/salle, dans un lieu de deux cents places.
Ce texte fonctionne très bien en russe, ce qui nous prouve, une fois de plus, l’universalité du langage théâtral (même si le surtitrage n’est pas toujours aisé à suivre…)  Max Black d’Heiner Goebbels a précédé de quelques jours les représentations d’une pièce de Romeo Castellucci, dans ce théâtre dont le public, plutôt jeune, est donc gâté !

Jean Couturier

Electrotheatre Stanislavski Moscou, du 15 au 17 mars.

www.electrotheatre.com

        


Archive pour 25 mars, 2016

Max Black de Heiner Goebbels

Max Black d’Heiner Goebbels, en russe, (surtitré en anglais)

IMG_0013A la différence de Paris, de nombreux théâtres moscovites sont des lieux de vie ouverts au public.Dès la fin de la matinée, une cafétéria, une librairie, un espace d’exposition et de projection, une ou deux salles de spectacle vous y accueillent, et l’on s’y donne rendez-vous comme dans un café.
L’Electrotheatre Stanislavski, inauguré en janvier 2015, après une transformation architecturale réussie à partir d’un ancien cinéma construit en 1915, occupe une place importante dans la vie culturelle moscovite. Après la Révolution, il servit d’espace de travail à Konstantin Stanislavski et propose aujourd’hui une riche programmation de théâtre contemporain et de nombreux événements artistiques.
  L’auteur et compositeur allemand Heiner Goebbels y présente, en langue russe, une pièce de théâtre musical datant de 1998. Il a gardé la scénographie d’origine, identique à celle du monologue  mis en scène aux Bouffes du Nord, en 2012, avec André Wilms (voir Le Théâtre du Blog). Un vaste espace avec, au fond, un piano et, au centre, un bureau encombré d’objets dont une  cafetière, des tubes à essais, une loupe et une lampe. Derrière le bureau, un grillage et, à cour, un vélo retourné. Au-dessus de la scène, pendent des aquariums rectangulaires vides ou emplis d’objets hétéroclites comme, entre autres, un geai naturalisé. Le tout évoquerait la salle des ventes lors de la succession d’André Breton.
Dans ce monologue entrecoupé de multiples expérimentations pyrotechniques dignes du Palais de la découverte, le comédien dit des textes de Paul Valéry, Ludwig Wittgenstein ou Max Black, philosophe et mathématicien américain. On pense à La Dernière Bande de Samuel Beckett et au Réformateur de Thomas Bernhard. Les lumières qui isolent des moments de jeu et la musique d’Heiner Goebbels, interprétée en direct, complètent brillamment cette divagation surréaliste.
Alexandre Panteleev, en blouse de vendeur de légumes, est exceptionnel, avec une présence à la fois inquiétante et sympathique; comme un parent proche un peu dément, il nous fait partager avec une réelle proximité, son laboratoire de musique et de mots. Le tout favorisé par un bon rapport scène/salle, dans un lieu de deux cents places.
Ce texte fonctionne très bien en russe, ce qui nous prouve, une fois de plus, l’universalité du langage théâtral (même si le surtitrage n’est pas toujours aisé à suivre…)  Max Black d’Heiner Goebbels a précédé de quelques jours les représentations d’une pièce de Romeo Castellucci, dans ce théâtre dont le public, plutôt jeune, est donc gâté !

Jean Couturier

Electrotheatre Stanislavski Moscou, du 15 au 17 mars.

www.electrotheatre.com

        

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