Biennale des écritures du réel à Marseille : Visages sur table

Biennale des écritures du réel à  Marseille :

 Visages sur table, création collective, mise en scène de Pierre Guéry

 imageRevisiter la Mouette ou Hamlet ? Certes. Mais  les artistes et penseurs réunis depuis quatre semaines à Marseille préfèrent affronter un autre monument : notre réel. Samedi, la Biennale des écritures du réel, organisée par le Théâtre de la Cité, a fêté en musique la fin de sa troisième édition.  Elle pouvait s’enorgueillir d’une riche programmation de rencontres, expositions, films, spectacles autour de questions fortes, plus que jamais d’actualité : ‘’Comment se regarder ? Que fabriquer ensemble ? » Pierre Guéry a choisi de les traiter de façon littérale, en scrutant les visages, tendant ainsi un miroir à ses comédiens comme aux spectateurs.
Assez iconoclaste, son parcours reste toujours lié au dialogue et à la transmission. Pour ce scrutateur de l’intime qui a d’abord enseigné la littérature, puis soutenu l’éducation populaire, les ateliers de création partagée constituent un terreau idéal où fertiliser sa poésie scénique avec la musique, la danse, la vidéo, les arts plastiques et la psychanalyse. Visages sur table qu’il proposait à la Biennale, en qualité d’artiste associé, bénéficiait de la possibilité d’acheter un billet couplé avec Curiosity (voir Le Théâtre du blog).  Ces démarches ont en commun : une création collective encadrée par un metteur en scène engagé dans les questions politiques et sociales, une valorisation de l’expérience personnelle, et des comédiens amateurs incarnant humblement une histoire souvent proche de la leur… Il s’agit bien ici d’offrir un espace de parole, de rencontrer de « vrais gens ».
Le groupe d’apprentis-comédiens encadré par Pierre Guéry enchaîne des saynètes, variations autour du visage vitrine de nos émotions sans cesse offerte impudiquement aux autres, sans que nous-mêmes puissions les voir. On a ici  la sensation d’explorer, comme dans un dictionnaire, toutes les acceptions du mot.
En ouverture, le visage passe du virtuel (des traits humains esquissés par des lettres numériques, projetés en vidéo), au concret du quotidien. On le met littéralement à table, laquelle touche presque le premier rang de spectateurs.
Ce ne sont pas les figures familiales que vont observer les convives, mais plutôt les métamorphoses du « visage de la table » dont ils décrivent les ronds de café, griffures, marques de stylo et autres traces métaphoriques du temps qui passe. Empreintes de vie tragi-comiques… Parmi les tableaux les plus réussis : une révision de soi au miroir, introspection qui tient de l’accord de paix négocié avec son faciès, une scène d’ascenseur très émouvante où une jeune femme découvre, l’espace d’un instant, sa beauté, une confession sur le masque que constitue le fond de teint.

Il y a aussi un ballet de savoureuses anecdotes : une serveuse à qui une cliente fait la remarque qu’elle a une tête peu mémorable, un homme descendant d’un train pour tenter d’approcher une inconnue, et Rose Pommier à qui l’on assène brutalement qu’elle n’a guère le physique de son patronyme…
Pertinent aussi ce passage autobiographique, avec photos dérangeantes de gueules cassées à qui, comble de la cruauté ironique, on infligeait le slogan : « sourire quand même ».
Mais on oubliera vite une scène d’insultes se clôturant sur un selfie… trop téléphoné ! Tension  palpable chez ces apprentis-comédiens: gestes parfois parasites, toux, démangeaisons, et placements un peu hésitants. Une fragilité affleure sur ce plateau nu, laboratoire de rencontres. Et ils plongent trop souvent leur visage, ici tant vanté, dans les textes qu’ils tiennent à la main. On y perd l’émotion d’un regard, les nuances des expressions faciales. Dommage!
Reste le plaisir d‘entendre des voix singulières et vulnérables…

Stéphanie Ruffier

La Biennale des écritures du réel garde la trace de certaines conférences et publications : http://www.theatrelacite.com/liste/ressources-en-ligne/

 


Archive pour 30 mars, 2016

Tristan et Isolde, «salue pour toi le monde !»

Tristan et Isolde, «salue pour toi le monde !» chorégraphie  de Joëlle Bouvier.

robeauvent-photo-gregory-batardon_5_1400_401Faire danser une histoire d’amour universelle, pilier de la culture lyrique, et  réduire à 1h25 un opéra qui dure 4h30: la chorégraphe et le Ballet du Grand Théâtre de Genève ont relevé le défi. L’ouverture surprend le public qui découvre une succession de scènes brèves, emblématiques du spectacle, dans un zapping peu convaincant.
  Un imposant escalier en colimaçon, pouvant aussi faire figure de bateau, encombre le plateau, sans diminuer l’énergie des interprètes lancés dans ce condensé d’intrigue. Les quatre solistes  dans les rôles d’Isolde, de Tristan, du roi Mark et du témoin,  dansent trios et duos en douceur, avec des  mouvements amples et des portés fluides qui contribuent à l’ harmonie de ce ballet, en particulier dans les pas-de-deux entre Tristan et Isolde, ou Tristan et  le roi Mark.
  Les costumes de Sophie Hampe apportent, par leurs motifs, une touche historique mais restent assez souples pour faciliter les gestes. Il y aussi de belles trouvailles comme cette corde qui relie les deux amants.
  Pour Joëlle Bouvier, «la difficulté était de mettre en corps cette musique». La puissance évocatrice de la musique de Richard Wagner, malgré sa beauté, écrase parfois certaines scènes. Le programme ne mentionne pas les interprètes de la partition diffusée : lacune regrettable à remédier. 
  Vu les  multiples restrictions budgétaires, il faut profiter de l’occasion car il devient de plus en plus rare de voir, à Paris, une compagnie avec vingt-deux danseurs de différentes nationalités,

Jean Couturier

Théâtre National de Chaillot jusqu’au 1er avril.

www.geneveopera.ch                 

 

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