Iolanta et Casse-Noisette de Piotr Tchaïkovski

Iolanta et Casse-Noisette de Piotr Tchaïkovski, mise en scène et scénographie de Dmitri Tcherniakov.

iolantaLe metteur en scène russe change les repères habituels de Casse-Noisette, et en fait littéralement exploser les décors, entre le premier et le deuxième tableau: une scène très réussie qui restera longtemps dans les mémoires.
 Comme à sa création, en 1892, à Saint-Pétersbourg, le ballet est présenté ici, précédé du  dernier opéra en un acte de Tchaïkovski, Iolanta. Casse-Noisette pourrait très bien illustrer, d’un point de vue clinique, la conversion hystérique de Iolanta, tout comme il expose les visions cauchemardesques de l’héroïne du ballet, Marie.
Dmitri Tcherniakov propose une scénographie remarquable : les décors s’emboîtent les uns dans les autres, tels des matriochkas et font le lien entre les deux œuvres. Iolanta, la fille du roi René, aveugle, va retrouver la vue, grâce à l’amour. L’opéra se déroule dans un salon bourgeois russe de style dix-neuvième siècle, qui, en demi-cercle, n’occupe que la partie centrale du plateau. Fermé d’un tulle, ce salon deviendra, pour le ballet, le cœur d’un appartement des années soixante.
Iolanta commence donc dans la pièce où l’on célèbre l’anniversaire de Marie. La fête s’efface avec un glissement du décor vers le fond, pour laisser place au cauchemar de Marie : éboulements, explosions et bruits de chars dans un paysage de désolation hivernale.
La séquence de la Nuit et le pas-de-deux avec Marie (Marine Ganio) et Vaudéamont (Stéphane Bullion) sont pathétiques, peuplés d’hommes et de femmes, comme rescapés du très long siège de Stalingrad (900 jours!) en 1941 par la Wermacht.
La Valse des flocons, évoquée par des projections de neige sur les trois hauts murs et le tulle de la scène,  relève de la magie, tout comme la très esthétique scène de La Forêt.
Le Divertissement, avec sa succession de danses, plonge les personnages parmi d’inquiétants jouets géants. Les deux séquences : La Valse des fleurs et les Variations autour du pas-de-deux, se déroulent dans un espace vide. Puis, le décor du premier tableau de Casse-Noisette réapparait sur les dernières notes de musique.
Les chanteurs d’Iolanta, au jeu classique, sont remarquables sur le plan vocal, tout comme la direction d’orchestre d’Alain Altinoglu. Comme les danseurs, tous très convaincants, en particulier les deux solistes et Alice Renavand  (la mère).

Mais les trois chorégraphies restent inégales : Arthur Pita transforme l’anniversaire de Marie en une danse de salon assez banale, empreinte de références à Pina Bausch ; Sidi Larbi Cherkaoui insuffle une ambiance  poétique et nostalgique à ses pas-de-deux,  à La Valses des flocons, et à la Valse des fleurs. Mais Édouard Lock déstructure sans raison les mouvements des danseurs dans la séquence de La Nuit et  dans celle du Divertissement.
Malgré ces réserves, on assiste  à quatre heures (avec deux entractes) d’un spectacle flamboyant, conquis par la découverte de cet opéra et par cette nouvelle interprétation de Casse-Noisette.

Jean Couturier

Le spectacle a été présenté à l’Opéra Garnier du  7 mars au 1er avril.

www.operadeparis.fr          

 

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