Nuit chorégraphique moderne par les danseurs du Bolshoi
Nuit chorégraphique moderne par les danseurs du Bolshoi.
Trois chorégraphes pour cette création: Hans Van Manen, qui avait conçu le solo Live au gala de Diana Vishneva, il y a quelques mois (voir Le Théâtre du Blog), a réalisé Frank Bridge Variations, avec cinq danseurs et cinq danseuses, dont l’Etoile Ekaterina Shipulina, sur une musique de Benjamin Britten.
La chorégraphie doit servir la musique, dit-il, reprenant une phrase de Georges Balanchine: «Si vous voyez la musique, vous entendez les pas». Sur un plateau nu, les danseurs en collant de couleur se déplacent en groupe, en solo ou en duo, obéissant à une géographie de l’espace très mathématique. Une réalisation parfaite mais sans réelle émotion qui est, en revanche, bien là dans Short Time Together de Sol leon et Paul Lightfoot, sur les musiques de Max Richter et Ludwig van Beethoven.
L’excellent danseur-étoile Vladislav Lantratov et ses partenaires interprètent avec perfection cette chorégraphie complexe, même si le propos n’est pas très lisible. Un homme en veste noire que l’on voit de dos, sorti de la fosse d’orchestre, rejoint une femme en robe blanche pour un pas-de-deux, auquel s’invite un autre danseur en complet gris, surgi de l’obscurité à jardin. L’image d’un vieil homme, projetée en vidéo au-dessus d’eux accompagne le trio qui disparaitra pour laisser place à une porte entourée de murs rouges réduisant de moitié le plateau. D’où sortent trois danseurs et une danseuse, tous en blanc.
Les interprètes finissent par se retrouver sur la scène, alors que, sur l’écran, un couple de vieilles personnes entame une dernière danse. Sol Leon revendique «une chorégraphie sensible sans références biographiques particulières, très inspirée par le rouge, le noir et le blanc».
Enfin, La Symphonie des Psaumes sur une musique d’Igor Stravinsky clôt la soirée en beauté. Créée par Jiri Kylian, avec les danseurs du Bolshoi en 2011 et reprise, après cinq semaines de répétitions, par son assistant Stefan Zeromski qui parle «d’une pièce très fermée qui s’ouvre au monde et au ciel».
Elle fait référence aux religions : catholique, avec des prie-Dieu qui limitent la scène et sur lesquels se perchent les danseuses. Et musulmane, avec un mur de tapis de prière dressés en fond de scène. Une curiosité… Danseuses et danseurs, en robe longue, évoluent souvent de dos ou de profil. Portés, sauts, amples gestes, parfois d’une certaine sauvagerie, témoignent des qualités physiques et techniques des artistes.
Des couples se composent et se disloquent. A la fin, tous rejoignent le rideau de tapis qui s’envole dans les cintres. La musique de Stravinsky, sous la baguette de Pavel Klinichev, et accompagnée des chœurs du Théâtre du Bolshoi, prend toute sa puissance dans cette salle historique. Émotion garantie.
Les deux pièces précédentes auraient peut-être demandé une salle plus petite. Mais on voit que les chorégraphes ont pris un réel plaisir à travailler avec cette troupe qui sert aujourd’hui parfaitement le répertoire contemporain.
Jean Couturier
Spectacle vu au Bolshoi le 28 mars ; reprise du 20 au 22 mai.
www.bolshoi.ru